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Ed Sheeran
Trophy Wife

Paris, Nouveau Casino - 22 novembre 2011

Live-report par Edina Tymp

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Je ne m'attendais à rien, puisqu'en début de semaine l'apathie du week-end ne m'avait pas encore quittée. Comme le disent les gens qui ont toujours le mot si banal qu'on déteste les entendre parler : « Si on ne s'attend à rien, on n’est pas déçu ». C’est précisément ce qui s’est passé mardi soir, puisque je me serais cru aux pays des merveilles d’Alice.

En arrivant, un peu en retard, donc en courant et échevelée jusqu'à Oberkampf; Trophy Wife vient à peine de débuter son set. Il est 19h45 et le public danse déjà la salle. Une énergie bon enfant et très joyeuse circule : il faut dire que la bonne humeur communicative du groupe n'y est pas étrangère. Les Trophy Wife sont originaux par leur formation : un guitariste-chanteur pas des plus répugnants, un clavier accompagné de leur mascotte (un lapin blanc, tiens tiens...), un bassiste et le quatrième membre monté sur ressort jouant debout de la batterie-électrique.
Trophy Wife oscillent entre dub pesante qu'affectionnent les anglais, et fourmillements électroniques, gadgets sonores et autres beats entrainants. Car le groupe sait y faire pour tout qui tape à l'oreille, après tout, n'est-ce pas le but d'une Trophy Wife est de se trouver un Sugar Daddy ? Pour cela, elle userait de tous ses atouts. Que ce soit d'un vaporeux dub sur Microlight ou d'un rythmé Canopy Shade aux faux airs de Foals, Trophy Wife ont plus d'un tour dans leur sac de femme vénale.

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Lorsque le plateau est près pour la deuxième partie, la scène se remplit de musiciens. Le banquet du Chapelier Fou peut alors commencer avec un accordéoniste-clavier, une choriste, un bassiste, un guitariste, un batteur et enfin la chanteuse. Je vous le dis tout-de-go, Fallulah c'est une Alice qu'on retrouve à la fin de son voyage initiatique et psychédélique, qui refusera certainement d'aller boire le thé de 17h00 avec grand mère sauf s'il y a du Whisky au fond.
Commence alors un véritable spectacle durant lequel tous les musiciens se renvoient la balle. Fallulah s'amuse et tourbillonne sur elle-même, avec une énergie qu'on croirait inépuisable. Au bout de la troisième chanson, apparaît une contrebasse, la jeune chanteuse saisit un Ukulélé tout en expliquant que c'est une chanson sur les gens qui détestent vraiment, vraiment, mais alors vraiment leur travail; elle peut d'autant plus le chanter que ce n'est plus son cas.
Tout au long du concert différents instruments s'ajoutent, le banjo, le clavier ou des percussions latino. Cette diversité musicale soutenue par la puissance vocale incontestable de Fallulah nous offre un set multiple, parfois aux consonances ska et parfois aux musiques des Balkans nous projetant dans le Transylvania de Tony Gatlif. Au bout de quarante-cinq minutes effrénées, le banquet s'achève sur Give Is A Little Love, évidemment.

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Mais ce n’est pas vraiment pour Trophy wife ni pour Fallulah que le public s’est massivement déplacé à la soirée Custom, qui affiche ce soir complet. La tête d'affiche n'est autre qu'Ed Sheeran, jeune chanteur-compositeur-homme orchestre de vingt ans, un mélange de la chenille d'Alice, dont les bras lui permettent de faire tout ce qu'il désire sur scène, et de la Reine de Coeur (uniquement pour la couleur de cheveux). Pour le reste on comprend vite que les jeunes filles l'adorent, et que son parcours est saisissant : autodidacte, il sort un premier EP à 14 ans, et à 19 ans il plaque sa maison de disques pour cause de mésentente capillaire, entre autres. Nul doute que Mozart aurait eu une vie à peu de choses près semblable s'il était né 250 ans plus tard.
Ed Sheeran est donc seul sur scène, avec sa guitare et son looper, et le jeune homme sait jouer de sa guitare. On pense immédiatement que Damien Rice pourrait être son père, Jason Mraz son cousin germain et Jack Johnson son pote de la plage. C'est gai, entrainant, jeune et frais... et ne s'adresse pas qu'aux midinettes.

Le moment que tout le public attendait arrive enfin, Ed Sheeran entamant son single The A Team avant de poursuivre sur sa lancée jusqu'à la fin de la soirée, confirmant jusqu'au bout que les bonnes surprises donnent du panache à la journée.