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Bear's Den

Paris, Maroquinerie - 8 octobre 2015

Live-report par Déborah Galopin

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Les Ours ont temporairement choisi comme antre, la Maroquinerie de Paris en ce 8 octobre pour se produire. Plutôt paradoxal. Ce petit clin d'œil fait sourire, si bien qu'on se demande qui entre le public et le groupe se fera manger en premier. Est-ce le public venu pointer le bout de son nez à l'intérieur de leur antre ou les Bear's Den ? C'est un grand roux barbu qui prépare le terrain. Il essaye les instruments tour à tour et teste les micros. La première surprise est créée par la profusion d'instruments à cordes, entre guitares classiques, acoustiques et électriques, ainsi que deux banjos. Cette installation est prometteuse, mais n'allons pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué — ce serait dommage surtout en sachant ce qui va suivre...

Les trois barbus arrivent sur scène accompagnés de deux autres musiciens munis d'un tuba et d'une trompette. Dès les premières notes d'Elysium, nous nous enfonçons dans une nouvelle contrée, loin des rues parisiennes que nous connaissons et arpentons tous les jours. « Brother do you believe in an afterlife ? » devient comme un appel. Lentement, nous venons à caresser le vent que soufflent les cuivres comme s'il s'agissait de celui en haut des falaises Irlandaises.

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Andrew Davis, chanteur et guitariste, a installé sur son acoustique une sourdine, rendant le son de celle-ci beaucoup plus doux. Il ne s'agit, en revanche, pas de la seule qu'il utilise, jouant régulièrement aux guitares musicales – à défaut des chaises – changeant presque à chaque nouveau morceau d'instrument. Chacun d'entre eux apporte une sonorité différente. Les instruments à cordes sont si présents que le batteur gère une guitare posée à plat en plus de sa grosse caisse ou bien quitte sa batterie pour prendre une basse entre les mains.

Le public fait preuve d'un enthousiasme débordant. Des cris s'élèvent dès que les premières notes résonnent dans la salle, reconnaissant immédiatement Magdalene ou Above The Clouds Of Pompeii. Bear's Den nous font passer successivement par diverses émotions : du frisson à l'envie de danser. Ils jouent avec nos sentiments et c'est avec délice que nous les laissons faire. Nos cœurs deviennent les cordes d'acier qu'ils pincent et grattent. C'est à partir du cinquième morceau que quelque chose se passe entre les Bear's et nous. Ils nous montrent le rythme que nos mains doivent suivre en réponse au tom et à la caisse claire de Kev Jones. Nous faisons un essai. « C'est magnifique » nous complimente le maitre d'orchestre. Pour lui faire honneur, quelques mains tiennent le rythme jusqu'au bout. Nous partageons la complicité de la musique dans une belle harmonie.

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Au milieu du set, les trois membres s'approchent au devant de la scène pour chanter Sophie a capella, accompagnés des deux cuivres. Plusieurs « chut » se succèdent, forçant la salle à rire, avant de retomber dans le silence. Cet interlude nous rend plus proche d'eux. Il est une pause dans le temps pour nous pendant que les trois chœurs chantent « I was running for my life ». C'est progressivement que le groupe reprend sa vitesse de croisière, sans nous brusquer. Nos bouches se meuvent pour reprendre le refrain d'Isaac : « I'm going to give all my love to you ». Des paroles d'une simplicité mais d'une vérité criante, que chacun a pu ou pourrait écrire. Ce n'est pas pour rien qu'elles sont sur toutes les lèvres. Bear's Den, à travers leurs chansons, prennent à revers les malheurs de la vie, en combinant des paroles touchantes, un rythme progressif, lent et énergique, à la fois mélancolique et joyeux.

C'est durant le rappel, que les trois musiciens déploient toute leur générosité. Ils viennent au milieu de la salle avec leur guitare pour chanter en cercle Bad Blood. La foule les laisse passer avant de se presser autour d'eux, se faisant plus compacte encore qu'elle ne l'était. On oublie la scène pour se concentrer sur la fosse. Tous les téléphones se lèvent pour immortaliser l'instant. L'émotion est palpable sur les visages qui les entourent. On en pleurerait presque. Quand ils retournent sur scène pour l'ultime chanson, un homme s'effondre dans les bras de ses proches, bouleversé par cet instant unique. Voilà qui résume en peu de chose l'effet que les Ours ont produit sur nous.

La Maroquinerie était de toute évidence une salle faite pour Bear's Den tant nous avons pu profiter de la chaleur de l'intimité. Leur antre fut chaleureux, accueillant. Personne n'a mangé personne. Les musiciens comme le public, sont heureux et c'est en bons amis que nous nous quittons. Nous repartons repus et émus avec le sentiment d'avoir vécu quelque chose de fort. Ce n'était pas seulement un concert mais également une rencontre.
setlist
    Elysium
    Mother
    Don't Let The Sun Steal Away
    Magdalene
    Think Of England
    Red Earth And Pouring Rain
    Sophie
    Isaac
    The Love We Stole
    When You Break
    Sahara
    Above The Clouds Of Pompeii
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    Bad Blood
    Agape
photos du concert
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