The Jesus And Mary Chain

En 2017, les frères Reid nous gratifiaient de leur septième album studio, Damage And Joy. Si ce fut le disque de leur retour discographique, nous étions tout de même restés sur notre faim à l'écoute des quatorze compositions qui le constituent. Trop prévisible, pas suffisamment novateur, on s'interrogeait presque sur le véritable intérêt de cette sortie. Pourtant, il faut bien reconnaitre que le live Sunset 666, paru l'année dernière chez le label Fuzz Club, nous avait cette fois sacrément emballés. C'est d'ailleurs ce même label qui publie aujourd'hui Glasgow Eyes, le nouvel essai des Ecossais.

Curieusement, ce disque sort quasiment jour pour jour sept ans après leur précédent album studio, mais cela relève probablement du hasard du calendrier puisque Glasgow Eyes devait initialement être disponible le vendredi 8 mars de cette année. On pouvait s'attendre à un disque sonique, celui ayant été enregistré au studio Castle Of Doom de Mogwai à Glasgow, pourtant il ne va pas exactement prendre cette direction. jamcod, premier single publié en fin d'année dernière, est un vrai classique de la fratrie Reid. On y retrouve l'essence électrique et organique qui nous manquait sur leur précédent effort. Avec les frangins de Glasgow, on est souvent dans le dark (comment peut-on oublier leur merveilleux Darklands de 1987 ?), et cette histoire d'overdose dans ce single confirme bien que le ciel ne s'est pas vraiment éclairci malgré les années qui passent pour The Jesus And Mary Chain. Chemical Animal, et plus récemment Girl 71, ont dévoilé un peu plus la facette de cet album, mais ce ne sont vraiment pas les morceaux qui donnent un relief si particulier à ce disque.

En effet, Glasgow Eyes est probablement le disque le plus minimaliste que le groupe ait sorti à ce jour. American born en est un premier exemple constitutif. Des références aux Etats-Unis ont souvent été présentes dans les chansons du groupe (Reverence, I Hate Rock 'n' Roll...), cette fois, c'est l'Américanisation du monde qui est décriée dans une mélodie aux sonorités seventies. Mediterranean X Film est également une chanson inattendue avec son côté poisseux à la Suicide. On se demande si on a bien à affaire au groupe que l'on connait, notamment de par sa partie vocale féminine qui ouvre le morceau et résonne à d'autres moments de celle-ci, mais on est en définitive bel et bien séduit par ce que l'on entend. On le sera encore plus avec Discotheque, hymne gothique hypnotisant qui nous donne envie de trainer dans cette boîte de vampires et de goules dans laquelle les écossais semblent vivre.
Silver Strings, qui figure un peu plus loin dans l'album, semble être la version électronique de ce fameux Discotheque et cela n'est pas non plus pour nous déplaire. On retiendra aussi le terriblement écrasant Pure Poor et son côté fin du monde. Néanmoins, les frères Reid n'ont pas perdu leur sens de l'humour. Sur The Eagles And The Beatles, ils parodient I Love Rock 'n' Roll de Joan Jett, tout en mentionnant les Rolling Stones, Sex Pistols ou encore Beach Boys. L'écoute se termine sur une forme d'hommage au Velvet Underground le temps d'un Hey Lou Reid décidément bien caustique.

Glasgow Eyes est donc un grand cru. Ce huitième album des Écossais est probablement le meilleur qu'ils aient sorti depuis plus de trente ans. Les frères Reid n'ont jamais été aussi loin dans l'expérimentation, en dehors du larsen et de la distorsion qu'ils ont si bien maniés au fil des ans. Ce renouveau est très plaisant et on espère qu'il ne faudra pas de nouveau attendre aussi longtemps pour écouter un prochain disque des Glaswégiens.