The Vaccines

Quatorze ans de carrière, une belle série de hits dans les charts, des prestations scéniques toujours hyper dynamiques et nombre de side-projects de qualité... On peut dire que The Vaccines ont remporté haut la main le challenge de marquer de leur empreinte la scène rock indie britannique des années 2010. Et pourtant, la concurrence fut rude. Toujours menés par leur leader charismatique Justin Young, c'est pourtant sans Freddie Cowan, dorénavant tourné vers sa vie de famille que The Vaccines nous souhaitent les bons vœux avec leur sixième album studio Pick-Up Full Of Pink Carnations qui, comme une galette toute chaude et dorée, se déguste avec gourmandise.

Mais attention, comme vous le savez, il ne faut pas engloutir trop rapidement sa part au risque d'avaler la fève. Ici, avec en tout et pour tout une grosse demi-heure de musique, The Vaccines reviennent en nous délivrant un shot de pop rock plutôt sage, assez inspirée car jamais ennuyeuse où l'on ressent comme une nouvelle maturité acquise par ses membres. Le départ de Freddie Cowan, bien qu'acté en toute amitié, a néanmoins bouleversé l'échiquier abandonnant cette guitare affutée qui faisait le son The Vaccines. Pick-Up Full Of Pink Carnations porte le sceau du groupe mais s'oriente à nouveau vers des chemins plus balisés, peut être un peu moins fantaisistes, perdant ainsi cette touche rock mi garage-mi vintage qu'ils s'amusaient à manipuler à grand renfort de blousons de cuir ou de chemises brodées de cowboy du plus bel effet.


Le communiqué de presse délivré aux journalistes nous raconte un album qui selon Justin Young célèbre sans tristesse aucune le sentiment de perte. On pense évidement au départ de Freddie Cowan mais pas seulement, il y a un comme un sentiment de perte de repères, de dilution que Justin Young a expérimenté vivant à l'époque de la composition en Californie. L'album a été enregistré à Los Angeles sous l'égide du producteur Andrew Wells, ce dernier officiant notamment avec des artistes tels Ellie Goulding, Adam Lambert ou Jason Mraz, menant ainsi la musicalité du groupe vers des horizons pop d'une autre dimension.

C'est une sorte de promenade en sentier nivelé qu'offre le disque. On aime à retrouver les guitares affirmées et les montées en puissance de la batterie sur les titres Sometimes, I Swear, Lunar Eclipse et Love To Walk Away, nous rappelant l'époque maintenant un peu lointaine des deux premiers opus du groupe. Un peu plus loin, c'est une facette plus dansante qui irradie sur Heartbreak Kid, premier single dévoilé au très gros potentiel live et Another Nightmare, rejoignant la volonté de Justin Young de cranter ce disque dans un registre feel good et positif. Cependant, à vouloir arrondir les angles, on peut glisser maladroitement vers la facilité. Ainsi, quelques titres sont trop simple d'aspect et peinent à trouver un peu de relief dans le tracklisting : Discount De Kooning (Last One Standing) et Sunkissed s'enlisent un peu sous cette grosse couche de mélodies sucrées, qui peuvent lasser rapidement.


Heureusement, les deux derniers morceaux The Dreamer et Anonymous In Los Feliz rappellent aux plus étourdis l'amour des musiciens pour des structures un peu plus complexes, grâce surtout au timbre de voix si emblématique de Justin Young qu'on reconnait entre mille et dont la puissance tout autant que la justesse porte en lui quasiment tout le cachet de The Vaccines.

Pick-Up Full Of Pink Carnations est un album réussi, qui maintiendra serré le rang des fidèles de The Vaccines en leur apportant une formule certifiée, qui a certes déjà fait ses preuves mais qui apporte le punch nécessaire à cette nouvelle année qui débute. Une nouvelle année toujours dédiée au rock et que votre chroniqueuse vous souhaite évidement sereine et musicalement transcendante.