Teenage Fanclub

A cause d'une demande toujours grandissante et des repressages à tout va, l'industrie du vinyle est un peu devenue folle. En conséquence, il est de plus en plus fréquent que le planning des sorties s'en retrouve bousculé, voire chamboulé. C'est ce qui est arrivé notamment à Teenage Fanclub, lesquels ont vu plusieurs fois repoussée la sortie de leur nouveau disque, Endless Arcade. Mais cette fois, ça y est, l'album va pouvoir débarquer dans les bacs des disquaires ce 30 avril.

Au-delà d'enfin voir le jour physiquement, ce disque constitue tout de même un moment particulier dans la discographie du groupe de Glasgow, puisque c'est leur dixième et le premier sans Gerard Love, chanteur-bassiste-compositeur depuis leurs débuts, il y maintenant plus de trente ans de cela. Si nous n'étions pas spécialement inquiets avant de découvrir ce nouvel essai du groupe aux mélodies souvent imparables, nous étions plutôt curieux de découvrir si la mayonnaise allait continuer de prendre dans cette nouvelle mouture.
Eh bien, il faut avouer que le résultat est de très haute volée, et probablement même au-delà de ce que nous avions espéré. A commencer par l'époustouflant Home qui ouvre le disque. Sept minutes de pop où on sent le groupe littéralement se lâcher dans sa seconde moitié et connaitre une cohésion parfaite entre les musiciens. Un pur bonheur ! L'arrivée du gallois Euros Childs (ex-Gorky's Zygotic Mynci) aux claviers a visiblement servi à apporter une touche supplémentaire à l'élégance de ce groupe déjà terriblement classieux.

En l'absence de leur compère de songwriting, ce sont donc Norman Blake et Raymond McGinley qui ont composé chacun la moitié des douze titres de Endless arcade. Comme à leur habitude, les chansons sont subtiles et conformes à l'esprit de ce qu'on peut attendre des Fannies. Délicat sur The Sun Won't Shine On Me, lumineux sur I'm More Inclined ou encore résolument sixties sur Everything Is Falling Apart, chaque plage de l'album est minutieusement calibrée pour apporter une dose d'émotion à l'auditeur. Le fait qu'Euros Childs, en plus de l'apport d'un clavier superbement dosé, (n'ayez crainte, Teenage Fanclub ne se sont pas transformés en The Charlatans, malgré tout le respect que je porte au groupe de Tim Burgess) pose sa voix sur plusieurs compositions ne gâche en rien la qualité d'un disque qui continue de monter en intensité au fil des écoutes ; les autres étant bien entendu réservées à Norman Blake. Ces deux voix nous transportent donc à travers des mélodies gracieuses de Home jusqu'à la dernière note de Silent Song ; conclusion quasi-cinématographique d'un album de toute beauté.

Réussi de bout en bout, ce nouveau Teenage Fanclub est un grand cru. Les années passent mais les écossais continuent à se bonifier et demeurent d'irrésistibles virtuoses de la pop song à la Byrds. Mélancoliques et radieux à la fois, Endless Arcade n'a pas fini d'illuminer notre printemps 2021.