Breton

On reproche parfois à certains disques d’être redondants, à certains artistes de ne pas avoir su décliner leur univers de manière suffisamment large pour maintenir l’intérêt de l’auditeur sur la durée. D’un autre côté, l’éclectisme n’a rien d’une solution miracle : certains y perdent leur identité, tandis que d’autres, loin d’exceller en tout, accouchent d’un résultat somme toute moyen. Catégorie à laquelle appartiennent Breton.

Counter Balance, troisième et dernière pierre apportée à l’édifice entamé quelques mois plus tôt par Practical, est en effet à l’image des précédents efforts du groupe: véritable fourre-tout orienté hip-hop, cet EP démontre une fois encore l’étrange capacité qu’ont les protégés de Hemlock de diluer leur talent au gré d’expérimentations musicales franchement dispensables, si ce n’est carrément douteuses.
En ce sens, si un titre comme RDI interpelle par son beat accrocheur et ses cœurs à la Foals, il ne décolle jamais et finit purement et simplement par lasser; Hours Away, lui, agacera d’entrée ceux qui ne seront pas d’humeur à supporter un synthétiseur omniprésent, mais surtout digne des plus mauvaises productions Kitsuné. Autre déception, l’instrumental et néanmoins sympathique Pop Death s’éteint misérablement au bout d’une courte minute : sitôt venu, sitôt parti, on ne se souviendra de lui que comme d’un quelconque interlude. Autant dire, donc, qu’on ne s’en souviendra pas.

Mais Rappak et sa bande ont juste ce qu'il faut sous la casquette pour éviter la catastrophe, et si ça fait peu à se mettre sous la dent, deux titres restent malgré tout à sauver. Counter Balance tout d’abord, qui s’il empeste le « déjà entendu », a le bon goût de puiser son inspiration dans le rap américain des années 1990; le turbulent December ensuite, qui séduira celles et ceux qui ne sont pas allergiques aux grosses machineries R&B. Rien là-dedans ne marquera l’histoire de la musique, certes, mais on se console comme on peut.

On entrevoit donc des idées chez Breton, éventuellement de la bonne volonté, mais leurs bidouillages et autres assemblages sonores ne sont ni révolutionnaires (n’en déplaise à certains), ni captivants. De là à dire que nos quatre gaillards auraient besoin de prendre un peu l’air...