Reformés en juin dernier, deux ans après la sortie de leur dernier album, alors que Nike les remettait à la mode en utilisant leur tube
Chicken pour un spot publicitaire à l'occasion de l'Euro 2012 de football, les bruyants et ravagés The Eighties Matchbox B-Line Disaster étaient attendus (dans leur formation originale) de pied ferme par une Flèche d'Or complète en ce froid samedi soir de fin octobre pour un furieux spectacle de psychobilly punk.
C'est le trio français
Alt qui ouvre les hostilités peu après 20h30 avec un garage-rock rapide et assez efficace (qu'ils qualifient de « damage rock ») mais assez vite lassant, la faute à une trop grande impression de déjà-vu et à des compositions pas forcément renversantes. Le groupe a au moins le mérite de beaucoup se donner sur scène et d'essayer de communiquer son plaisir de jouer à un public peu réceptif. Le trio gagnerait peut-être plus de profondeur musicale en devenant un quatuor mais on ne peut que saluer le niveau atteint après seulement un an et demi d'existence.

On attend ensuite
The Eighties Matchbox B-Line Disaster, supposés commencer leur set aux alentours de 22h, mais rien ne se passe sur scène où seulement trois malheureux pieds de microphones sont installés. On apprend rapidement que le groupe a été retardé à cause d'intempéries en Angleterre et n'est toujours pas arrivé... On patiente comme on peut (à savoir se ruiner au bar), jusqu'à ce qu'à 22h22 (précisément, oui oui) le mini-van du groupe ne se gare devant la salle et libère les spectateurs qui commençaient à se demander si le groupe allait réellement se présenter. A l'intérieur, l'ambiance commence à monter tandis que les roadies s'affairent pour installer le matériel et effectuer le minimum syndical de balances afin d'assurer une certaine qualité sonore.
Trois quarts d'heure plus tard, alors qu'il ne reste qu'une petite heure avant le couvre-feu de la salle, les cinq rockers de Brighton montent sur scène et entament avec brutalité un set dès plus énergiques. Dès le premier morceau, le chanteur Guy McKnight escalade la structure de la scène et fait du crowd surfing ; lui qui a remplacé ses longs cheveux gras tombant sur le visage par une moustache et une coupe de hipster est ce soit totalement déchaîné. La classique
Celebrate Your Mother va définitivement déclencher les hostilités. Un violent pogo se crée dans la fosse tandis que Guy McKnight balance ses insanités : « Je veux baiser ta mère, c'est un job dégueu mais quelqu'un doit bien le faire. Mais ne le dis pas à ton père, parce que je le baiserai aussi ». La légendaire classe britannique.

Le groupe va ce soir uniquement jouer des chansons issues de ses deux premiers albums, retour d'Andy Huxley à la guitare oblige, et tant mieux ! Cette setlist exceptionnelle nous permet d'enchaîner avec la face-B
Alex avant deux grands morceaux tirés de leur premier opus :
Whack Of Shit et la célèbre
Chicken. La chant caverneux résonne dans toute la salle alors que les guitares rendent fous les plus agités de la fosse. La rythmique sobre au rythme presque martial accompagne le tout sans fioriture. Après une nouvelle face-B d'il y a dix ans,
Torrential Abuse, le groupe va proposer ses pépites garage trash tels que le violent
Charge The Guns, une minute et demie de pur chaos totalement jouissif. Le premier album sera d'ailleurs joué en intégralité ce soir, incluant donc l'énorme
Psychosis Safari. Jouée vers la fin du set, c'est une véritable merveille de garage halluciné comme peu de groupes savent en écrire.
Je profite que cette chanson que j'affectionne tant soit achevée pour m'extirper de la fosse (en sueur, à bout de souffle et titubant) et partir me reposer au bar. La fin est toute aussi puissante avec
Fishfingers, Presidential Wave et le morceau clôturant leur deuxième effort studio,
The Men Of The Way Of The Stuff. Le groupe quitte la scène peu après minuit, la mission est accomplie, de la plus belle des façons. Bien qu'on ne sache réellement trop pourquoi ils sont de retours, The Eighties Matchbox B-Line Disaster ont livré ce soir avec panache et beaucoup d'énergie un parfait Best Of de leur première période (2002-2004).
Cette tournée leur donnera-t-elle l'envie de composer un nouvel album ? Cela permettrait de clore la trilogie entamée avec
Hörse Of The Dog et
The Royal Society, le mitigé
Blood And Fire sorti en 2010 sans Andy Huxley n'étant pas à ranger dans la même catégorie...