En quelques mois, et grâce à la scène Thamesbeat auquel il se voit affilié par les dires bibliques du NME
, le jeune Jamie Treays s'affirme par un flow unique allié à un bordel assumé de hip-hop, ska et pop. Les trois singles qu'il réalise en 2006 forment de plus en plus d'adeptes autour de sa musique et confirment alors les espoirs qu'on mise sur lui depuis son très bon EP
Betty and The Selfish Sons sorti en mars dernier.
Pour ceux qui suivent Jamie T depuis ses débuts, peu de surprises dans ce premier album :
Panic Prevention rassemble tous les singles parus (les déjà renommées
Salvador et
If You Got The Money aux harmonies complexes et saisissantes, ainsi que les refrains de
Calm Down Dearest et
Sheila, merveilleux de simplicité et d'originalité) et quelques B-sides comme
Back In The Game et la moins convaincante
So Lonely Was The Ballad. Toutefois, le londonien préfère proposer plusieurs nouveaux titres plutôt que sortir des fonds de tiroir, et l'album se voit alors accrédité d'inédits brillants tel le convulsif
Operation : six minutes de désorganisation improbable, de fil conducteur éméché qu'on ne peut s'empêcher de suivre les yeux fermés. Punk, ska, reggae, tout s'emmêle pour ne plus faire qu'un et en découdre avec les étiquettes fixées.
Il en est de même pour
Alicia Quays où, cette fois, à la scansion au demeurant hip-hop de Jamie se substituent un ska dépouillé et un chant qui se fait ô combien possédé, convergeant dès lors tous deux en un refrain fluide et imparable, un point de fuite qui nous emporte, une fois encore durant six minutes, dans des perspectives musicales et un esprit créatif dont lui seul a le secret.
Jamie T possède donc un talent mélodique indéniable, qu'il traite aussi bien du rock que du hip-hop. Aucune des barrières établies entre les différents styles musicaux ne se dresse devant lui tant il parvient ingénieusement à marier des orchestrations diverses entre elles et à moduler à volonté sa voix. On ne peut déceler en cette démarche artistique si elle est pleinement volontaire ou juste terriblement naïve et culottée – et sur le coup, prodigieusement miraculeuse – mais on ne voudra pas en savoir plus au vu de la beauté de son oeuvre.