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Daughter
Bear's Den

Paris, Café de la Danse - 19 avril 2013

Live-report par Esther Vilar

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On avait quitté Andrew Davie au printemps dernier dans la salle du Trianon, en première partie de Ben Howard. C’est au cœur de Paris, dans le quartier de Bastille que l’on a retrouvé son groupe Bear's Den, à peu de choses près dans les mêmes conditions ; un printemps naissant pour réchauffer un hiver parisien bien trop long.

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A l’occasion de cette nouvelle rencontre, on essaie de déceler ce qui a changé. Ce n’est certainement pas leur magnétisme ou ce son folklorique mais la parution le 18 mars dernier de leur premier EP, Agape. C’est au Café de la Danse qu’ils réchaufferont les plus timorés, à l’occasion du concert de clôture de la troisième édition du Festival Clap Your Hands. Jamais ils n’avaient vu salle aussi passive, aussi peu réceptive, aussi peu fervente à leur égard. Bear's Den font partie de ces groupes dont on attend impatiemment la sortie d’un premier album. Musiciens remarqués, compositions remarquables, ils dévoilent des titres puissants par leur sincérité et la puissance d’un regard fort et attachant.
Une première partie de soirée qui, certes, n’a pas fait se lever les foules parisiennes, mais qui restera pour chacun un moment d’intensité folk mémorable dans la programmation du Festival. Cette date marquera également la fin d’une tournée entre Bear's Den et Daughter, qui ont joué ensemble depuis plusieurs mois déjà.

La ravissante Elena Tonra et son groupe Daughter entrent sur scène acclamés par la salle. Après un premier morceau, réchauffant la moitié de la salle enfin debout, la grande dame de la folk 2013 reste sans voix face à tant d’enthousiasme. Touchante par sa réserve, elle ne cessera de remercier la salle maladroitement, ne s’attendant pas à tant de félicité de son public conquis. Igor Haefeli, surprenant par sa maîtrise du français et de l’archet, détonnera par son aisance sur scène.
Il faut dès lors saluer la prouesse vocale d’Elena Tonra - bien que l’omniprésence des effets sur tant de maîtrise puisse à la longue lui faire du tort - et ses excellents musiciens sur scène, dans leur jeu scénique aussi pur que le sont leurs mélodies mélancoliques, leur symbiose et leur talent. Les voilà sur scène accompagnés d’un quatrième musicien multiinstrumentiste. Ce n’est que pendant les pauses entre les morceaux que l’on réalise qu’il n’y a pas seulement une prouesse vocale mais aussi un dépassement de soi qui fait penser à un état second. Cependant, les quelques tentatives hilarantes de communication en français avec le public, font alors revenir sur terre. Ses manifestations d’embarras entre chaque morceau la rendent attachante, même si l’on a du mal à discerner la part de réserve de ce qui pourrait en faire un personnage scénique paradoxal.

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Elena Tonra occupe toute la scène, toute l’attention du public. Elle sème le trouble, attire dans ses mailles quiconque voulant ne pas croiser ce regard de braise. De l’autre côté du miroir, une jeune femme craintive des avances de son public, se cachant des compliments lancés par la foule. Cette ambivalence insoupçonnée trouble un auditoire surpris par tant de gêne et d’assurance une fois lancée dans la chanson.
Des morceaux d’exceptions certes, qui pris un a un sont d’une rare beauté et offrent de beaux instants musicaux au public. Le répertoire du groupe ce soir mêle les titres des premiers EPs et de leur album sorti en mars dernier. Le fabuleux Home, premier titre de leur EP The Wild Youth nous permet d’entrevoir les talents de bassiste d’Elena, à l’aise à la guitare, au microphone comme sur une quatre corde.
Hormis Home, Youth et Tomorrow qui se dégagent du lot, ce live reste étonnant par son homogénéité. Les morceaux s’enchainent, certains font danser quelques audacieux quand la batterie devient plus présente comme pour Human. Malgré tout, un long morceau d’une heure trente semble s’être enchainé ce soir-là alliant désespoir, poéticité et sobriété. Simple et efficace. Le temps est suspendu à ses lèvres, le public en redemande, un rappel inattendu pour Daughter qui y fera face avec une reprise. Difficile de comprendre donc ce qu’il faut faire pour faire se lever le Café de la Danse, qui fut à l’image de ce concert contrasté : ému mais penaud.

Comment ne pas se prendre les pieds dans tant de grâce et de fragilité à la fois ? La douceur du regard, toujours franc et sans détour, fascine. On en ressortira conquis, scrutant les prochaines dates.
setlist
    BEAR'S DEN
    Non disponible

    DAUGHTER
    Shallows
    Candles
    Love
    Still
    Amsterdam
    Landfill
    Run
    Human
    Smother
    Winter
    Tomorrow
    Youth
    Home
    ---
    Perth/Ready For The Floor (Bon Iver/Hot Chip cover)
photos du concert
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