The Wave Pictures

Et de 19 ! Quelle incroyable productivité de la part de The Wave Pictures depuis 2003. Formé dans la petite ville de Wymeswold dans le Leicestershire, ce trio toujours constitué de David Tatterstall, Franic Rozycki et Jonny Helm poursuit son insatiable quête de l'album pop parfait, si tant est que ce noble but soit atteignable.

Et pourtant, depuis deux décennies maintenant, The Wave Pictures semblent guidés par une foi sans faille dans leur amour de la musique, leurs productions répondant à leurs phases créatives sans aucune contrainte calendaire, produisant souvent plusieurs disques la même année. Ne se soumettant à aucune injonction de labels, signant systématiquement chez des maisons de disques indépendantes aventureuses (en ce moment chez Moshi Moshi), le groupe répond uniquement à l'appel de l'inspiration, sa carrière étant une succession sans temps morts de disques, concerts et side-projects (dernier exemple en date, la power pop psychédélique de The Surfing Magazines en collaboration avec Charles Watson, ex-Slow Club).

Ainsi, à la suite de la mise à pied générale que tous les artistes ont subi, rien d‘étonnant que de retrouver le trio avec un impressionnant nouvel essai intitulé When The Purple Emperor Spreads His Wings, se frottant ainsi à l'exercice périlleux du double album, souvent interprété comme trop audacieux voire prétentieux quand les groupes s'y risquent. Autant clore immédiatement le sujet : When The Purple Emperor Spreads His Wings est une réussite et son riche contenu s'explique par son concept lui-même : un récit construit autour du thème des quatre saisons et une série de petites histoires qui tournent autour de la notion du temps qui s'écoule, plus ou moins joyeusement.


Fidèles à eux-mêmes, The Wave Pictures dévoilent un album qui allie de façon harmonieuse leur maitrise de la pop britannique des années 60 au son americana, avec ce qu'il faut de folk, country et de surf music. Pas de surprises ici mais la fluidité dans l'agencement des titres et leur parfaite exécution permettent de se plonger dans ce nouvel album comme au premier jour.
Les récits se suivent mais ne se ressemblent pas : histoires torturées de Samson et Jennifer, réflexions contemplatives dans Never Better et River Of Gold, soupçon de nostalgie avec Back In The City et Walking To Wymeswold, et une belle série de titres doux et mélancoliques où aucune place n'est laissée aux fioritures : guitare, basse et batterie mènent simplement le jeu de façon efficace, souvent rehaussés par l'harmonica de David Tatterstall.


Le point fort est ici le chant de David Tatterstall qui, malgré deux décennies, n'a en rien perdu de ce timbre faussement juvénile et toujours aussi incertain comme sur les balades This Heart Of Mine ou I'd Rather Be Doing Anything. Ce dernier sait prendre plus d'assurance lorsque les guitares deviennent plus bluesy comme avec Hazel Irvine ou carrément country « red neck » sur Dale It's A Damn Shame. On retrouve alors chez ce style vocal « sortie de route » cher à Steven Malkmus ou Wayne Coyne, pour ne citer qu'eux.

Le double album, qui réunit vingt morceaux pour « seulement » une heure et quelques minutes, peut représenter un petit défi s'agissant de garder toute son attention dans une écoute complète, sans interruptions. Il est évident que les non anglophones auront plus de peine à s'immerger dans le road trip qui nous est proposé mais le disque mérite vraiment que l'on s'y plonge régulièrement, tant l'univers dans lequel on nous invite à pénétrer est riche de textures et influences.

The Wave Pictures est probablement le plus américain des groupes de pop anglaise, et cette minutie à faire se coordonner ces deux mondes est à chaque production parfaitement exécutée.