Chronique Album
Date de sortie : 07.05.2012
Label : Full Time Hobby/PIAS France
Rédigé par
Amandine, le 11 mai 2012
C'est un voyage au cœur d'Orkney que nous proposent ici The Magnetic North. Si le nom de ce groupe ne vous dit rien, ses membres, eux, jouissent d'une notoriété qui n'est plus à faire. Derrière ce projet énigmatique se cachent en réalité Simon Tong et Erland Cooper, les deux magiciens d'Erland & The Carnival, accompagnés d'Hannah Peel, choriste sur leur dernière tournée. Alors que le groupe nous avait gratifié d'un très bel album l'an dernier, les trois larrons reviennent avec ce nouveau projet, déjà en gestation lors de notre première rencontre avec Erland il y a quelques mois.
Cet Orkney Symphony Of Magnetic North ne se vit pas comme un simple album et sa genèse est presque tout aussi importante que le contenu final.
À la découverte de l'objet, l'œil est attiré par un double feuillet contenant toutes les informations relatives à la conception de la douzaine de titres ici présentés. Une carte de l'archipel d'Orkney, illustrée de photos représentant les différents lieux évoqués dans les chansons, accompagne un texte expliquant le pourquoi du comment de ce nouveau groupe. Petit retour sur les délires oniriques de Mr Cooper : Betty Corrigal, une Orcadienne s'étant donné la mort en 1770 après être tombée enceinte d'un pêcheur de passage et avoir été chassée de son village pour ce crime, serait venue visiter Erland dans ses rêves pour lui inspirer un album sur Orkney.
Alors que ce dernier est déjà en passe de terminer des compositions pour son nouveau side-project qui n'a alors pas encore de nom défini, il décide de récrire certains titres selon les conseils de sa visiteuse d'outre-tombe. Il emmène avec lui son fidèle guitariste Simon Tong pour visiter les contrées reculées d’Écosse. Ils se construisent un studio de fortune dans la maison familiale des Cooper, parcourent les plus petites îles, enregistrent avec des musiciens locaux. De retour à Londres, ils se tournent vers Hannah Peel, déjà présente lors de la tournée d'Erland & The Carnival ; elle y ajoute les sections de cordes et vient teinter les textes de son inspiration féminine. Il manque encore un nom à ce projet farfelu : inspiré par un journal de bord des années 30 pour la promotion du tourisme dans les Orcades, Erland choisira The Magnetic North.
Mais derrière cette histoire rocambolesque, qu'en est-il de la musique à proprement parler ? Justement, c'est là que le bât blesse car les douze titres manquent fondamentalement de dynamisme et d'inspiration. Nous sommes souvent dans la retenue, loin des compositions lyriques d'Erland Cooper. Même si les cordes relèvent le niveau plutôt moyen de l'album, le tout peine à décoller. L'idée de mêler les instruments traditionnels tels que la clarinette ou le métallophone à des arrangements électroniques plus contemporains aurait pu être judicieuse mais elle est menée de manière bien trop pondérée. Le côté désuet et bucolique, au lieu de trouver une place de choix dans l'histoire de Ms Corrigal et de nous plonger dans les atmosphères des landes écossaises, nous ennuie presque autant qu'un dimanche après-midi devant le petit écran.
Loin d'être une réussite, avec des titres souvent trop longs, ce premier jet de The Magnetic North ne réussit jamais à aller assez loin pour nous faire voyager comme il le voudrait. Cet anti-Nightingale repart dans les amours inconsidérées de Cooper pour la musique traditionnelle écossaise mais en la revisitant de façon maladroite.