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Steven Wilson

The Harmony Codex

Steven Wilson - The Harmony Codex
Chronique Album
Date de sortie : 29.09.2023
Label : Virgin Music
4
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 26 septembre 2023
Paris, un 10 juillet. La toute première vague de chaleur écrase la capitale et c'est sous un moite 30 degrés qu'une poignée de journalistes se rend aux portes d'un petit studio d'enregistrement près de la gare de l'Est. Passé l'entrée discrète, la climatisation des lieux nous soulage un peu et nous sommes alors aimablement invités à nous rafraichir en attendant de pénétrer dans une des petites cabines de travail. Quel est donc l'objet de cette réunion pour laquelle les invités ont été triés sur le volet ? La réponse surgit alors, un grand sourire aux lèvres, en toute simplicité et comme à l'accoutumée, pieds nus. Nous accueillant chaleureusement comme s'il s'agissait d'une réunion de copains de classe, Steven Wilson nous fait pénétrer avec enthousiasme dans un petit studio équipé de la technologie Dolby Atmos pour nous plonger en exclusivité dans son nouvel album à paraitre, The Harmony Codex.

Pour ce septième disque solo, c'est toujours avec une joie non feinte que Steven Wilson prend activement part à la promotion des ses œuvres. Alors que l'opus précédent, The Future Bites, a pleinement souffert des conséquences de l'épidémie de COVID-19, rendant impossible toute rencontre avec le public, The Harmony Codex va quant à lui bénéficier d'une importante campagne de lancement à grand renfort de teasers mystérieux puis de différentes organisations d'écoutes immersives dans plusieurs pays, accordées tant aux fans qu'aux médias.
Tout au long de ces dernières semaines, quatre singles ont été dévoilés, à chaque fois accompagnés de vidéos où le musicien, toujours prompt à décortiquer son travail, y révèle la genèse de ses compositions. Pendant ce temps, la tension est montée parmi la fanbase très loyale de Steven Wilson, qui réussit en 2023 après trente années de carrière à demeurer un artiste de « niche », toujours méconnu du grand public mais en contrepartie hissé au rang d'icône par une poignée d'admirateurs bercés par les œuvres aventureuses de Porcupine Tree.


Ainsi plongée dans des conditions très spéciales, complètement immergée soniquement parlant et dans le noir, votre chroniqueuse qui s'était pour la première fois en 2020 confrontée au « metaverse » de Steven Wilson a ainsi passé la vitesse supérieure. Ce « codex des harmonies » rassemble une telle richesse d'univers que l'apparenter à un manuscrit ancien trouve un certain sens. Son auteur nous explique alors s'être libéré de toute pression pour le composer. Se laissant librement guider par ses multiples références, Steven Wilson a voulu cet album aussi indépendant que possible. Et pourtant, c'est bien sa touche que nous retrouvons ici, magnifiée par ses talents de multi-instrumentiste et de producteur.
Les dix morceaux sont un voyage dans le cerveau bouillonnant du musicien. On y retrouve évidement son goût pour les longues envolées lyriques dans ces incroyables passages où jazz expérimental comme riffs floydiens font complètement exploser en vol la simple notion de frontière.


Passant de morceaux fleuves semi-instrumentaux (Inclination, The Harmony Codex, Impossible Tightrope) qui rendent réellement hommage à son inspiration débordante à d'autres titres aux angles plus arrondis et menés par un chant toujours aussi cristallin, le disque confirme l'amour sans faille de Steven Wilson pour la pop faite sur mesure (What Life Brings, Rock Bottom en duo avec Ninet Tayeb, Time Is Running Out). D'une complexité technique qui a su attirer à lui toute une horde de fans ultra exigeants, Steven Wilson se laisse aisément aller à ses penchants pour les classiques de notre culture pop-rock occidentale, celle qui a bercé les enfants des années 70 en Angleterre entre David Bowie, Led Zeppelin, The Beatles et autres Pink Floyd. Nous avons alors face à nous un musicien qui assume tout et semble rejeter fortement toute tentative d'étiquetage.
L'album se déroule comme une excursion en terre inconnue. Ce qui permet néanmoins de rester connecté à cet ensemble est l'omniprésence de ces pérégrinations synthétiques que Steven Wilson maitrise à la perfection. Economy Of Scales aux échos cosmiques, Beautiful Scarecrow toute vibrante et au final explosif, l'ovni Actual Brutal Facts qui flirte avec le rap et le final Staircase qui rappelle que nous avons à faire à un certain maestro du prog rock sachant très habilement en manipuler toutes les ficelles.

Rien ne semble écrit à l'avance avec Steven Wilson, que cela soit au travers de son œuvre solo ou avec Porcupine Tree. The Harmony Codex reflète parfaitement l'envie de son compositeur d'embrasser à nouveau les réalités de ce monde, certes libéré du COVID-19 mais pris à nouveau en étau entre cataclysmes climatiques et folies guerrières. Pénétrer l'univers labyrinthique de Steven Wilson peut paraître un challenge mais la fluidité dont il fait preuve et la facilité avec laquelle il nous touche prouvent que tout travail aussi studieux et pointilleux soit-il reste largement accessible à tous.
tracklisting
    01. Inclination
  • 02. What Life Brings
  • 03. Economies Of Scale
  • 04. Impossible Tightrope
  • 05. Rock Bottom
  • 06. Beautiful Scarecrow
  • 07. The Harmony Codex
  • 08. Time Is Running Out
  • 09. Actual Brutal Facts
  • 10. Staircase
titres conseillés
    What Life Brings, Impossible Tightrope, Beautiful Scarecrow
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