Je me presse pour arriver à la salle ce soir afin de ne pas manquer le début du concert de Chew Lips, qui officient en première partie de Lights. Je presse le pas, remonte la rue de Bagnolet, pousse les portes de la Flèche d'Or, je suis à l’heure. La soirée ne devrait pas tarder à commencer, petit détour pas le bar...

Il est alors 20h10, les lumières s’éteignent et d’autres s’allument, puisque c’est finalement
Lights qui monte sur scène. Annoncée comme tête d’affiche sur le site de la salle, la jeune canadienne ouvre finalement les hostilités. Oui, hostilité(s). Pas celles du public, non, plutôt celle de mes oreilles voyez-vous. Le très jeune public présent ce soir est visiblement acquis à sa cause et n’a de cesse de vouloir immortaliser ces instants à grands renforts de smartphones et de tablettes, c’est à qui uploadera sa vidéo en premier sur Internet semble-t-il. En ce qui me concerne, j’attends juste que l’épreuve se termine, car après une vague tentative de pseudo dubstep franchement ratée, ce clone d’Ashlee Simpson entreprend de maltraiter le fameux
Heart Of Glass de Blondie. Je finis ma bière en me disant que, quand même, la jeunesse n’excuse pas tout.
En effet, on peut être jeune et avoir du talent et du charisme, et c’est ce qu’Alicia Huertas aka Tigs, virevoltante chanteuse de
Chew Lips va nous démontrer en tout juste une heure. Chew Lips, sur scène, c’est une configuration plutôt minimale : basse, batterie, ordinateur et une chanteuse dont la voix et surtout la présence sont les atouts principaux. Un mélange entre Karen O des Yeah Yeah Yeahs et Madonna période
Holidays, une maîtresse de cérémonie dont la chaleur contrebalance la froideur de l’électronique.
La jeune anglaise sautille en rythme sur ses talons au son des désormais classiques du groupe tels
Salt Air et l'entêtant et discoïde
Slick. En brassière et short, la demoiselle a moins chaud que son public qui se trémousse joyeusement. Les midinettes à tablette sont parties, et même si le groupe ne fait pas salle comble ce soir, l'enthousiasme du public fait plaisir à voir. Ils enchainent avec une nouveauté, le single
Hurricane, une bonne surprise. Un peu décevant dans sa version studio, ce morceau trouve en live une nouvelle identité nettement plus pêchue.

Les discrets acolytes de Tigs restent dans l'ombre et on en viendrait presque à oublier qu'ils sont bien là et que ce n'est pas une bande son qui l'accompagne. Après chaque chanson, la chanteuse minaude et lance des « thank you » qui tiennent presque du miaulement. Puis la voilà qui nous annonce un vrai morceau de « r'n'b » avant d'entonner le réjouissant
Do You Chew. Le rythme ne faiblit pas et l'électro-pop des Londoniens, qui n'est pas sans rappeler Hot Chip ou Metric par moments, remplit parfaitement sa mission. Une musique enlevée au son de laquelle on ne voit pas le temps passer.
Avec son petit nez retroussé et les étoiles sur sa joue, Tigs ressemble à une fée Clochette qui aurait décidé de danser jusqu'au bout de la nuit. Mais toutes les fêtes ont une fin, et c'est comme souvent
Gold Key qui clôture le bal ce soir. Une nouvelle fois, Tigs aura prouvé qu'elle est une performeuse de talent, on regrettera bien entendu l'effacement de ses comparses, mais le groupe nous aura offert un set riche en énergie et en mélodies dansantes.