Dans la veine anglaise des formations hypnotiques à la Django Django, Delphic avaient imposé pour la première fois leur nom outre-Manche via la compilation 2009 de Kitsuné avec le titre
This Momentary. Terminant par Paris une tournée européenne lançant leur deuxième album,
Collections, Richard Boardman, Matt Cocksedge et James Cook étaient les guest stars de la soirée au Divan du Monde.
L’étage fermé pour mieux remplir le public en fosse, le Divan du Monde affiche un petit jeudi soir, quarante-huit heures après la paralysie neigeuse qu’a connue le nord du pays et notamment Paris et sa banlieue.

Dans un quintet classique, mais encerclé de samplers, synthétiseurs et autres boites à rythmes décuplant les percussions du groupe, Delphic possèdent ce sens sonore très techno avec des démarrages en douceur et montées synthétiques et rythmiques qui renvoient à leurs aînés de Gus Gus, voire New Order, dans le choix d’une basse lourde rythmée. Manchester quand tu nous tiens...
Assez chiches dans leur prestation scénique – difficiles de trouver un bon angle d'approche pour le premier rang – ils compensent en imposant un set sans aucun répit entre les titres. Tout s’enchaîne pendant une heure et demie avec un certain brio, à la manière d’un Calvin Harris tout puissant devant sa machine à loop, sans doute parce que les automatismes entre James Cook (chant, basse), Richard Boardman (claviers, chant) et Matt Cocksedge (guitare) sont déjà bien huilés – ces jeunes gens se côtoyaient déjà au sein de Snowfight In The City Centre, dont l'aventure a pris fin en mai 2007.
Sans oublier des arrangements très soignés et percutants (
Doubt), trop peu électro clash (
Clarion Call) et trop souvent électro disco (
Counterpoint) à la limite des Pet Shop Boys, Delphic font danser leur public – filles en premiers – qui, contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, dépasse les trente ans de moyenne d’âge.

Les titres chantés suavement en chœurs comme
Red Lights imposent une musique répétitive mais rarement ennuyeuse, l’apport de la guitare et de ses cordes pincées par Matt Cocksedge évitant les clichés des trop nombreux groupes pop à tendance électronique.
C’est avec un titre clôturant le set comme
Acolyte que ce groupe délivre ton son savoir faire : une introduction légère et vaporeuse, des sons froids et dansants montant en puissance jusqu’au final, en guise de non rappel où les cinq membres, un par un, quittent la scène en laissant le dernier mot aux vocalises synthétiques d’une machine qui vont mourir en fondu pendant que les lumières reviennent.