The Horrors

Trois ans après leur dernier effort en date, The Horrors sont de retour avec leur cinquième album, très sobrement intitulé V.

Pourtant, ce fut loin d'être simple pour en arriver là. L'échec retentissant de leur précédent disque avait laissé pas mal de traces. Le groupe avait probablement vu trop haut à cette époque avec le son énorme présent sur Luminous. The Horrors avaient pour ainsi dire changé de style musical. Il se voulait plus grand public, mais ne devient pas U2 qui veut. La preuve.

Pour ce tout nouvel opus, les anglais ont fait appel à Paul Epworth, connu pour ses travaux antérieurs avec Babyshambles, Bloc Party, Adele ou encore U2, pour la production. C'est dire si le groupe reste ambitieux. D'ailleurs, cela s'entend dès le démarrage de l'album, sur Hologram, morceau flirtant avec John Foxx voire Gary Numan. Le côté électronique sale, presque suintant, est omniprésent sur ce morceau. Le beat est étouffant. En résumé, The Horrors donnent le ton d'entrée.
L'électronique est d'ailleurs le point essentiel de cet album. Cependant, par rapport à ses deux prédécesseurs, son utilisation est assez différente. Elle est probablement plus en adéquation avec cette direction que cherchait à suivre la troupe de Faris Badwan. Un son résolument plus dark, sans pour autant sombrer vers la dark wave. V se montre d'ailleurs plus sautillant que dansant. Press Enter To Exit en est un très bon exemple.

Les guitares ne sont pas pour autant en reste. Même si elles ne figurent pas toujours au premier plan, Machine les caractérise à merveille. Souvent progressif, V est un disque qui surprend et nécessite un peu de temps avant que l'auditeur ne puisse se laisser happer par ses grandes vagues hypnotisantes. Car en effet, ce n'est pas un disque qu'on écoute d'une oreille distraite ou qu'on mettra en fond sonore. V est un disque éprouvant qui a probablement nécessité beaucoup d'énergie de la part des anglais. Les compositions sont longues (un seul titre fait moins de quatre minutes) et prennent souvent une tournure musicale relativement différente par rapport aux intros. (Ghost, Weighed down). Si A Good Life a des accents downtempo, Something To Remember Me By qui conclut l'album a davantage à voir avec le dancefloor. Il fait d'ailleurs mouche, même s'il ne résume pas vraiment le contenu de ce disque.

C'est donc un disque très éclectique que The Horrors ont réalisé. Peut-être ont-ils souhaité tout donner, voire trop donner, comme si c'était un peu leur dernière chance ? Au final, ils s'en sortent plutôt bien même si cela reste un peu difficile de cerner la direction que le groupe cherchait vraiment suivre. V ne laissera pas l'auditeur indifférent et il faudra probablement plusieurs écoutes avant de pouvoir réellement apprécier cet album. Comme on dit souvent, il faut parfois laisser du temps au temps. The Horrors l'ont pris et au final ont réussi à nous surprendre une fois encore.