Chronique Album
Date de sortie : 01.09.2003
Label : Integrity
Rédigé par
Wilfried, le 5 février 2004
“Ladies and gentlemen, please take your seats, put on your thinking caps, now here’s a poser for you” c’est par ces mots que Million Dead entame “A song to ruin”, son premier album. Le décor est planté. Ces jeunes gens ont des choses à dire. A nous de les écouter, quite à claquer la porte dès les premiers couplets.
On pourrait facilement voir Million Dead comme un énième arrivage post hardcore. Entre nouveaux groupes et anciens soudainement médiatisés, ils sont tellement nombreux qu’ils arriveraient à nous faire vomir de l’émo. Alors qu’est ce qui pourrait nous donner envie de nous attarder un peu plus longtemps sur « A song to ruin » ?
Le quator est pour moitié australien, leur moyenne d’âge n’est pas très élevée, ils possèdent dans leur rang une bassiste plutôt charmante, ils ont écouté les classiques de Fugazi à Refused en passant par At The Drive-In, ne le renient pas …. Bref, rien de vraiment original. Et pourtant …
Impossible de présenter Million Dead sans parler politique ou plutôt lyric, ça tombe bien ça rime et Franck Turner les conjugue à merveille. Et si lui-même se refuse d’être labellisé comme chanteur engagé ou activiste (cf interview), il a pourtant des idées, extraits: « you know sexism, the social scourge of the sixties » ou encore "i too got sucked in by the myth machine. unattainable, but i just wish we weren’t so fucking mindless.” De Walt Disney à Ronald McDonald certaines icones modernes ne sont pas épargnées "walt disney is pushing social and sexual hierarchy"
Finallement Million Dead ne font pas forcement dans la propagande, ils sont tout simplement intelligents : “and yes, i’m no qualified social theorist, but i’ve got me a few ideas i picked up while i was trying to be a human being” mais aussi “and if my status as a figure on a stage implies authority, i hope my caution and my age belies my humility” .
“Pornography for cowards”, “Breaking the Back”, “I am the Party”, “Charly & the propaganda myth machine”: en quatre titres Million Dead fait autant de fois le tour de la lune, explorant Mars et Jupiter au passage : guitare déferlante, batterie et basse hyperactives dont les retentissement ne se résument pas à l’accompagnement. Ajoutez à cela un Franck Turner maniant aussi bien le cri que le chant, hurlant sa rage avec une rare intensité, débitant son texte d’une manière rapide et saccadée telle une mitraillette, et vous avez là un début d’album quasi parfait.
« A song to ruin » vient briser la série et stoppe la folie. Longue intro instrumentale, à la fois calme et intense, l’ambiance est pesante, limite étouffante, frustrante. La voix qui se pose doucement sur la mélodie n’en est pas moins déstabilisante. Si nous sommes loin des FFAF, en revanche ça sent fort les funérailles d’un ami, ou alors de millions de morts.
Difficile de repartir après ça, pourtant « Smiling at Strangers on Trains » ou « MacGyver » reprennent la marche là où Million Dead avait souhaité l’arrêter. Les recettes sont les mêmes et la dynamique se relance aisément.
Malheureusement tout n’est pas parfait « Relentless » s’avère assez inintéressant avec ses riffs de guitar-héros en costume à paillettes. Le morceau final « The Rise and Fall » de .... 14 minutes ... est sans doute un peu long pour ne pas s’avérer ennuyant.
Le 9e morceau s’intitule « The kids are going to love it», affirmation sans doute vraie, mais Million Dead c’est plus que cela justement, car contrairement à bon nombre de leurs acolytes, ils arrivent à ne pas toucher seulement les gosses avides de bruit et de rébellion. Sans doute parce qu’on sent chez eux le potentiel pour aller plus loin, beaucoup plus loin même, surtout si le chant légèrement entraperçu sur « Breaking the Back » est exploité !