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Ralfe Band

Achilles Was A Hound Dog

Ralfe Band - Achilles Was A Hound Dog
Chronique Album
Date de sortie : 16.06.2023
Label : Talitres
3
Rédigé par Adonis Didier, le 14 juin 2023
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On dit souvent de certains formats de groupes qu'ils se ressemblent tous. Parce que vous êtes bien gentils avec vos power trios qui jouent vite et fort, ou vos quintets post-punk toujours à côté des temps avec l'air d'en avoir rien à foutre, mais bon on tape dans un arrêt de bus et il en tombe sa petite douzaine. Une fatalité qui se trouve exister aussi lorsque l'on parle d'artistes multi-instrumentistes écrivant et enregistrant seul leur album, et c'est ce que nous allons voir tout de suite.

Une analyse philosophique aujourd'hui portée sur Ralfe Band, le projet solo du compositeur anglais, parfois aussi artiste visuel et réalisateur, Oly Ralfe. Un monsieur dont c'est déjà le quatrième album, le dernier en date, Son Be Wise, étant sorti il y a maintenant plus de dix ans. Et force est de constater qu'Oly Ralfe n'a pas radicalement fait évoluer sa musique pendant cette décennie de presque silence, une musique de projet solo, remplie d'instruments superposés les uns aux autres, chacun à sa place, dans le seul but de mettre en avant la voix et le songwriting de l'unique protagoniste du groupe.
Pas de guitariste envahissant pour rajouter son solo de kéké, pas de batteur fou pour éclater ses cymbales partout dans le fond, pas de bassiste... Non, je plaisante, personne n'écoute jamais le bassiste de toute façon. Oly fait tout, même quand il faut jouer du piano, du xylophone, et peut-être aussi les cuivres, sur l'improbable instrumentale Scissorlock, que l'on va évacuer tout de suite de la chronique, parce que tout aussi intriguant que soit le morceau, il n'en est pas moins lunaire dans le contexte, et n'est presque là que pour nous rappeler qu'Oly sait aussi se faire compositeur et arrangeur de cinéma, voir la comédie bien british Bunny And The Bull si vous êtes vraiment curieux.

Une musique que l'on a dite centrée autour de la voix, et si ladite musique n'a pas vraiment changé, la voix a quant à elle un peu vieilli. Devenue lasse, plus toujours juste, elle donne à entendre un clone éraillé sous lexomil de Courtney Taylor-Taylor, pour un résultat qui pourra diviser. Un no-go instantané pour certains, peut-être les mêmes qui hurlent en entendant le nasillard Billy Corgan ou la pinçante Katy J Pearson, une forme d'authenticité digne des Moldy Peaches pour d'autres. Je vous rassure, ça chante plus juste que chez ces derniers, et passer outre cet aspect potentiellement rebutant vous ouvrira tout de même à quelques petites perles de folk, de pop, et de rock qu'il eut été dommage de rater pour si peu. L'introductive Pale Fire a ainsi quelque chose en elle d'Arcade Fire, cette alchimie pop dans laquelle chaque instrument propulse le suivant une marche plus haut jusqu'à l'explosion mélodique du refrain.
L'ambiance pesante et lancinante de A Thousand Miles Away fait preuve d'un je-ne-sais-quoi ténébreux et mystérieux qui nous scotche à la chanson et nous empêche de swipe vers la gauche. A Day A Week A Month A Year revient véritablement à la base country-folk de la musique d'Oly Ralfe avec sensibilité et douceur, avant que Looking For Eureka et Howl ne fassent enfin un peu décoller la fin d'un album sur lequel on commençait légèrement à piquer du nez, la première en cavalcade folk dans les grandes prairies d'Amérique, la seconde sur une pop-rock de club aux teintes ska ravivant au bout de l'album un démon de la danse qui sommeillait quand même bien fort.

Des chansons comme Sirens ou More Than Enough font aussi office de folk-rock très sympathique, mais sont symptomatiques d'un album solo trop faible en densité, dont les variations d'instruments et de styles tentent de masquer des idées finalement vues et revues, pour qui est seul à composer et enregistrer dans son salon (ou son garage, ou la cabane au fond du jardin, vous avez saisi l'idée). On sentira ainsi les similarités qui se dégagent de cet album avec les derniers Tim Burgess, the GOLDEN DREGS ou Dan Lyons, pensez un peu à David Bowie ou Lou Reed pour les plus anciens, mais sans jamais égaler la dose d'originalité et de personnalité que chacun de ces artistes solo a su insuffler à son œuvre. Nonobstant cet état de fait, et il me tardait d'écrire nonobstant dans une chronique, il y a dans ce nouvel album de Ralfe Band de magnifiques chansons pop et folk à picorer de-ci de-là, et comme de toute façon les gens n'écoutent plus que des playlists, vous voilà servis au moment de préparer celle qui vous mènera sur la route de vos dimanches d'été dans le Loir-et-Cher, parce qu'il est important rappeler qu'on peut marcher dans la boue ailleurs qu'à Rock en Seine.
tracklisting
    01. Pale Fire
  • 02. Momentary Collapse
  • 03. Sirens
  • 04. More than Enough
  • 05. Scissorlock
  • 06. Ancient
  • 07. Achilles Was a Hound Dog
  • 08. A Thousand Miles Away
  • 09. Octobermen
  • 10. Looking for Eureka
  • 11. A Day a Week a Month a Year
  • 12. Howl
titres conseillés
    Pale Fire, Howl, Looking For Eureka
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