Devant la Maroquinerie, perchée sur les hauteurs de Ménilmontant, trône un énorme tour bus de deux étages et sa remorque. Il y a des signes qui ne trompent pas sur le fait qu’un groupe devient important. Ce soir
The Maccabees jouent à guichets fermés dans la petite salle parisienne. La date était complète avant même la sortie de leur troisième album il y a quinze jours.
C’est aux jeunes
Air Bag One d’ouvrir pour les les anglais sur l’ensemble de la tournée européenne. A trois, ils se donnent du mal pour blinder de mélodies leurs chansons à coup de guitares sur-aiguës, de synthés et de voix puisque les trois membres prennent le micro. Le public prête une patiente attention à leurs chansons précieuses de pop expérimentale, mais il reste encore du travail au groupe pour maitriser ces compositions et le chant.

Après un break de trente minutes, c’est à la troupe des Maccabees de monter sur la petite scène de la Maroquinerie. A six, ils occupent bien l’espace, ce qui n’empêche pas Orlando, le chanteur, et les deux frères White à la guitare de lancer les premiers arpèges de
Child dos au public et collés les uns autres. C’est une musique intimiste à n’en pas douter, même si leur dernier album invite plutôt aux grands espaces.
Dès l'entame ce public acquis à leur cause s'implique complètement dans le concert, y compris un contingent non négligeable d’Anglais qui ont traversé le channel pour avoir une dernière fois la chance de voir le groupe dans une salle de taille raisonnable. Sans excès de confiance, le groupe est parfaitement à l’aise sur scène et rentre très vite en communion avec son public sans avoir recourt à des blagues complices. La communication passe quasi exclusivement par leur musique et la puissance qu’elle dégage. Une ambiance particulière s’installe autour de ce show intimiste et très carré, comme l’impression d’assister à une session privée.
Le light show et la sonorisation sont parfaits, c’est le bon côté d’un groupe qui prend de l’importance. Même si l’album est encore frais, le groupe a travaillé ses interprétations qui retranscrivent parfaitement en live l’univers de
Given To The Wild, et ce sans donner l’impression de jouer le disque sur scène. En interview, le groupe nous a confié ne jamais avoir pensé à la scène en enregistrant l’album, mais qu’il restait encore du travail pour adapter au live deux dernières chansons. Les autres, ce soir, sont parfaitement en place et font honneur à leur excellent troisième album.

Après un début de concert essentiellement consacré aux nouvelles compositions avec une montée progressive, le rythme s’accélère franchement avec des morceaux qui s’enchainent plus vite à partir de
William Powers et une série de titres extraits de leurs deux premiers albums. En concert, les nombreuses guitares (jusque trois) redonnent un accent pop très anglais à leurs chansons : sur les plus rythmés et bruts comme
First Love,
X-Ray et
Can You Give It, la grande complicité entre les membres du groupe rappelle les meilleurs moments des
Libertines.
La première moitié de
Forever I’ve Known permet de réduire légèrement la pression avant que le morceau n’explose et que le groupe n’enchaine sur
Love You Better et un impressionnant
Pelican. A cet instant, le groupe marque une pause avant de revenir pour un rappel, lequel, fait assez rare, sera constitué de deux titres récents sur les trois joués. C’est l’occasion pour Orlando de laisser le microphone à Sam, lequel s'exprime dans un français impeccable, le temps de nous dire quelques mots pour la gloire.
Le dernier morceau en apothéose,
Grew Up At Midnight est dédié à
François Chevalier (ndlr : ingénieur du son pendant les sessions de
Wall Of Arms, il est décédé l’année dernière de la grippe H1N1), aka Franky Knight, à qui Air Bag One avaient aussi dédié leur concert un peu plus tôt dans la soirée.