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PROJECTOR

Paris, Point Éphémère - 10 octobre 2025

Live-report par Adonis Didier

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Qu'est-ce que le post-punk en 2025 ? Une question qui, la semaine dernière, nous avait pris sept cents mots et un nouvel album de PROJECTOR, mais voilà la semaine dernière c'était la semaine dernière, et ce soir au Point Ephémère le groupe débarqué de Brighton n'a pas le temps pour ça. Du Pixies, du PJ Harvey et du Interpol pendant l'entracte, et pendant le show que du rock et zéro questions : PROJECTOR tergiversent parfois en studio mais plus sur scène, bienvenue en 2025, l'année d'un groupe qui se cherchait encore il y a quelques mois et qui s'est désormais pleinement trouvé.


Une épiphanie aux allures de tabassage auditif, Hope Springs Eternal présente d'emblée le nouvel album Contempt sous ses dehors les plus bruts et massifs. Ce seront d'ailleurs les seuls dehors que l'on verra pendant cette heure de concert effrénée : au revoir les tentatives dream pop et shoegaze, PROJECTOR sont descendus dans la capitale pour mettre un coup de projecteur et c'est seulement dans la gueule. Un coup de 1664 et on est reparti, Tastes Like Sarah parle de sexe et le public aime ça, le duo Lucy Sheeran / Edward Ensbury est le one-two punch du futur, les guitares disquent la serrure, la basse défonce la porte, It Surely Has Been Hell débarque dans ton salon suivi de près par la Migraine, les stroboscopes provoquent une crise d'épilepsie générale, c'est parti pour le pogo !

Un Point Ephémère malheureusement pas si rempli que ça qui se transforme en patinoire de bières jetées en l'air, on sue, on glisse, on se relève et on y retourne, l'amour est un Chemical et la foule en a dans le cœur, le groupe ne fait plus qu'un avec le béton qui l'entoure et chaque chanson est l'occasion de s'éclater la tête contre les murs. Une débauche d'énergie qui demandera au groupe de faire quelques étirements, boire deux ou trois gorgées, et tenter quelques phrases en français avant de relancer les chansons les plus bourrines de leur répertoire : The Sham! The Sham! The Sham! et S.O.M.O.D.. L'acronyme de « Sucking On My Own D*ck » pour laquelle Edward nous demande confirmation que la traduction française est bien « je suce ma propre b*te », et voilà la chanson à moitié chantée en français pour le plus grand plaisir de qui était encore en état de s'en rendre compte.


Tout le monde part en sucette, Lucy finit sur les genoux en mode CR7, Callum Marinho donne tout derrière les fûts, la présence d'un deuxième guitariste offre une profondeur massive et bienvenue au son du groupe, et permet surtout à Edward de descendre dans la fosse pour l'unique chanson du rappel, une reprise qui plus est, Tame. Et selon l'adage qui veut qu'un groupe qui reprend les Pixies est forcément un bon groupe, PROJECTOR est désormais le meilleur groupe du monde, Edward descend serrer des mains, hurler, avant de carrément laisser le micro au public car il n'y a plus rien à ajouter, et le trio de Brighton a ce soir gagné des lettres de noblesse qui sont peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup. Ça veut dire qu'il ne manque plus au groupe qu'un bon plan de carrière parce que les chansons sont là et que l'assurance d'être un putain de groupe de rock est désormais là aussi.

Passer d'un groupe sympathique à un quatuor électrique et imprévisible capable d'enflammer une foule, certains en doutaient, PROJECTOR l'ont fait, et oui ce n'était qu'un Point Ephémère à moitié rempli, mais on a tous commencé quelque part, et PROJECTOR commencent ici.
setlist
    Hope Springs Eternal
    Dubious Goals Committee
    Non
    Collision
    Tastes Like Sarah
    Now When We Talk It's Violence
    It Surely Has Been Hell
    Sunshine
    Migraine
    Communion
    Chemical
    It's True
    The Sham! The Sham! The Sham!
    Breeding Ground
    S.O.M.O.D.

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    Tame (Pixies cover)
photos du concert
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