Pour la dernière soirée de son édition 2011 organisée dans la salle de la Boule Noire, laquelle aura notamment accueilli Yuck, Mona ou Viva Brother les jours précédents, le Festival Les Inrocks Black XS nous proposait en ce dimanche 6 novembre l'un des plateaux les plus alléchants de la semaine. Entre la révélation
François & The Atlas Mountains, les prometteurs
Dog Is Dead et
Zulu Winter ou encore des
Dry The River promis à un bel avenir, le public ne pouvait qu'y trouver son compte une fois encore.

Trente petites minutes après l'ouverture des portes, c'est à 19h30 que
Zulu Winter font leur apparition face à une petite cinquantaine de personnes. Sourires timides et polis, applaudissements fébriles, la méfiance est de mise sur scène et en fosse, mais les cinq musiciens dont la presse musicale s'est enfichée depuis quelques semaines et l'annonce de la sortie du single
Never Leave vont rapidement rompre la glace. En ouverture,
Key To The Heart et son refrain immédiatement mémorisé posent les bases d'un concert sans fioritures mais mené avec un certain aplomb. La pop aérienne teintée de discrète sonorités électroniques fait rapidement son œuvre, les têtes dodelinant en rythme d'une basse gagnant en présence au fil des minutes alors que le public se fait progressivement plus compact.
Sous ses faux airs d'Alex Kapranos, Will Daunt semble ponctuellement tutoyer les pirouettes vocales de Chris Martin, notamment lors de montées dans les aigus maitrisées accompagnant les progressions instrumentales dignes de Wild Beasts. Après une première moitié de set réussie et ponctuée par l'excellent
Never Leave, le quintette s'oriente par la suite vers une série de titres plus accrocheurs et potentiellement destinés à devenir de futurs singles. On pourra notamment citer un très réussi
Small Pieces, moins surprenant que ses prédécesseurs certes, mais au potentiel à n'en pas douter plus grand encore. Une demi-heure qui aura au final confirmé que l'intérêt porté à Zulu Winter est assurément mérité et amené à grandir progressivement dans un futur proche.

A peine les lumières se sont-elles rallumées que le public se déplace massivement vers les premiers rangs en vue du concert de
François & The Atlas Mountains dont la coté de popularité ne cesse de grimper ces dernières semaines. Un enthousiasme confirmé dès la première composition jouée par un public enchanté, alors que le set du français va voir se mêler folk, electronica et percussions. De percussions, il est également question quelques dizaines de mètres plus loin sur la scène de la Cigale avec
Django Django. Contraints d'annuler leur venue à la dernière minute l'année passée, les anglais vont à quant à eux évoluer dans un univers à mi-chemin entre Hot Chip et Metronomy, sans toutefois réellement parvenir à convaincre une assistance peu réactive face à des compositions manquant cruellement de diversité.
Il est désormais 21h30 dans la salle de la Boule Noire. De nombreuses personnes présentes exclusivement pour assister à la prestation de François & The Atlas Mountains ont désormais déserté les lieux mais les cinq anglais de
Dog Is Dead vont rapidement s'employer, avec un certain brio, à réveiller un public que l'on pouvait craindre éteint en cette fin de week-end. Si les compositions pop présentées semblent parfois trop inspirées par celles de nombre de leurs collègues, des Maccabees à Mystery Jets en passant par les Kooks ou autres Rumble Strips, le groupe fait rapidement preuve d'une bonne humeur à toute épreuve et d'une énergie que l'on pourrait penser inépuisable.
Plus encore que la qualité d'écriture, le chant est assurément le meilleur atout du groupe, notamment lorsque les harmonies vocales de l'ensemble des musiciens prennent le dessus sur les mélodies et se font plus chaleureuses. Lorsqu'il choisit de délaisser sa basse pour le saxophone, Lawrence Cole apporte plus de corps aux chansons, notamment lors d'une fin de set plus relevée de par la présence des singles
Young et
Hands Down, tous deux interprétés par des musiciens enjoués et portés par un petit groupe d'adeptes installés dans les premiers rangs de la salle. S'il leur faudra sans doute parvenir à mieux affirmer leur identité pour parvenir à sortir du lot, Dog Is Dead possèdent à n'en pas douter déjà toutes les qualités scéniques pour requises.

Lorsque
Dry The River prennent place peu après 22h30, la première surprise réside pour beaucoup en l'allure des cinq musiciens : la plupart d'entre eux arborent en effet moult tatouages, vestiges de leurs expériences passées. Des vestiges d'un temps encore proche tant le groupe s'applique à durcir le ton et muscler le son de ses compositions une fois monté sur scène. Si la subtilité et la touche folk de titres comme
No Rest, judicieusement choisi pour débuter le set,
Weights And Measures ou
Family Tree sont préservées, les guitares et le chant se veulent ponctuellement plus mordants, apportant un surplus de fougue à des chansons rythmées par le chant de Pete Liddle et justifiant ainsi la nécessité de vivre l'expérience live à leurs cotés.
Alors que leur premier album ne devrait pas voir le jour avant le printemps 2012, les chansons proposées sont majoritairement extraites des premiers singles et EPs de la formation, notamment
New Ceremony, impeccablement transcrit ce soir. Pour
Weights And Measures, c'est a capella que les voix se chargent d'ouvrir le bal avant d'être rejointes par les instruments dans un sursaut d’électricité. Pour l'ultime titre de la soirée, ces durs aux cœurs tendres accélèrent une fois encore le rythme, les instruments tutoyant une dernière fois le punk dans un déluge instrumental désormais bien loin des aspirations parfois trop sages de leurs enregistrements studio.
Ce soir, la jeunesse aura triomphé dans une Boule Noire aux multiples facettes. En théorie comme en pratique, les espoirs auront tenus toutes leurs promesses !