Un an et demi après un formidable premier album éponyme, Graham Coxon et Rose Elinor Dougall alias The WAEVE nous offrent un second opus encore plus intéressant. City Lights est un disque remarquable, œuvre de deux talents hors normes.
Votre album sort aujourd'hui (ndr : l'interview a été réalisée vendredi 20 septembre). Comment vous sentez-vous au moment de sa sortie ?
Nous sommes très heureux. Les réactions ont été très positives par rapport à ce disque. Les gens ont l'air de l'aimer. C'est vraiment cool.
Ce disque me semble assez différent du premier...
Nous avons plus confiance dans notre relation de travail. Nous nous connaissons mieux aussi. Nous avons donc pris plus de risques pour cet album que nous ne l'avions fait pour le premier. Les choses se sont faites naturellement sans que nous ne pensions à aller dans telle ou telle direction.
City Lights arrive un an et demi après The WAEVE. C'est rare dans l'industrie musicale d'aujourd'hui de sortir un disque tous les ans...
C'est vrai. Nous avons la chance d'avoir un label qui nous donne la possibilité de faire cela et nous l'en remercions.
Il y a de tout dans cet album, de la folk, du rock psychédélique ou du prog, mais le disque reste très cohérent malgré tous ces styles différents...
C'est vrai. Cet album représente toute la musique que nous aimons. Nous aimons tellement de choses différentes... Cela s'entend sur le disque. Nous avons voulu jouer d'instruments que tu peux trouver sur les disques de la fin des années 70. Nous voulions avoir une approche cinématique.
Vous ne savez pas à l'avance vers quoi ira un morceau ?
Tout à fait. Nous suivons l'esprit du morceau, qu'il soit free jazz ou prog. Nous aimons développer les morceaux et qu'ils nous emmènent là où ils doivent nous emmener. C'est comme cela que nous pouvons faire un morceau qui semble avoir un mood jazz puis qui va partir d'un coup vers quelque chose plus 80's. Nous nous amusons de cette manière. Nous avons commencé certains titres par de la mandoline et c'était très bien de créer ainsi.
Le saxophone très présent, c'est pour le côté jazz ?
En partie, mais pas seulement. Il y a aussi du saxophone sur de très bons disques pop. Je n'avais jamais autant joué de cet instrument que sur ce disque et j'y ai pris du plaisir. Le saxophone peut faire penser à King Crimson ou à Van der Graaf Generator.
Vous citiez Van der Graaf Generator et Kevin Ayers comme les influences principales du premier album. C'est encore le cas pour celui-là ?
Nous n'avons pas trop parlé de nos influences pour ce disque mais elles restent en nous forcément. Les influences ont joué de manière différente pour cet opus.
Vous avez choisi City Lights comme premier single. Parce que le morceau est l'un des plus évidents de l'album ?
C'est possible. Nous voulions que le premier single soit une pop song et City Lights en est une...
Vous êtes un couple à la ville. Comment un couple de musiciens fonctionne-t-il dans la création ? C'est facile ?
C'est très cool de faire de la musique ensemble. Ce n'est pas absolument pas difficile. Nous l'avions déjà fait une fois, nous savions que nous pouvions le refaire une autre fois. Nous nous encourageons l'un l'autre en permanence.
Il y a cette très belle chanson, Song For Eliza May, dédiée à votre fille. C'était important d'écrire sur elle ?
Oui, c'était important, même si nous avions un peu peur de l'exposer.
L'album est très positif...
Oui, il l'est. Nous aimons le fait qu'un disque au niveau du songwriting soit comme une journée. Nous l'avons voulu ainsi.
La jeune génération n'écoute plus trop d'albums, pourtant ce disque est clairement pensé dans le format album avec un tracklisting cohérent...
C'est triste que les jeunes n'écoutent plus d'albums. C'est quelque chose que nous avons du mal à comprendre. Nous aimons ce format. Nous aimons écouter des disques du début à la fin. Nous aimons les titres qui t'emmènent dans le cosmos, comme Cirrus Minor de Pink Floyd ou les disques du Velvet Underground. Pour créer ce genre d'atmosphère tu te dois de faire un album complet.
Graham, ton jeu de guitare est très loin dans The WAEVE de celui que tu utilises pour Blur...
La façon dont je joue de la guitare pour The WAEVE est différente de celle dont je joue pour Blur, c'est vrai. L'énergie est différente aussi.
Tu as écrit cet album pendant que tu étais en tournée avec Blur l'an dernier. Cela n'a pas été trop dur ?
C'était difficile, mais dès que j'avais une idée je l'écrivais. Cela pouvait m'arriver parfois en pleine nuit. Je me levais et notais des trucs. La tournée avec Blur, écrire ce disque et m'occuper de ma fille : c'était une période un peu folle, c'est vrai.
Les réactions au moment de la sortie du premier album avaient été très bonnes. Vous vous attendiez à cela ?
Nous ne savions même pas que nous allions faire des disques quand nous avons commencé à écrire ensemble. Nous ne savions pas où le projet nous emmènerait. Nous ne savions pas non plus que nous aurions un enfant ensemble. Nous n'avions pas de label, pas de manager. Nous ne pensions pas à ce que The WAEVE pourrait devenir.
Cela aurait pu n'être qu'un projet studio ?
Non, nous aimons trop tous les deux jouer live. En plus nous avons de super musiciens avec nous. Nous nous éclatons sur scène.
Graham, comme nous en parlions tout à l'heure, tu tournais avec Blur l'an dernier. Il y aura d'autres tournées, d'autres disques dans le futur ?
Je ne sais pas. Peut-être. On verra...
En attendant, vous donnez des concerts bientôt en Angleterre avec The WAEVE ?
Oui, fin septembre. Et il y aura également une tournée en mars l'an prochain.
Vous jouerez aussi en France ?
Nous l'espérons. Avec le Brexit, cela coûte cher de venir jouer chez vous, mais nous espérons vraiment en avoir la possibilité.