The Eighties Matchbox B-Line Disaster

Voici venue l'heure de la confirmation. Cela faisait quelques temps déjà que l'on devinait qu'il se passait quelque chose Outre-Manche, où une sorte de nouvelle scène aux allures punk et aux odeurs de vieux cuir commençait à se former. Loin derrière les ultra médiatisés Libertines, les Ikara Colt, Parkinsons et autre Eighties Matchbox B-Line Disaster faisaient leurs apparitions, tous aussi bruyants les uns que les autres. Deux ans plus tard, nous en sommes aux certitudes et les voilà désormais bien installés dans le panorama rock actuel, entraînant avec eux une multitude de nouveaux groupes (Punish The Atom...).

Et si les EMBD sont sûrement très différents des autres, il serait injuste de ne pas les inclure dans ce mouvement aux déclinaisons finalement diverses. Cette nouvelle scène punk britannique, ils y appartiennent, ils tournent avec, ils les remercient... Bref on pourrait presque parler de clan.

D'ailleurs avec leur deuxième album The Royal Society, ces marmots déjantés de la très chic station balnéaire de Brighton suivent la même trajectoire que leur acolytes londoniens d'Ikara Colt, confirmant le potentiel perçu sur Hörse Of The Dög et gagnant 3 crans sur l'échelle médiatique. N'a-t-on pas vu récemment le single Rise Of The Eagles (qui ouvre formidablement bien le disque) truster les premières places du NME chart ou entrer en rotation lourde sur MTV2 ? Même Dave Grohl serait fou de l’album !

Mais ce succès ne devrait pas monter à la tête de ces jeunes illuminés (un tout petit peu plus que la vingtaine), qui se revendiquent fermement comme bouddhistes et dont la seule violence apparaît alors dans leur musique. Mais quelle violence !

Car si The Royal Society se révèle un plus « pop » que son prédécesseur (voir la presque ballade Temple Music ou les consonances très pixienne sur Drunk On The Blood), les fondamentaux des EMBD n'ont pas changé. Leur rock est toujours aussi brut et dur, sombre et noir. Leur musique est viscérale et provient du plus profond d'eux même, là où se trouve l''essence même de la rage ou de tout sentiment. Guy McKnight en tête, voix extraordinaire et chant venu d'outre tombe, emmène ses 4 compères, aux guitares égorgées vives et à la batterie lourde, dans un autre monde, noir et destroy, enflammé et rageur. L'enfer ? Non, celui d'un punk'n roll aux accents psychobilly. Celui dans lequel jadis sévissaient les Cramps par exemple.

Mais attention, s'arrêter à leur côté gothico-morbide serait une erreur. Les Eighties Matchbox B-Line Disaster sont bien plus fins et meilleurs que cela. Ils sont avant tout un groupe de rock et The Royal Society est un excellent disque rempli de titres monstrueux, de véritables hymnes entraînants comme The Fool, Migrate Migraine ou encore Mister Mental, sans oublier Rise Of The Eagles qui ouvre l'album sur un séduisant I wanna fly like an eagle, I wanna sing like Sinatra, I've got a date with destruction , I wanna love like a mother. ou encore l'épique fin de The Way Of The Men Of The Stuff. Le chaos est proche.
De quoi convaincre nombreux d'entre nous que les EMBD auront leur mot à dire en ce début de 21e siècle, dans cette société alternative qui se dessine et dans laquelle forcément, ils sont candidats au trône.