Stornoway

En ce début septembre, tous nos lecteurs sont–ils bien rentrés ? A l'école, au travail, à la retraite (chanceux, vous avez probablement moins de 70 ans) ? La rédaction de Sound Of Violence est quant à elle bien de retour au poste, une partie de ses membres toujours en plein débat sur le meilleur qualificatif à adopter pour décrire le concert de The Strokes venu clôturer la dernière édition de Rock en Seine. Pendant que divers adjectifs plus ou moins fleuris fusent à la machine à café, votre chroniqueuse a trouvé de quoi apaiser sa frustration : se plonger dans le nouvel album de Stornoway, Dig The Mountain!.

Oui, vous avez bien lu, les angéliques bardes anglais sont de retour. Après nous avoir délivré trois merveilleux albums de folk enjôleuse entre 2010 et 2015, le quatuor a sagement décidé qu'il était temps pour lui de vaquer à d'autres occupations. A cette occasion, un Farewell Tour avait alors marqué son départ et sa sortie en disque en pleine pandémie de COVID-19 nous avait fortement aidés à retrouver calme et sérénité. Depuis lors, Brian Briggs (docteur en ornithologie officiant dans une réserve naturelle au Pays de Galles), Jonathan Ouin et Oli Steadman ont continué chacun leur petit bonhomme de chemin loin des studios et des scènes de concert tout en perpétuant leur amour de la musique. C'est d'ailleurs lors des confinements successifs que nous avons retrouvé Brian avec quelques sessions live comme pour renouer au travers de la musique avec ce monde alors totalement sous cloche.


Est-ce ici l'étincelle qui a ravivé la flamme de Stornoway ? Revenant en trio (ndlr : Rob Steadman s'étant installé aux Etats-Unis depuis), les musiciens ont annoncé leur retour afin de matérialiser les compositions diverses que chacun a travaillé de son côté, l'alliance de leurs talents respectifs étant le meilleur écrin pour mettre en valeur leur travail. Dans un esprit totalement libre de toutes contraintes ou pressions, Stornoway présentent ainsi leur quatrième album studio qui renoue complètement avec la majestuosité d'une indie folk toujours aussi féérique et envoûtante.
Piano, guitare acoustique, instruments à cuivre et à vent, légères percussions et surtout ces chœurs vibrant à l'unisson, tous les ingrédients d'un excellent album de Stornoway sont réunis une fois encore pour notre plus grand plaisir. Les cordes vocales de Brian n'ont fort heureusement pas souffert de son isolement dans la nature sauvage galloise, ainsi son timbre chaud résonne toujours autant et apporte aux titres ce cachet très bohème à la John Phillips des Mamas and Papas.


Pour son retour, le groupe s'est associé à d'autres musiciens folk de talent dont Sam Lee et Fyfe Dangerfield, artistes talentueux mais tout aussi discrets en France que Stornoway. Ainsi, avec toujours comme fil conducteur l'amour des grands espaces, la musique du groupe continue de refléter ce besoin d'évasion au travers d'odes lyriques (avec évidement les échos des oiseaux, compagnons fidèles de Brian Briggs) tels que Trouble With The Green, Bag In The Wind et The Fisherman. Les collaborations marchent à la perfection, les chants plus profonds de Fyfe Dangerfield et Sam Lee apportant encore plus d'intensité aux titres Anwen et The Navigator. Dig The Mountain! et Sea Legs avec leurs notes très vintage semblent sortir tout droit d'un pub de village reculé en bord de mer quand It's Not Up To You et Excelsior touchent au céleste car dotés d'une atmosphère éthérée des plus poétiques.

Vous l'aurez compris, Dig The Mountain! signe un excellent retour de Stornoway et c'est probablement parce qu'il s'est fait de façon naturelle qu'il sonne aussi juste. En espérant que ces échos magnifiques atteignent nos côtes et apportent au groupe un peu plus de reconnaissance avant qu'il ne décide à nouveau de s'éclipser discrètement.