Chronique Album
Date de sortie : 13.09.2024
Label : Because Music
Rédigé par
Pierre-François Long, le 10 septembre 2024
The Greatest Love est le quatrième album du trio de London Grammar, toujours emmené par sa figure de proue Hannah Reid. Et le moins que l'on puisse dire à l'écoute de ce disque, c'est que l'inspiration du groupe ne s'est pas tarie, bien au contraire.
Si London Grammar proposent un album sur lequel leur style est reconnaissable entre mille – la voix assez unique en son genre de Hannah Reid y étant pour beaucoup –, leurs membres s'autorisent certaines évolutions bien venues. Ils auraient parfaitement pu se contenter de reproduire ad nauseam la formule de Wasting My Young Years, qui reste leur plus gros tube sous nos latitudes, avec des rythmes très lents et la voix de la chanteuse au premier plan. Au lieu de ça, le trio ose aller explorer d'autres contrées, certes pas très éloignées de leurs terres de prédilection (aucun morceau de metal ou de zouk à l'horizon, évidemment), mais ceci constitue une démarche tout-à-fait louable.
Evacuons la seule véritable fausse note du disque, en l'occurrence House. Il est totalement inexplicable d'avoir choisi ce morceau, sans doute le plus faible de l'album, comme à la fois son titre d'ouverture et le premier single à en être extrait. Sans mélodie mémorisable, le groupe ne semble lui-même pas y croire. A zapper. On arrive directement sur Fakest Bitch, et là les choses sérieuses commencent. Piano / guitare / contrebasse pour accompagner la voix de Hannah Reid, mélodie à tomber par terre, paroles plus qu'intéressantes : un des meilleurs morceaux de l'album, voire peut-être bien the best one.
Tant You And I que LA démontrent que les London Grammar maîtrisent désormais parfaitement le savant mélange organique/synthétique, avec des vraies cordes surplombant des rythmiques électroniques. C'est finement ouvragé, surtout LA, tout en nuances et en changements d'ambiances. Il en va de même sur Ordinary Life, qui fait parfois penser à Portishead sans le côté « je vais bientôt me pendre ». A noter la grande place laissée aux instruments sur le final de ce titre, preuve que, si elle fait évidemment beaucoup pour le succès du groupe, la voix de Hannah Reid n'en est pas l'unique raison.
Sur Santa Fe, comme son nom pouvait le laisser supposer, le groupe se base sur une rythmique hispanisante, et c'est suffisamment bien exécuté pour que ça fonctionne parfaitement. Les deux titres suivants, Kind Of Man et Rescue, ont pour points communs d'avoir des refrains à base de « nananana » et de sonner légers, voire même joyeux. Incroyable mais vrai. Comme quoi la musique de London Grammar ne mérite pas de se voir affubler de qualificatifs comme « neurasthénique » ou « molle du genou ». Certes, on est loin des Wampas, mais cette évolution mérite d'être notée.
Into Gold, long morceau (cinq minutes et quarante-deux secondes), voit en revanche un retour à des atmosphères plus sombres, surtout dans sa première moitié, avant de basculer dans un trip electro assez jouissif, puis de s'achever de façon beaucoup plus calme. Quasiment la synthèse de l'album dans un seul morceau. Enfin, la chanson The Greatest Love vient achever de fort belle manière le très bon disque auquel elle donne son titre.
Pari donc totalement réussi pour London Grammar, confirmant être un groupe qui s'inscrit dans la durée et évolue de façon intelligente et totalement convaincante.