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One Night Only
Flash Fiktion

Paris, Maroquinerie - 4 mai 2012

Live-report par Natt Pantelic

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Dès l'arrivée devant la salle de la Maroquinerie, on découvre un public majoritairement féminin et jeune particulièrement surexcité, et l'on se dit que c'est de bon augure pour les groupes qui vont se produire ce soir à la Maroquinerie.

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Le groupe electro-pop Flash Fiktion est le premier sur scène pour jouer les titres de son premier album éponyme, sorti en septembre dernier chez Split records. Le premier morceau éclate, comme pour masquer la timidité de cette jeune formation aux quelques cafouillages techniques sur scène, mais la sympathie des musiciens résolument enjoués et l'assurance qu'ils prennent au fur et à mesure de leur show efface rapidement cette première impression.
Me And Mr E, deuxième titre plus soft mais toujours en flux tendu, questionne « where is she now ? ». On a envie de lui répondre « dans la salle, mais elle ne te voit pas encore ! ». Comme s'il avait entendu, le chanteur Matt Bishop invite alors le public à monter en marche dans le rythme qui va bon train de Metamorphosise, faisant claquer une invective punchy au dernier coup de batterie, diablement énergique à la fin de ce troisième morceau.
Peu emportés par la foule qui reste sur le quai à attendre le prochain convoi mais pris dans leur entrain, les Flash Fiktion se mettent alors sur des rails brûlants vers la destination finale du galopant Tomorrow's People aux guitares soyeuses, relâchant un peu de pression au passage avec des titres plus planants et à la batterie moins présente que sur un Starry Glow, à l'influence cold wave revisitée et captivante.
Dans ce voyage à toute berzingue, la locomotive Flash Fiktion nous offre des étapes aux influences composites réjouissantes. Les teintes afro-caribéennes de Capsules Of Sun, lequel rappelle le Surprise Hotel des Fool's Gold, tiennent leur promesse colorée. Quand Matt Bishop demande à la fin du set « Mental, uh ? », on ne peut que lui répondre « Hell, yeah ! ».

Promettons-leur à notre tour que pour leur prochain passage en France, s'ils continuent sur cette dynamique, ils auront gagné un public plus sensible à leur charme énergisant ! Après l'épisode Switches, premier groupe de Matt Bishop et Ollie Thomas en 2007, Flash Fiktion (ndlr : nom tiré d'une forme narrative très courte) développent maintenant un art musical créatif et puissant. La délicieuse diversité de leurs sons, électro, pop, rock, expérimental, leur audace dans la rupture et leur maîtrise sur tous les tempos imaginables valent à cette formation sud-londonienne leur identité originale.

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On ne peut pas en dire autant des bien-nommés One Night Only. Dès l'apparition sur scène de ce groupe venu du Yorkshire, le public est totalement en transe. Le très attendu et médiatique chanteur George Craig arrive sous les hourras de fans inconditionnelles, dans un look saut-du-lit-négligé-bohème et coiffé d'un large chapeau de feutre noir, qui n'est pas sans rappeler celui des débuts d'un certain Bono. Tout au long du concert, on a effectivement une impression de déjà-vu... Mais pas que ! On a aussi une impression de déjà-entendu. Les morceaux s'enchaînent machinalement et pour occuper un ennui naissant malgré quelques instants de guitares et claviers vibrants, on se surprend alors s'adonner au jeu des sept erreurs, ramenant chaque morceau à l'influence qui le vampirise.
Le premier titre, Just For Tonight, avec les synthés entêtants, c'est U2 ! Le deuxième aussi, mais plutôt les débuts des irlandais. Tiens, les autres, ce sont Muse, Placebo, Arcade Fire, Phœnix, Santigold ou Metric. La liste est longue comme le jour sans pain que l'on a l'impression de subir au gré des compositions des cinq musiciens sur scène, pourtant bons performers. Constatant que rien ne change au fur et à mesure de leur répertoire mercantile, on a carrément envie d'être méchant et chaque titre devient sujet à plaisanterie : All I Want [is get out of here right now !], Forget My Name [can I ?], It's Alright [really ?], Chemistry [where ?], Daydream [Nightmare !], It's About Time/Long Time Coming [how long ?]. Et quand le très adulé George monte sur l'ampli en endossant un immense drapeau français en chantant Say You Don't Want It, on sent bien que la réponse ne va pas lui plaire.

Méchanceté peu objective ou impression partagée ? Des filles électrisées brandissaient un grand panneau « I love you » sous le nez du chanteur et top-model anglais au début du show. Au moment où je vérifie que mes bouchons d'oreille sont bien enfoncés lors d'un titre dont je n'arrive même plus à savoir si c'est un cover ou une création originale, je m'aperçois qu'elles l'ont posé par terre et ne sautillent plus avec autant d'énergie. Il y a des signes qui ne trompent pas.
Devant les efforts de ces musiciens doués qui peuvent donner le meilleur d'eux-mêmes sur des mélodies joliment animées d'un esprit polychrome, on en vient à rêver à ce que seraient One Night Only s'ils décidaient d'oublier enfin leur statut d'idole des jeunes et de se débarrasser de gimmicks un peu ridicules auxquels ils se raccrochent comme s'ils allaient lui conférer une âme oubliée en chemin au profit d'une œuvre commerciale.

À eux de nous le faire découvrir, alors laissons passer cette caravane et attendons le prochain album. But please... Never be the same.
setlist
    FLASH FIKTION
    Non disponible

    ONE NIGHT ONLY
    Just For Tonight
    All I Want
    Games
    Forget My Name
    Hurricane
    It's Alright
    Wash It All Back
    Bring Me Back Down
    Chemistry
    Daydream
    You And Me
    It's About Time
    Long Time Coming
    Say You Don't Want It
photos du concert
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