The WAEVE

Faisons un petit saut dans le passé. En 2005, Graham Coxon croise la route de Rose Elinor Dougall lors d'un concert des Pipettes, groupe dans lequel évoluait la sœur de Tom Dougall, leader de TOY. Il faudra cependant attendre quinze longues années avant que ces deux artistes ne se retrouvent et décident de mêler leurs talents dans un nouveau projet : The WAEVE. En 2023, leur premier album éponyme voit le jour, recevant un succès mérité. Bien que ce duo soit aussi un couple dans la vie, peu s'attendaient à ce qu'ils se poursuivent l'aventure. Et pourtant, contre toute attente, nous avions tort.

Un an plus tard, les deux Anglais annoncent la sortie de leur deuxième album et dévoilent un premier single, intitulé City Lights. On y reconnaît immédiatement la patte grinçante de Graham Coxon, guitariste de Blur, accompagnée d'une mélodie flirtant avec la new wave. Si Rose Elinor Dougall ne figure pas au premier plan des parties vocales, elle se charge néanmoins de la section instrumentale. Graham, quant à lui, assure non seulement le chant et la guitare, mais manie aussi le saxophone, que l'on retrouvera sur plusieurs morceaux ici. Ce titre énergique constitue une excellente entrée en matière pour les dix compositions à venir. À l'écoute de ce premier morceau, on s'attend à un album rythmé, électrique et un brin chaotique, à l'image de leur premier opus. Mais dès la sortie du deuxième single, You Saw, il est clair que la direction est toute autre. Bien plus posé, avec une introduction éthérée où la voix de Rose s'épanouit pleinement, ce morceau séduit par son atmosphère envoûtante et ses accords subtilement agencés, magnifiés par la production soignée de l'incontournable James Ford.

City Lights alterne habilement entre des mélodies rock percutantes et des moments plus calmes et introspectifs. Parmi les titres les plus dynamiques, on trouve Moth To The Flame, porté par un saxophone envoûtant, ainsi que Broken Boys, troisième single de l'album, brutal et rageur, probablement le meilleur des trois, dévoilé à la fin du mois d'août. À côté de ces morceaux énergiques, le duo s'autorise des pauses plus douces et acoustiques, comme Simple Days, ou encore des escapades folk avec la magnifique Song For Eliza May, où Rose Elinor Dougall charme par son timbre délicat. Le rock psychédélique s'invite également dans cet univers musical, notamment avec Druantia, une pièce maîtresse de près de huit minutes qui semble hantée par l'esprit de Jason Pierce et son groupe Spiritualized. L'album se termine avec la superbe Sunrise, une conclusion à la tonalité résolument cinématographique. La montée progressive de ce titre résume parfaitement les différentes atmosphères explorées par le duo, passant d'une ouverture apaisée à une explosion mêlant cordes, rock et, bien sûr, le saxophone comme toujours omniprésent.

The WAEVE signent un retour réussi avec cet album où Graham Coxon et Rose Elinor Dougall explorent plus profondément leurs multiples influences, renforçant ainsi la richesse et la complémentarité de leur collaboration. City Lights incarne à merveille les attentes suscitées par leur premier disque éponyme, et va même au-delà, laissant présager une suite prometteuse pour ce duo audacieux et créatif.