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Connan Mockasin

Paris, Cigale - 25 mars 2012

Live-report par Cyril Open Up

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Comme tous les ans depuis 1976, le supplice de la perte d'une heure de sommeil se réitère en ce dernier week-end de mars. Aujourd'hui, la peine est encore amplifiée par un début de concert annoncé à 18h00 (soit 17h00 heure ancienne pour ceux qui ne suivent pas). A l'heure dite, le public se masse pourtant déjà en nombre sur un boulevard Rochechouart ensoleillé afin de pénétrer dans la mythique Cigale.

A l'intérieur, Mickey Moonlight est déjà à l'oeuvre. Derrière une table, très souvent les mains croisés qui soutiennent sa tête avec le regard dans le vide, tantôt avec le casque sur les oreilles et tantôt sans, il enchaîne les disques. On croirait presque que quelqu'un l'a sorti de sa sieste et que cette première partie ne l'enchante guère. On le sent hésitant, pensif et pas vraiment impliqué. Le public très bavard mettra cependant plus d'une heure à lui faire savoir qu'il en a assez. Le seul instant de réjouissance restera sa (fausse) sortie pour aller chercher une bouteille d'eau avant de revenir. Ces 1h45 d'attente furent tout bonnement interminables, même en bonne compagnie.

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Le temps de débrancher tout ça, de préparer la suite, d'accorder un peu le matériel et l'on va pouvoir passer au plat de résistance avec le néo-zélandais, désormais installé à Londres, Connan Hosford à la ville, aka Connan Mockasin sur scène.

Arrivés sous de nourris applaudissements, Connan, sa provision de bouteilles de vin et ses perruqués Mockasin à chemises pailletées prennent place derrière leurs instruments. Le concert débute par de timides tapotements de baguettes puis l'invitation de « huhuter » avant que la guitare ne fasse son apparition bientôt suivie par la voix reconnaissable entre mille et éraillée par les effets de Connan. La pop psychédélique du quintet est un délice. Les influences de Connan sautent immédiatement aux oreilles, que ce soient The Beatles, Pink Floyd ou encore Jimi Hendrix, on voit ce que l'échevelé blondinet leur a empruntés.
Les quatre premiers titres sont joués dans le même ordre que sur album et quasiment sans temps mort. Le batteur à une seule couette fait preuve d'un hallucinant déhanché et frappe avec minutie et précision. L'hypnotique Faking Jazz Together transporte toute la salle dans une rêverie commune que rien ne pourrait interrompre. Il remercie l'attentive audience avant de débuter le réarrangé et entrainant Egon Hosford en position de boxeur mimant de petits moulinets comme s'échauffant avant d'affronter les cordes de sa guitare. Le batteur se soulève de son tabouret pour mieux amplifier les mouvements de ses bras. Puis, la cadence ralentit à nouveau avec le très beau et beatlesien Unicorn In Uniform. C'est ensuite au tour d'un morceau non enregistré mais déjà joué à We Love Green et à la Maroquinerie de surgir de la setlist. Dès les premières notes, un spectateur chante les paroles très fort, ce qui épate Connan. Il propose donc que l'on se joigne à lui pour en faire autant et il sera exaucé puisque nous voilà tous en train de susurrer à tue-tête I Wanna Roll With You.

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La chevauchée se poursuit avec Please Turn Me Into The Snat au cours duquel, sur une rupture a-capella, Connan s'amuse à prendre une voix chevrotante en tapotant sur sa pomme d'adam. Cela le fera beaucoup rire ainsi que les spectateurs qu'il remercie de deux V victorieux avec ses doigts. Derrière son côté réservé, le personnage est un joyeux drille doté d'un talent fou qui lui fera dégainer de petits solos de guitare que le grand Jimi n'aurait pas renié.
L'estocade finale pointe le bout de son nez. Une longue introduction jazzy sous acide, des sonorités katmandiennes, une langoureuse montée avec des guitares qui réverbent à fond, une basse qui prépare le terrain puis la foule en délire accueille Forever Dolphin Love, cavalcade de plus de dix minutes, comme il se doit. Le sol de la Cigale commence à trembler sous les trépignements d'un public embarqué comme un seul homme par ce véritable chef d’œuvre. Les accélérations et décélérations successives font durer le plaisir. Ce titre marteau trouve son apothéose dans une explosion finale où l'on croirait entendre un 33 tours joué en mode 45 tours. Les sourires se répandent sur les visages illuminés. Connan Mockasin est encore parvenu, à partir d'une musique exigeante et pas vraiment grand public, à s'attirer les ferveurs de tous mais cela n'est pas terminé. Ceux qui se rendent régulièrement dans les salles de concert le savent : lorsque c'est fini, il peut y en avoir encore.

Après quelques minutes d'encouragements, on installe deux chaises sur la scène. Une petite gorgée de vin à la bouteille pour se donner du courage plus tard et Connan présente son invitée Charlotte Gainsbourg avec qui il prépare une tournée. Leurs voix se complètent bien malgré une petite faiblesse de micro côté Charlotte. Cette ballade apéritive dans le plus pur style Mockasin donne envie d'en savoir plus sur leur future collaboration dans quelques semaines sur cette même scène.

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Après les remerciements du public, les musiciens entament une petite improvisation instrumentale au cours de laquelle disparaissent Charlotte et Connan. Ce dernier reparaît vêtu d'un perfecto, d'une perruque blonde, d'un chapeau, de lunettes de soleil et d'un gant rose en laine. Et le voici qui rend un hommage parodique au disparu Michael Jackson avec Remember The Time. Il salue toutes dents dehors avec son gant les spectateurs tout en chantant à la perfection. Il tente de réaliser un moonwalk (en n'y arrivant pas vraiment), son chapeau chute dans un saut de cabri. On sent tout le plaisir qu'il prend dans cet exercice. La complicité entre les cinq garçons est palpable et les réactions du public les encouragent à pousser le bouchon encore un peu plus loin. Ainsi, sur le dernier titre Lizard, Connan fend la foule en deux avec son acolyte aux claviers qui s'est procuré un casque de moto auprès du premier rang. Pour le grand final, ils organisent un défilé de mode improvisé où les volontaires peuvent déambuler sur l'imaginaire podium sous les clappements de mains de leurs voisins. Après un petit accident de visière durant le long intrumental de fin, il est temps de prendre congé. Les cinq musiciens saluent la foule en délire.

1h30 de sons étranges et de voix hantées par la grâce plus tard, les lumières de la Cigale nous intiment l'ordre d'atterrir après ce somptueux voyage au sein des contrées où un échevelé troubadour nous aura entraînés. On ne peut que souhaiter à Connan Mockasin que le succès grandissant et ô combien mérité dont il bénéficie se poursuive. A l'écoute des inédits joués et à la vue de la qualité de la prestation de ce soir, les salles ne sont pas prêtes de désemplir sur son passage.
setlist
    Megumi The Milkyway Above
    It's Choade My Dear
    Faking Jazz Together
    Quadropuss Island
    Egon Hosford
    Unicorn In Uniform
    I Wanna Roll With You
    Please Turn Me Into The Snat
    Forever Dolphin Love
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    Out Of Touch
    Remember The Time (Michael Jackson cover)
    Lizard
photos du concert
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