logo SOV

Daughter

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 5 décembre 2012

Bookmark and Share
Dans le cadre du Festival des Inrockuptibles, Sound Of Violence a rencontré le tout jeune groupe Daughter venu donner à cette occasion son premier concert en France. Elena et Igor, membres principaux du groupe et couple à la ville, nous parlent de gris, de photographies et de leur premier album à venir.

Comment Daughter a-t-il démarré ?

Elena Tonra : Le groupe a environ deux ans d’existence maintenant. Nous nous sommes rencontrés à l’école de musique. Nous suivions des cours de batterie. A l’époque je composais des chansons en solo, plutôt merdiques si je peux m’exprimer ainsi (rires). J’ai donc demandé à Igor s'il voulait jouer de la guitare avec moi, et nous avons donc commencé à jammer pendant quelques temps. Et puis, petit à petit, nous avons fini par vraiment démarrer le groupe.

Elena, ta première cassette démo, était-ce toi toute seule ou étiez-vous déjà dans ce concept de groupe ?

Elena Tonra : Oui, c’était juste moi. Notre première collaboration sur disque date de notre premier EP (ndlr : His Young Heart).

Pourquoi as-tu choisi le nom de Daughter ?

Elena Tonra : Je voulais un nom qui reste artistique, et qui ne contienne qu’un seul mot. Après, c’est un peu difficile à expliquer pour moi. Ce nom choisi n’a pas une signification très particulière. Dans un certain sens, je pourrais même ajouter qu’il n’a aucune signification. Ce qui peut paraître très étrange. Ce n’est pas une histoire très intéressante à raconter, si ? (rires)

His Young Heart montre déjà une évolution sonore par rapport à cette cassette démo, même s'il reste un côté très intime sur ce disque. L’avez-vous enregistré en tant que trio ?

Igor Haefeli : Oui, Rémi est venu nous rejoindre pour enregistrer un peu de batterie sur le disque. Nous avions écrit une chanson à l’époque qui sonnait comme sur notre second EP (ndlr : The Wild Youth) mais c’était trop tôt, nous ne l’avons pas retenue pour notre premier disque. De plus nous n’avions pas beaucoup de temps ni d’argent pour enregistrer comme nous le désirions en studio. A l’époque je vivais en Suisse, et j’avais économisé pour venir enregistrer cet EP à Londres. Ça reste toutefois un excellent souvenir.

Pour The Wild Youth EP, il y a une réelle mélancolie qui s’est installée dans votre musique. Un mix parfait entre désillusion et espoir...

Elena Tonra : Il est exact qu’au niveau des textes, mes chansons peuvent sembler très déprimantes. Mais c’est ma manière de composer qui veut ça. J’écris la plupart dans du temps quand je me trouve dans une certaine humeur. Il est pour moi beaucoup plus facile de composer à propos du côté négatif de la vie. Musicalement, avec Igor, nous arrivons à créer une forme d’équilibre entre la musique et les textes. Il est vrai que si notre musique était également très sombre, nous serions un groupe vraiment déprimant, mais fort heureusement ce n’est pas le cas. Tout cela reste très inconscient. La musique vient se poser sur mes textes et il y a une certaine alchimie entre les deux.
Igor Haefeli : Notre musique n’est jamais noire ou blanche. Elle a plutôt une connotation grise.

Les pochettes de ces deux EPs, ce sont des photos personnelles ?

Elena Tonra : Oui, en effet. Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi ces photos. Elles peuvent paraître embarrassantes. Mon frère doit d’ailleurs me détester pour celle de The Wild Youth EP (rires). En même temps, avoir quelque chose de familier sur la pochette d’un disque c’est rassurant. Je me souviens très bien qui a pris ces photos et où elles ont été prises, et ça m’a vraiment aidé de laisser un morceau de mon enfance dessus.

Vous êtes maintenant signés sur 4AD. Comment cela s’est-il passé ?

Igor Haefeli : Ça s’est très bien passé. Tout s’est fait progressivement, et non pas en un claquement de doigts. Ils nous approché en douceur un peu comme quand tu approches un animal inconnu. Nous avons beaucoup apprécié leur manière de faire. D’autres maisons de disques s’intéressaient à nous également. 4AD nous ont vraiment respectés. Nous sommes chanceux d’être signés chez eux car nous sommes un groupe très jeune.

Pourquoi n'avoir sorti qu’un seul 45 tours cette année ?

Elena Tonra : C’est un peu de notre faute. Nous nous sommes vraiment concentrés sur l’album, et nous avons pas mal tourné. De ce fait, nous n’avons pas pu sortir davantage de chansons pour le moment. Mais l’album sortira l’année prochaine.
Igor Haefeli : Nous avons voulu éviter de sortir des titres sur d’autres EPs car nous voulons garder ces morceaux pour l’album. Certains groupes sortent des EPs et ne proposent que deux ou trois inédits sur leur disque. Nous sommes opposés à cette idée. Nous sommes toujours en train de travailler sur notre album, il n’est pas complètement terminé.

Comment peux-tu chanter des choses aussi terribles sur un single (Smother, en l’occurrence) où tu parles de rester dans le corps de ta mère, de ne pas naitre ? Est-ce vraiment autobiographique ?

Elena Tonra : Il y a beaucoup de poésie dans ce texte, mais il est vrai que lorsque j’ai écrit ce texte, j’ai pas mal pensé à moi. Les mots me sont venus très rapidement.

L’album sera-t-il aussi sombre ?

Elena Tonra : L’album sera sombre mais peut-être pas de la manière que tu imagines.
Igor Haefeli : Oui, le disque est plutôt sombre, peut-être même encore plus sombre que ce que tu as déjà pu entendre.

En face b de Smother, vous avez sorti une version réenregistrée de Run qui était sur votre première démo. C’est un titre important pour vous ?

Elena Tonra : Nous aimons ce morceau. Nous le jouons en live et nous l’avons donc réenregistré dans l’esprit live. La version est assez différente de la démo.

J’ai remarqué que la plupart des titres de vos chansons ne contiennent qu’un seul mot. Y a-t-il une raison particulière à ça ?

Elena Tonra : J’aime assez cette idée d’un seul mot pour un titre de chanson (rires). Ça représente assez bien la chanson. Mais dans le futur, il est possible qu’il y ait davantage de mots pour définir les titres de certaines de nos compositions.