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Breton

Paris, Point Éphémère - 3 avril 2012

Live-report par Amandine

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Ambiance foncièrement différente des précédentes ce soir pour la quatrième venue à Paris en un an du collectif londonien Breton. La première raison, et non des moindres, est sans aucun doute le fait que pour la première fois, ils tenaient la tête d'affiche et ne se contentaient pas d'être crédités en petits caractères : aujourd'hui, le public est bien venu pour eux et justement, au Point Éphémère, c'est la foule des grands jours. La seconde raison est qu'ils ont tout à prouver à ce même public et aux médias qui n'ont cessé de les encenser et qui les attendent au tournant.

The Popopopops sont ce soir chargés de tenir le rôle longtemps attribué à Breton : les spectateurs ne se massent pas encore mais ils sont suffisamment bruyants pour insuffler aux Rennais l'énergie nécessaire pour produire un set de qualité. Leur électro pop dansante sied tout à fait à l'ambiance de la soirée. Le guitariste, malgré une jambe dans le plâtre, se déchaîne sur sa guitare tandis que les claviers s'excitent de plus en plus. Cette première partie est une vitrine formidable pour ce jeune groupe avant la sortie de son EP en mai prochain.

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Maintenant, passons aux choses sérieuses car tout le monde attend avec une impatience à peine contenue Roman Rappak et sa bande. Ceux qui avaient attiré une poignée de personnes à la Gaîté Lyrique en avril 2011 lors de leur premier concert en France ont aujourd'hui un statut bien différent. Jouissant d'une couverture médiatique n'ayant rien à envier à WU LYF, et forts de la sortie de leur premier album, Other People's Problems, quelques jours auparavant, le concert de Breton semblait être « the place to be » pour une grande partie des amateurs de musiques actuelles. Lorsqu'ils entrent sur scène dans un déchaînement d'acclamations, leurs silhouettes se détachant d'un fond de scène diffusant leurs vidéos, on sent que les choses ont définitivement changé pour Breton.
Privilégiant largement les titres de leur album (tout en insérant 15X et ses paroles en français et Episodes pour son potentiel dansant) ils se donnent corps et âme. Revisitant les morceaux pour le plus grand bonheur des inconditionnels (peut-être un peu moins pour les novices ayant pris le groupe en vol en lisant Magic ou le NME), ils en explorent et extraient des ambiances à la fois pesantes et joyeuses, dans une antithèse qu'on leur sait propre. Le son est lourd, fort et on regrette un peu la voix parfois trop étouffée de Roman qui, d'ailleurs, poussera de temps à autre son chant de manière un peu brouillonne, emporté par la fougue.

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Le chemin parcouru par Breton en un an est impressionnant et le groupe semble aujourd'hui avoir enfin éclos : leur musique est aboutie, la présence des cinq jeunes hommes est affirmée et le public est visiblement ravi. L'intensité du set amène forcément le groupe à ne jouer qu'une quarantaine de minutes : un peu court mais les Londoniens ont été tellement convaincants que personne ne leur en voudra, même si on aurait aimé entendre December ou The Well.
On retrouve un peu plus tard Roman Rappak ruisselant de sueur, les yeux hagards. Il semble sortir d'une longue transe et nous confie que « La France a décidément quelque chose avec Breton. Je ne sais pas d'où ça vient mais ce soir, l'énergie était palpable ». Nous sommes bien d'accord, quelque chose s'est passé.

Il reste à Breton à prendre encore un peu plus d'assurance et à apporter quelques réglages mais leur première prestation parisienne en tête d'affiche aura été une belle et franche réussite.