Après une très belle prestation lors de la dernière édition de Rock En Seine, les anglais de The Horrors, à l’occasion d’une tournée française, investissaient le Bataclan de Paris mercredi soir dernier.
On peut d’abord se demander quelle mouche a bien pu piquer le groupe d’inviter les américains de
Cerebral Ballzy pour ouvrir leur concert. Si c’était pour chauffer la salle, il n’était nullement nécessaire de s’en remettre au groupe de Brooklyn, le Bataclan étant une fois encore un véritable sauna. Inaudibles au possible pour ne pas dire grand guignolesques, les trente minutes du collectif punk inquiètent ainsi sur la teneur du concert à suivre des britanniques. Va-t-on vivre en live un flashback vers
Strange house, le premier album de The Horrors aux influences punko-gothiques ?

La réponse est rapidement délivrée avec l’entrée sur scène des cinq anglais sur les coups de 20h40. Faris Badwan, chanteur du groupe, veste en cuir et tout de noir vêtu, salue le public parisien avec un « Bonsoir les amis » plutôt de bon augure. Le groupe entame son set avec
Changing The Rain, morceau d’ouverture de leur dernier opus. Lumières bleues, rouges, et vertes, la plupart du temps tamisées, c’est bien dans une semi-pénombre que se dissimule le quintette anglais. Et pourtant, au vu de l’excellence de leur début de concert, il n’y a pas lieu de se cacher !
Le groupe est parfaitement en place. Une guitare aux sonorités psychédéliques, une basse bien métallique, les nappes synthétiques d’un clavier aux réminiscences des Psychedelic Furs, une batterie joliment percutante, tout fonctionne à merveille. Faris Badwan, dont le timbre de voix rappelle souvent celui de David Bowie voire celui de Richard Butler des Psychedelic Furs (Et oui, encore !), se montre toutefois peu bavard. A l’exception de quelques remerciements ou d’un ou deux titres présentés, le contact avec le public se résume au strict minimum. Cependant, difficile de lui reprocher quoi que ce soit sur son chant et sa prestation scénique.
Le public commence à pogoter dès les premières notes de
Who Can Say. Quelques slammeurs se promènent sur une partie de l’audience (Le premier d'entre eux, recueilli par le service d’ordre, aura d’ailleurs le droit à une rapide poignée de main avec le leader de The Horrors). L’ambiance est chaude et remuante dans les premiers rangs ! Le répertoire joué ce soir se partage entre les titres de
Skying et de
Primary Colours, les deux derniers opus du groupe. Fausse alerte donc vis-à-vis de leur première partie et point de come-back vers les tous débuts du groupe. Le somptueux
Sea Within A Sea n’est fort heureusement pas oublié. Cependant, stupéfaction totale, à l’issue de
Still Life, le groupe quitte la scène du Bataclan. Le show n’a duré que trois quarts d'heure !

Un interlude musical de près de cinq minutes nous fait patienter jusqu’au retour des anglais pour un rappel d’anthologie. Celui-ci démarre en effet sur les chapeaux de roue avec les deux premiers titres du magnifique
Primary Colours :
Mirror’s Image et
Three Decades. L’atmosphère moite et survoltée ne va pourtant pas continuer très longtemps. La dizaine de minutes d’un
Moving Further Away joliment psychédélique constituera bien le dernier morceau de ce concert.
On ressort du Bataclan avec le sourire mais avec un léger sentiment d’inachevé. Ce groupe possède assurément un potentiel énorme. Il ne lui manque qu’un tout petit peu d’endurance.