Teenage Fanclub

Il n'aura fallu cette fois attendre qu'à peu près deux ans et demi pour que les Glaswegians de Teenage Fanclub nous offrent le successeur au très beau Endless Arcade. Il est vrai qu'entre le COVID-19, le planning immensément embouteillé du pressage des vinyles ainsi que le temps pris entre l'écriture de Here et ce dernier, la sortie de ce disque avait subi plusieurs reports pas vraiment du ressort des Ecossais. Point de mauvaise surprise logistique cette fois pour le onzième album du groupe, Nothing Lasts Forever arrivera bien dans les bacs des disquaires à la date escomptée.

Au fil des années le groupe n'a jamais dérogé à dispenser cette pop terriblement classieuse qui fait sa marque de fabrique. Nothing Lasts Forever débute avec le premier single qui en a été extrait : Foreign Land. Cette entrée en matière nous immerge une fois encore immédiatement dans l'univers si caractéristique de ce que maîtrise à la perfection Teenage Fanclub : la pop-song. Davantage Beatles que Byrds, la mélodie et l'instrumentation joyeusement calibrée de cette chanson font mouche sans complètement surprendre par rapport à ce que l'on peut attendre d'un tel groupe. Si le titre de la chanson Tired Of Being Alone semble emprunter une direction déprimante, le morceau est du Fannies pur jus avec son rythme, ses guitares étincelantes, sa basse chaloupée et ce chant calibré. On pense alors que le groupe ne va pas sortir des sentiers battus et finalement continuer simplement à distiller ses petites pépites. Et pourtant, I Left A Light On et son piano inaugural, sur lequel les autres instruments viennent ensuite se conjuguer, nous offre une perspective somme toute surprenante.

Cette thématique de la lumière, on la retrouve à plusieurs moments du disque. Après le piano, c'est le saxophone qui vient s'incruster discrètement, mais permet surtout de sublimer les autres instruments de manière assez inattendue sur See The Light (ou encore sur Back To The Light, dernier extrait en date). Si le titre de l'album peut paraître somme toute inquiétant, d'autant que Raymond McGinley et Norman Blake approchent doucement de la soixantaine, on n'a toutefois pas l'impression d'écouter le testament musical du Teenage Fanclub. Certes la mélancolie est parfois de mise comme sur Self-sedation ou encore Middle Of My Mind, mais il réside aussi un versant joyeux (sans être festif, n'exagérons rien) qui ressort sur It's Alright ou sur la faussement psychédélique Falling Into The Sun, qui équilibre parfaitement le disque. Bien entendu on ne peut ne pas citer l'irrésistiblement délicate et progressive I Love You qui met un terme au disque. Ses sept minutes font écho à Home qui ouvre Endless Arcade mais cette fois sur un tout autre tempo. Cette nouvelle petite perle vaut vraiment le détour.

Teenage Fanclub restent Teenage Fanclub, et pourtant Nothing Lasts Forever n'est pas une simple resucée de ce qu'ils ont pu sortir auparavant. Maîtrisé du début à la fin ce nouvel album est possiblement un subtil affinement de leurs derniers travaux et deviendra probablement un futur classique dans la discographie des Ecossais.