Ce fut une soirée pour le moins éclectique à la Flèche d'Or avec la performance de trois groupes qui y jouaient mardi soir dernier et qui n'ont pas grand-chose à voir les uns avec les autres.
Moodoïd lancent les débats. La formation parisienne est adepte des paillettes et semble aimer les années 80, c'est indiscutable. Arborant un look pour le moins glitter, le quatuor ne semble pas se prendre au sérieux sur scène. Certes, les musiciens maitrisent indiscutablement leurs instruments. Il n'en va pas de même pour ce qui est du chant, oscillant entre le passable et le désastreux. Il paraitrait pourtant que les labels se battent pour les faire signer, on se demande un peu pourquoi. En attendant que le groupe progresse et devienne le next big thing, les fans pourront toujours se contenter d'un EP vinyle auto-produit et tiré à trois cent exemplaires.
Delorean ont ainsi la lourde tâche de relever le niveau, suite à ce démarrage pour le moins bancal de cette soirée. Bien plus appliqués et intéressants que leurs prédécesseurs, les espagnols tentent de faire bouger l'audience. Car musicalement Delorean possède un côté très plaisant, groovy, voire dansant mais les longues plages instrumentales de leurs morceaux finissent à la longue par les desservir. La bonne humeur affichée par le groupe ne suffit pas non plus pour rendre leur set passionnant. D'autant que, et c'est bien là que réside leur principal problème, on a toujours l'impression d'entendre la même chanson. La quarantaine de minutes de leur concert finit donc par nous paraître interminable.

Fort heureusement, les britanniques de
Still Corners vont donner une toute autre dimension à cette soirée. Avec un second album mi-figue mi-raisin, on pouvait se demander si ces derniers avait conservé le même intérêt sur scène qu'au moment de leur premier album : le formidable
Creatures Of An Hour. Ils ne vont pas tarder à nous apporter la réponse à notre interrogation en débutant leur set par une version remaniée de
Cuckoo, qui voit le groupe nous surprendre de la plus jolie des manières. Accélérée, étendue, la chanson prend une toute autre dimension.
Beatcity lui fait suite, avant une replongée vers leur premier disque avec une version une fois encore passionnante de
Into The Trees. Le groupe va tout au long du concert alterner entre les chansons de leur premier opus et celles de
Strange Pleasures, leur dernier album en date.
Sur scène la formation a un peu changé depuis leur passage au Divan du Monde en mars 2012. Greg Hugues, leader et compositeur, n'officie plus à la batterie et se consacre désormais à la guitare et au clavier. Le groupe a pris de l'étoffe et, épaulés par un second guitariste, Still Corners acidifient les versions de leurs chansons à tendance electro-pop. Tessa Murray chante d'une manière irréprochable et son français a beaucoup progressé. Elle envoute le public avec son timbre éthéré et le charme avec son sourire. Si le groupe réussit à conserver une certaine mélancolie musicale, son univers s'est lui illuminé et adouci.
The Trip, morceau d'ouverture de
Strange Pleasures, et de clôture de leur performance de ce concert en est un parfait exemple. Divinement addictive, la chanson nous entraine dans un long road-movie qui s'éclaircit au bout de cette route et se termine sous la forme d'un happy ending lumineux.
C'était sans compter sur un unique rappel, le sombre
I Wrote In Blood, qui prouve au passage que le groupe ne s'est pas encore totalement débarrassé de ses démons malgré la lumière qui jaillit de ses dernières productions. Une petite heure de concert, cela peut paraitre court mais cela nous a permis d'oublier un début de soirée pour le moins indigeste et nous faire repartir de la Flèche d'Or avec un sourire radieux.