Qu'importe la qualité ou la renommée des artistes invités, la soirée Kitsuné Maison En Vrai! fait régulièrement recette à chacune de ses éditions. En ce premier jour du mois de décembre 2011, le label franco-japonais avait concocté un plateau intégralement britannique, rassemblant quatre formations en devenir dont sa dernière signature en date, CITIZENS!. De découverte en découverte, les satisfactions et confirmations n'auront pas manqué dans la petite salle de la rue Boyer.

Le public, ce soir, semble bien décidé à prendre son temps pour investir les lieux. Alors que l'ouverture des portes est effective depuis 19h30, près d'une heure va s'écouler avant que l'audience ne soit jugée suffisamment fournie pour lancer les hostilités. Face à une cinquantaine de curieux,
Life In Film vont éprouver toutes les peines du monde à exister et capter l'attention, la faute aux trop nombreuses insuffisances de la formation londonienne : peu de charisme, des compositions répétitives et peu inspirées ainsi qu'un manque d'envie surprenant ne convainquent à aucun moment une fosse il est vrai peu concernée par la vaine tentative de conquête du quatuor. Leur pop reposant principalement sur les guitares et une voix dont les intonations nous ramènent sans cesse du coté de Caleb Followill et des Kings Of Leon provoque un ennui grandissant au fil des minutes, et même si le dynamique
Get Closer nous propulse le temps d'un titre vers l'univers de Vampire Weekend, c'est dans une certaine indifférence que Life In Film quittent les lieux après avoir été contraints de sacrifier leur dernier titre en raison du retard accumulé.

Place est faite quelques quinze minutes plus tard à
Zulu Winter dont la cote de popularité ne cesse de grimper ces dernières semaines. Après un premier concert en France remarqué lors du récent Festival Les Inrocks Black XS et une signature chez PIAS Recordings officialisée quelques heures plus tôt, les cinq anglais vont s'appliquer durant trente minutes à démontrer que leurs progrès restent constants. La setlist du soir ressemble à s'y méprendre à celle proposée le 6 novembre dernier mais le groupe fait preuve d'une aisance nouvelle et d'une volonté évidente de marcher main dans la main avec le public. Un public désormais plus fourni et impliqué qu'il ne l'était précédemment, notamment de par l'activité d'un Will Daunt impeccable au chant. Portée par des lignes de basse invitant à la danse, leur pop teintée d'électronique reçoit des applaudissements mérités, notamment durant l'impeccable entame
Key To The Heart/
Should Be Swimming et
Silver Tongue, tube en puissance judicieusement choisi pour achever sur un temps fort une prestation une fois encore porteuse d'espoirs. Avec un premier album attendu en mai 2012, Zulu Winter devraient assurément se placer comme l'une des révélations de l'année prochaine.

De probable révélation il est également question avec
CITIZENS!, derniers arrivés en date au sein de l'écurie Kitsuné avec un premier single,
True Romance, à paraître le 19 décembre. Pour cette première en France, les cinq britanniques semblent, dès les premières minutes de leur set, se placer au centre des attentions de la part d'un public désormais amassé dans la salle de la Maroquinerie. S'il peine à trouver le bon tempo durant les premières minutes, Thomas Burke (ex-Official Secrets Act), de sa voix chevrotante et manquant parfois d'assurance, s'impose très rapidement comme la locomotive du groupe : micro à la main, ce dernier arpente la scène avec énergie et conviction alors que ses quatre camarades, moins exubérants, se contentent de tenir leur place avec application. Plus musclées et abouties que celles de leurs prédécesseurs du soir, les compositions de CITIZENS! puisent leur force dans des sonorités disco-rock et des mélodies évidentes dès la première écoute, les premiers rangs se laissant aller sans rechigner durant près d'une demi-heure à de multiples pas de danse et un enthousiasme non feint. Des huit titres proposés ce soir, tous convaincants à divers degrés, on retiendra notamment les impeccables
Reptile et
She Said, alors que le fameux
True Romance, en clôture du set, s'avère au final le plus faible du répertoire présenté ce soir. Après Two Door Cinema Club ces deux dernières années, Kitsuné tient sans doute ici sa nouvelle poule aux œufs d'or.

Il est 23h passées lorsque vient le tour de
Theme Park face à une assistance désormais réduite. Les attentes ont jusqu'alors été comblées par Zulu Winter et CITIZENS mais le clou du spectacle est pourtant encore à venir. A peine sortis de l'adolescence à en observer leurs visages juvéniles, les cinq londoniens vont marquer les esprits en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. S'ils s'avancent et prennent place avec une certaine timidité face à leurs instruments alors que les bavardages redoublent d'intensité dans la fosse, ces derniers vont immédiatement dévoiler un sens de la mélodie déroutant, notamment lorsque trois guitares se voient simultanément triturées avec un étonnant savoir-faire. Avec le superbe single
Milk, leur pop tropicale teintée de discrètes sonorités synthétique prend son envol et ne jamais fléchir. Sur scène, lorsqu'il ne se concentre pas sur son chant, Miles Haughton semble presque gêné de la chaleureuse réaction d'un public dont l'intérêt pour cette petite troupe de gamins ne cesse de croître parallèlement à la qualité des chansons interprétées. En moins de trente minutes, l'affaire est pliée, et si l'on pourra regretter un manque ponctuel de diversité, la décision de Transgressive Records de s'attacher leurs services n'aura jamais paru autant justifiée.
Avec une déception et trois prestations de qualité, voilà une soirée qui aura largement rempli son contrat !