Les années passent et n'ont aucun impact sur I Am Kloot. En treize ans de carrière, ils n'ont eu de cesse de sortir des albums au songwriting d'une qualité jamais démentie. En témoigne leur dernier en date,
Let It All In, sorti il y a quelques mois, rempli comme à leur habitude d'une poésie urbaine, romantique et digne, aux paroles toujours finement ciselées et émouvantes. Et le public parisien les attend toujours avec impatience.

Pour les accompagner ce soir, en première partie, le groupe londonien
Ralfe Band, projet du compositeur Oly Ralfe. Ce musicien émérite crée des paysages grandioses entre anti-folk et musique classique, saupoudrés d'influences d'Europe de l'Est. Outre-Manche, son mélange très évocateur sert parfois de bande-son pour des films ou des épisodes de série. Ce soir, le public de la Maroquinerie semble accrocher et lui réserve un accueil favorable. Au stand de merchandising, de nombreux exemplaires de ses albums trouvent preneur, ce qui laisse espérer qu'il pourrait revenir jouer en France, que l'on ait l'occasion de se faire une meilleure idée du groupe en live.
Pour l'arrivée de
I Am Kloot, de nombreuses bougies ont été installées tout autour de la scène, rendant l'atmosphère plus que cosy et intimiste. Quand on vient voir I Am Kloot, on est comme chez soi. Le set s'ouvre sur
These Days Are Mine, et l'enthousiasme du public se fait immédiatement sentir. Les applaudissements fusent sans besoin de période de chauffe. Un des spectateurs remonté à bloc va même jusqu'à faire une déclaration d'amour enflammée au batteur Andy Hargreaves. Le ton est donné pour le reste de la soirée : débordant d'affection.
Les trois membres du groupe sont épaulés sur scène par des musiciens additionnels pour les parties de guitare électrique, de cuivres et de cordes. Le dispositif sera des plus remarquables sur des morceaux comme
Hold Back The Night, avec son final splendide, sans doute le point d'orgue de la soirée; ou encore sur
Radiation. Les morceaux, pour la plupart extraits du dernier album, s'enchaînent sans aucune baisse d'intensité et le groupe maintient l'équilibre parfait entre interprétation irréprochable et sympathie envers le public.

Au milieu du concert, John Bramwell se retrouve seul en scène pour un set acoustique de trois chansons. Le temps semble suspendu. Après cet interlude,
To The Brink se retrouve agrémenté d'un accordéon pour une atmosphère très parisienne. Puisant principalement dans les deux derniers albums de groupe,
Sky At Night (2010) et
Let It All In (2013), la setlist se diversifie sur les quatre derniers morceaux, avec
Proof,
Twist, sans oublier ce sublime
From Your Favourite Sky, qui figurait sur le deuxième album éponyme du groupe, avant de terminer par
To You, qui résume à lui seul l'attrait de la musique de I Am Kloot, ce mélange unique de charme désabusé, de mélancolie tragique et d'humour
tongue-in-cheek.
Complètement en marge du système et de ses jauges de succès artificiels, I Am Kloot continuent leur petit bonhomme de chemin, sans se soucier du temps qui passe et qui n'a aucune emprise sur eux. L'histoire d'amour entre eux et le public, tissée au fil des ans, semble vouée à durer encore bien longtemps. C'est tout le mal que l'on peut souhaiter à ce groupe aussi attachant.