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Steven Wilson

Paris, Trianon - 4 mai 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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À quarante-cinq ans, Steven Wilson figure parmi les papes du rock progressif et reste l'un des artistes Anglais parmi les plus mystérieux de sa génération.

Bidouilleur d’instruments sonores et d’électroniques depuis l’age de huit ans, il officie d’abord au sein du groupe Porcupine Tree qu’il fonde dès 1987 et dans lequel il trouve une certaine consécration dans un style space-rock et rock progressif qu’il dénoncera lui même dans les médias : « La musique de Porcupine Tree est très simple. Elle n'a rien de complexe. La complexité est dans la production. La complexité est dans la manière dont les albums sont structurés. [...] Et c'est pourquoi je ne suis pas d'accord avec les gens qui nous décrivent comme étant un groupe progressif ».
Pourtant, des titres de Porcupine Tree comme Moonloop Transmission IV sont au rock progressif ce que Be Careful With That Axe Eugene des Pink Floyd est au space-rock ; au-delà, la musique deviendrait carrément métaphysique pour le commun des mortels !

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Cet alter mondialiste du rock dont la communication et la promotion se limitent au strict minimum - il bénéficie de son propre label pour mettre en route les disques les plus étranges qui germent dans sa tête - se produit ce soir sur le boulevard Rochechouart dans la salle rénovée du Trianon.
La première partie, annoncée comme telle, est censée se composer d’une projection de film. En réalité, c'est une projection de trois diapositives qui se succèdent sur un tissus semi-transparent fixé en rideau devant la scène vide. Accompagnée d’une musique qui ne comprend pas plus de deux ou trois notes répétitives, le maigre public va fixer ce spectacle pendant plus d’une heure avant l’entrée en scène de l’attraction principale.

Ce soir, mieux vaut être fan de la première heure ou un amateur curieux et aisé pour être parmi le public qui remplit aux trois-quarts la salle du Trianon. Toute production indépendante demande des investissements conséquents pour tourner sur les scènes européennes et, avec huit musiciens sur scène dans un show qui n’est pas sans rappeler la période Phil Collins de Genesis, il faut plus qu’une marmite de soupe pour contenter pareille formation.
Les photographes, mis à rude épreuve par les conditions imposées par l’artiste (deux titres dans la fosse, mais toujours avec ce rideau masquant la scène, plus quatre autres titres de la salle) font un peu grise mine mais ils étaient avertis. Tous les concerts de Steven Wilson se déroulent de la même manière. Après une longue attente, le jeune quadragénaire aux cheveux fins et longs et aux lunettes de professeur rentre en scène après ses sept musiciens et arbore sur son tee shirt le slogan Art Is The Truth. C’est sa vision de la musique, notamment en live, et nous pourrons nous rendre compte, ce soir, que les mélanges en tous genres, de la photo à la vidéo en passant par les jeux de lumières criardes et les mélanges des styles, du rock psychédélique au rock progressif 70s en passant par des percussions hard-rock et solos de guitares métal sont l’apanage de cet artiste dont l’univers flotte dans l’éther qui formait l’espace des alchimistes des siècles passés.

Un Harmony Korine attendu par tous ses fans et notable pour ses solos de batterie et son jeu de basse stick jusqu’au titre Postcard dont la simple mélodie au piano et le refrain nappé de cœurs Floydien évoluent en apesanteur au-dessus de lui, en passant par le sombre et profond Raider, déroutant par ses contre temps, les inconditionnels de Steven Wilson semblent comblés. Les images vidéo projetées s’affichent derrière la scène cette fois et annoncent un futur chaotique, noir, post-nucléaire même. Mais, a contrario du concert au Bataclan fin 2011, Steven n’arborera pas son masque à gaz de goût douteux et, encore une fois, déjà vu du coté de la formation de Roger Waters et David Gilmour dans les années 70s.

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Difficile de se faire une idée tranchée en cette soirée pour cette formation qui passe allégrement du free jazz – un flûtiste électrique fait partie de la troupe – au rock progressif, jusqu’à l’emballement proche du hard-rock dans les solos de batterie ou de guitares, mais une chose est sure, l’univers de Steven Wilson est unique et quasiment onirique. Le Seigneur des Anneaux et Gollum pourraient, à dos de Licorne, compléter le tableau de ce soir sans que cela ne choque qui que ce soit !
Réservé à un public averti et à une oreille entraînée, l’orchestre de Steven Wilson, puisqu’il s’impose en chef de formation dans le plus grand respect de ses musiciens, exécute des exercices de style impeccables, tant au niveau technique que dans la mise en scène aérienne du show mais se cloître dans une tendance musicale répétitive qui peut paraître close pour tout amateur et qui ne laisse guère l’opportunité de jouer les curieux ou les découvreurs de talents pour une heure quinze de concert et un seul rappel.

L’artisanat du rock est peut-être noble mais il manque, ce soir, d’une remise à jour qui validerait, sans aucun doute, l’affirmation d’un style plus marqué, plus indépendant et moins étouffant que ce bric-à-brac déjà consacré par d’autres dans les années 70s.
setlist
    No Twilight Within The Courts Of The Sun
    Index
    Deform To Form A Star
    Sectarian
    Postcard
    Remainder The Black Dog
    Harmony Korine
    Abandoner
    Insurgentes
    Luminol
    No Part Of Me
    Raider II
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    Get All You Deserve
photos du concert
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