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Buzzard Buzzard Buzzard - Skinwalker
Chronique Album
Date de sortie : 12.04.2024
Label : Communion Records
35
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 11 avril 2024
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Décidément, le soleil ne semble jamais se coucher sur ce merveilleux petit bout de terre qu'est le Pays de Galles. Vous l'aurez compris fidèles lecteurs, votre chroniqueuse reconnaît un fort penchant pour tout ce qui touche à la culture galloise, en tête de liste son ballon ovale et sa musique. On rajoutera également un amour profond pour les lointains cousins d'Australie mais il est des frontières qu'à Sound Of Violence nous ne franchissons pas. Dès lors, taïaut sur les dragons rouges, les jonquilles et autres prêcheurs de rue frénétiques en rajoutant dorénavant à notre liste Buzzard Buzzard Buzzard.

En 2020, alors en pleine pandémie, sortant à peine le nez de nos apéros Zoom, nous découvrions le premier EP à rallonge The Non-Stop (10 titres déjà !) de Buzzard Buzzard Buzzard, toute jeune formation de Cardiff qui nous proposait un style tourné vers le rock élégant et racé des années 70, artwork et look à la clé, déjà aux antipodes du post-punk à ce moment en pleine apogée, notamment grâce à la scène dublinoise qui éclatait au grand jour.
Deux ans après, le groupe mené par Tom Rees revenait avec Backhand Deals, premier LP prenant une tournure délicieusement glam rock, à l'univers visuel chatoyant, avec coupe de cheveux, cols roulés et pantalons pattes d'eph' velours pour concrétiser le tout. Mais surtout, toujours ces titres débordant d'énergie tantôt chic et sexy, tantôt plus posés avec un petit côté piano à la Elton John qui crantaient les références de nos jeunes gallois dans de toutes autres sphères. Entre temps, malheureusement, aucune prestation live auxquelles nous aurions adoré assister et une première occasion ratée il y a à peine quelques jours pour cause de concert déplacé de l'International en travaux au Supersonic le même soir que le retour parisien de Yard Act. Nous apprenons cependant que le jeune groupe a réussi à se faire un petit nom dans les clubs britanniques, leurs sets étant maintenant reconnus pour leur mise en scène flamboyante et pleine d'humour.


C'est donc avec joie que nous mettons la main sur le second album appelé Skinwalker et que nous découvrons une nouvelle facette de Buzzard Buzzard Buzzard, lesquels semblent avoir compris que l'évolution est une clé importante du succès et de la longévité. Qu'en est-il alors de cet opus ? Ici, à la composition et dorénavant à la production, Tom Rees, toujours à la tête du groupe, qui assume pleinement cette mainmise sur la conception du disque. Délaissant les codes très glam du dernier opus, nous retrouvons une tonalité beaucoup plus portée sur les grosses guitares aux accent hard rock, toujours issue de cette fabuleuse décennie des années 70. Alors que leurs créateurs se sont séparés des looks babacool, les onze titres prennent un chemin beaucoup plus chaotique, où insidieusement les décibels s'emballent, les larsens se font de plus en plus rugissants, et tout en conservant cette touche très sophistiquée à base de guitares saturées et de chants qui perce dans les aigues, l'atmosphère devient indéniablement plus « musclée ».


L'intro de quelques secondes en est le meilleur exemple : Intro (un nom parfaitement trouvé) est une explosion brutale en guise d'accueil, qui nous propulse sans transition vers National Rust qui piétine encore un peu en restant très ancré dans le rock orchestral, et c'est à partir de ce moment précis que le tracklisting va glisser lentement mais sûrement vers un bouquet final hard-rock sur Night Of The Skinwalker, où les paroles elles-mêmes annoncent ce « changement de peau ». Judicieusement, Buzzard Buzzard Buzzard mettent en place leur transition, on passe donc de titres plus théâtraux comme Chew et My Star Is A Basset Hound, aux inspirations très Queen, à des hommages aux pionniers du heavy metal avec Leatherbound, In My Egg et l'excellent Therapy qui nous donnent des envies soudaines de Van Halen et de legging zébrés.
Etonnante progression que ce tracklisting et, surtout, un besoin furieux d'y revenir dès la première écoute. Tom Rees se veut l'acteur principal de ce petit opéra rock car ayant lui tout seul canalisé les énergies des titres pour en faire un tout cohérent, avec comme seule motivation de faire simple mais efficace. Le musicien a ainsi ressenti un besoin de moins d'éparpillement tout en prônant haut et fort son amour pour Green Day et Roxy Music (oui, les deux ensembles sont possibles), mettant en avant sa fascination pour les « guitar heroes » qu'ont dévoilés les années 70, une époque où l'esthétique très travaillée prenait beaucoup plus de place qu'aujourd'hui. Finalement, Buzzard Buzzard Buzzard optent pour un style familier mais très intelligemment remis au goût du jour et surtout se placent à nouveau à l'opposé du buzz actuel, ce dernier tourné vers un retour en force des sonorités ouateuses et éthérées du shoegaze.

Buzzard Buzzard Buzzard sont-ils déjà en avance sur le prochain revival ? La réponse viendra de l'engouement que suscitera ou non Skinwalker, second album très excitant qui nous redonne goût à un rock aux guitares puissantes, mélodieuses et méchamment stylées, et qui apporte beaucoup de cachet à la jeune scène indie britannique actuelle.
tracklisting
    01. Intro
  • 02. National Rust
  • 03. Chew
  • 04. My Star Is A Basset Hound
  • 05. Sugar Sandwich
  • 06. The Drowning Bell
  • 07. Leatherbound
  • 08. In My Egg
  • 09. Therapy
  • 10. Human Compression
  • 11. Night Of The Skinwalker
titres conseillés
    National Rust, Chew, Leatherbound
notes des lecteurs
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