Pour la quatrième année consécutive, la Cité de la Musique propose de belles soirées musicales dans le cadre du Festival Days Off. Le 3 juillet, l’énigmatique chanteur Rover, à la voix de velours, est attendu pour un concert qui promet d’être ensorcelant. Ce sont les écossais de The Magnetic North qui sont prévus pour assurer la première partie de la soirée.
The Magnetic North est un groupe qui ne peut pas laisser indifférent. Composé de Gawain Erland Cooper (que l’on connait de Erland & The Carnival), du guitariste Simon Tong (The Verve, Blur, Gorillaz) et de la charmante irlandaise Hanna Peel, The Magnetic North rend hommage aux îles écossaises d’Orkney. Pour apprécier leur premier album
Orkney : Symphony Of The Magnetic North, mieux vaut ne pas avoir le mal de mer. En effet, tout l’album est la bande-son symphonique, poétique mais parfois inquiétante, du paysage de ces îles d’Orcades. Le vent, les vagues qui s’écrasent sur la falaise, les côtes majestueuses, la brume, autant de tableaux que dépeignent avec grande justesse le trio anglo-saxon.
Orkney : Symphony Of The Magnetic North raconte aussi et surtout une légende connue, celle de Betty Corrigal, une jeune fille du 18ème siècle qui se suicide en se jetant dans l’océan. Éprise d’un marin qui la quitte après l’avoir mise enceinte, elle est rejetée par son village et choisit donc de mettre fin à ses jours. Gawain Erland Cooper aurait été visité par son fantôme qui lui aurait murmuré les chansons à écrire pour l’album. Il est donc question d’envolées funèbres, adoucies par l’harmonie des voix et l’alliance des cordes et des cuivres.
La configuration de la salle de concert de la Cité de la Musique bouleverse les codes d’un concert classique. C’est confortablement assis dans un siège et dans une ambiance disciplinée, que le concert commence. En attendant le groupe, des images de mer déchainée et de marins sont projetées sur un écran, si bien que l’on a le sentiment d’être, non pas à un concert, mais plutôt au cinéma. Les gens osent à peine bouger et parler. C’est dans cette ambiance assagie qu’arrive le groupe, accompagné de quelques violonistes. Tout au long de leur prestation, chacune de leur chanson est accompagnée d’un film qui illustre leurs mélodies, et nous embarque dans leur île du bout du monde. Le groupe commence par deux chansons instrumentales, seulement accompagnées par un léger murmure de la voix envoutante d’Hanna Peel. L’accueil est mitigé, ou alors trop timide, à l’image du public qui semble presque endormi. Et pourtant, certains morceaux plus pêchus flirtent avec l’électronique.
Lors d'un titre, comme un cadeau, Gawain Erland Cooper et Hanna Peel s’éloignent de leurs microphones et, par la simple portée de leurs voix, interprètent leur chanson, presque les yeux fermés, comme habités par une force. Ce moment de grâce est enfin acclamé à sa juste valeur.

Après une heure passée dans les îles Orcades, le groupe livre sa dernière symphonie illustrée par une image, qui explique, avec les mots, ce qu’est The Magnetic North. Une explication qui vient à point nommé.
The Magnetic North nous ont parfaitement transmis leurs traditions et leurs légendes. Le temps d’une soirée, les îles Orcades ont investi la Cité de la Musique. La folk du groupe, tantôt pop, tantôt électro, est un petit bijou qui ne laisse pas indifférent, même si parfois elle est oppressante. Le vent du nord n’est décidément pas toujours signe de mauvaise augure.