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Jamie T

Interview publiée par Fab le 25 avril 2007

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Quelques heures avant son premier concert donné à la Maroquinerie de Paris la semaine dernière, Jamie T se confiait à nous sur ses débuts fulgurants, son album Panic Prevention et sa vision du monde de la musique. Des propos sans concession de la part du jeune anglais !

Ce soir tu donneras ton premier véritable concert en France, qu’en attends-tu ?

J’ai donné un petit concert acoustique il y a quelques semaines mais ce soir ce sera très différent. La salle est beaucoup plus grande, mon groupe sera sur scène avec moi et d’autres groupes vont aussi jouer durant la soirée… Je connais mes musiciens depuis environ deux ans et notre formule scénique commence à bien fonctionner. Mes prestations acoustiques sont devenues plus rares mais j’apprécie tout autant ces deux types de concerts.

Tu es surtout connu pour écrire toutes tes chansons à la basse, ce qui constitue un choix plutôt atypique… comment es-tu venu à jouer de ces instrument ?

Je ne pensais pas devenir musicien un jour mais un ami a oublié sa basse chez moi… J’ai voulu en jouer par curiosité et j’y ai pris du plaisir donc j’ai continué par la suite. C’est l’instrument que je manie le mieux mais je joue aussi de la guitare. J’ai essayé de jouer de cet instrument comme beaucoup de jeunes mais je n’étais pas très bon à l’époque, c’est pourquoi j’ai préféré me consacrer à la basse.

Quel est ton parcours en tant que musicien ?

J’ai commencé à jouer de la musique à l’âge de quatorze ou quinze ans, totalement par hasard comme je te l’ai expliqué. J’écoutais beaucoup de musique et j’adorais ça, puis tout s’est enchainé naturellement. J’ai appris à jouer de la basse et d’autres instruments, j’ai écrit des textes puis j’ai voulu chanter. Par la suite j’ai acheté un enregistreur 4 pistes pour conserver une trace de ma musique et j’ai continué à pratiquer tout en m’améliorant au fil des années.

Tu n’as jamais pensé à t’impliquer dans un groupe plutôt que d’évoluer en solo ?

J’ai essayé plus d’une fois ! J’étais jeune, mes amis également, et les groupes duraient quelques semaines puis se séparaient. Mon rêve initial était de jouer dans un groupe mais cela n’a jamais abouti.

Par quels artistes as-tu été influencé durant ta jeunesse ? Ta musique comporte des sonorités tellement variées qu’il est difficile de pouvoir se faire une idée…

J’aime écouter de la musique, de tous les styles et de tous les groupes, et c’est pour cela que mon album est très varié au niveau des ambiances. Je ne peux pas me décrire ma musique à une personne qui ne me connaît pas, il faut écouter mes chansons pour parvenir à me cerner. A titre d’exemple, j’apprécie les Beastie Boys, les Clash, Rancid, The Specials, Bruce Springsteen, Tom Waits, Bran Van 3000, Television et beaucoup d’autres !

Tu as été affilié de force à la scène thamesbeat par la presse, ressens-tu de ton côté une certaine appartenance à ce mouvement ?

g Absolument pas, c’est une histoire montée de toute pièce pour vendre du papier ! J’ai beaucoup d’amis dans des groupes de Londres, mais aucun d’entre nous ne se sent impliqué dans cette scène fictive. On a donné des concerts ensemble, juste pour prendre du plaisir, mais il n’y a jamais rien eu de plus. Parmi eux, j’apprécie énormément The Maccabees, Hot Club de Paris, Larrikin Love, Mystery Jets…

Te considères-tu plus comme un artiste rock ou hip-hop ?

Je ne sais pas, je n’y ai jamais vraiment pensé. Ce genre de considérations ne m’intéresse pas, je laisse ça aux journalistes ! Je suis à l’image de la musique que j’aime et que je joue.

Et que penses-tu des comparaisons avec Mike Skinner ou Lily Allen ?

La musique n’est pas un jeu. Ce n’est pas un concours pour savoir qui est meilleur que qui ou quel artiste ressemble à quel autre… pour être franc, je m’en fous ! J’ai toujours fait ma musique sans me soucier des paramètres extérieurs, j’écris et j’enregistre la plupart de mes chansons dans ma chambre… je ne vois pas plus loin que ça. Lily Allen est une fille que j’apprécie, elle est très douée dans ce qu’elle entreprend.

Les paroles de tes chansons tournent pour la plupart autour de tes expériences de ces dernières années et de ta vie à Londres. Par quels événements as-tu été influencés dans tes textes ?

Par mes amis principalement, ils comptent énormément pour moi. Certains d’entre eux sont très spéciaux, ils ont parfois des idées un peu folles et j’ai souvent été embarqué dans des aventures un peu à part. Sans eux je ne serais sans doute pas inspiré comme je l’ai été jusqu’à maintenant.

Je suppose que tes récents voyages dans le cadre de tes tournées t’ont également marqué ?

Evidemment ! J’ai passé des soirées fantastiques dans certains pays, de vraies aventures. Certaines rencontres m’ont donné des idées pour le futur, sans pour autant modifier ma manière de voir le monde.

A quand une chanson sur Paris ?

J’ai récemment pris quelques jours de vacances ici avec des amis et ce fut génial. On a passé quelques nuits mémorables dans cette ville, et la pochette de mon prochain single sera une photo prise dans les rues à cette occasion !

Penses-tu que l’on puisse parler de toi comme un véritable songwriter ?

Je ne suis pas suffisamment prétentieux pour me considérer comme un vrai songwriter. J’écris mes chansons avec mes propres textes et je tente constamment de m’améliorer mais je crois que ma marge de progression est encore très importante. Mes chansons sont trop tortueuses pour me permettre d’être un songwriter, je me vois comme un constructeur de Légos. (rires)

Ton album est entré à la 4ème place des charts anglais lors de sa sortie en début d’année, t’attendais-tu à une telle réussite ?

Ce fut un véritable choc pour moi. Un choc délicieux mais très violent lorsque j’ai appris la nouvelle. Je suis très reconnaissant envers toutes les personnes qui ont acheté ce disque et m’ont permis de réaliser cela. Mes fans ont joué un rôle très important et sans eux rien n’aurait été possible. Je m’estime très chanceux d’être soutenu par toutes ces personnes.

Ne crois-tu pas que le fait d’avoir distribué gratuitement tes mix tapes durant plusieurs mois t’a permis de constituer un noyau dur de fans ?

Je ne sais pas, mais ce dont je suis certain c’est que les gens aiment découvrir de nouveaux artistes. J’adore faire ces mix tapes pour pouvoir les partager avec tous mes fans par la suite, c’est en quelque sorte ma manière de promouvoir les artistes que j’apprécie. Quand j’étais plus jeune j’adorais écouter les cassettes que mes amis me donnaient, et désormais c’est à mon tour de faire la même chose pour d’autres personnes.

Durant ta jeunesse tu as beaucoup souffert de crises d’angoisses, à tel point que tu as donné le nom de Panic Prevention à tes mix tapes, tes soirées et même ton album !

C’est une époque de ma vie que je préfère oublier car j’ai énormément souffert de ces crises. Je n’avais aucun contrôle sur ma vie, je ne pouvais rien faire sans être surveillé par une autre personne. Ces crises ont disparu par la suite et j’apprécie d’autant plus ma vie actuelle après toutes ces souffrances.

Il te faudra pourtant trouver un nom différent pour ton prochain album…

Et pourquoi je ne pourrais pas l’appeler « Panic Prevention 2 » ? (rires). Qui sait de quoi le futur sera fait, je trouverais certainement une idée d’ici là !

Ton premier album a donc été enregistré dans ta chambre et non dans un studio comme le font la majorité des artistes. Pourquoi ce choix ?

C’était simplement le choix le plus judicieux à ce moment là. J’ai travaillé durant des années dans ma chambre pour écrire des chansons et enregistrer des démos, alors pourquoi changer sous prétexte que ma maison de disque peut me payer un studio ? Je ne pense que j’aurais pu travailler dans d’aussi bonnes conditions en studio car j’ai toutes mes habitudes dans ma chambre, personne ne vient me déranger et je suis véritablement maître de mes décisions. Je n’ai aucun regret.

Je crois que tu as joué de tous les instruments présents sur le disque ?

Tout à fait. Je suis un boulimique musicalement, j’ai passé beaucoup d’heures à jouer dans ma chambre et j’ai ainsi pu expérimenter beaucoup de choses très différentes… mais je ne suis pas vraiment bon avec tous ces instruments. J’ai appris tout seul et ma technique est parfois un peu personnelle, pas très professionnelle ni développée. Mais peu importe, en persistant encore et encore je suis parvenu à maitriser ces instruments et à en tirer ce que je voulais !

Tout en sachant que tu n’apprécies que modérément la presse, que représente pour toi le fait d’avoir remporté le NME Awards du meilleur jeune artiste britannique ?

Ce n’est pas véritablement un prix venant du NME car ce sont les amateurs de musique qui ont voté, mes fans et toutes les personnes qui m’apprécient. C’est vraiment un prix dont je suis fier car il vient des personnes qui m’ont soutenues, par d’un vulgaire magazine comme le NME. La musique n’est pas un concours, il n’est pas question de savoir qui gagne ou perd des prix ou qui est ami avec quel journaliste. Pas pour moi en tout cas. Je veux simplement écrire de la musique qui touche les gens.

Quels sont tes plans pour les mois à venir ?

J’espère donner beaucoup de concerts, prendre du plaisir dans la vie et pouvoir apprécier la compagnie de mes amis. Juste profiter de la vie…