Still Corners

Depuis notre précédente rencontre, il y a tout d'abord eu la sortie de Fireflies en 45 tours, une chanson plus douce et surtout à la sonorité beaucoup plus eighties que sur votre premier album. Était-ce la première chanson que vous avez composée pour le second album ?

Greg Hugues : Oui, je pense que c'est la première chanson qu'on a écrite pour Strange Pleasures.
Tessa Murray : Il y a eu quelques petites idées auparavant mais c'est la première chanson que nous avons composée.
Greg Hugues : J'aime beaucoup notre premier album, mais je voulais vraiment faire quelque chose de différent, quelque chose qui nous correspond davantage actuellement. Nous avons essayé de donner un son bien plus travaillé sur Strange Pleasures. Nous avons davantage utilisé les synthétiseurs sur ce disque. Ils sont également bien présents sur notre premier opus mais nous les avons utilisés d'une toute autre manière pour celui-ci. Et je trouve que toutes ces combinaisons musicales nous reflètent vraiment davantage.

Pourquoi n'avez-vous pas sorti Fireflies sur Sub Pop ?

Tessa Murray : Nous désirions réellement sortir cette chanson sur un quarante-cinq tours. Sub Pop nous ont donnés leur accord pour le sortir par nos propres moyens. Nous en avons pressés assez peu (ndlr : 300 exemplaires) et nous en avons vendu la plupart pendant notre tournée. Quelques copies furent également disponibles dans des magasins en Angleterre et sur notre site internet. Nous tenions à sortir un disque indépendant de notre label et cela s'est très bien passé.

Heart Of Fools, la face b, est plus sombre. Est-ce une chanson que vous aviez composée à l'époque de Creatures Of An Hour?

Greg Hugues : Cette chanson a été composée à la même période que Fireflies.
Tessa Murray : Très rapidement après la sortie de Creatures Of An Hour, nous avons commencé à composer de nouvelles chansons. Et Heart Of fools a été une des premières que nous avons écrites. Il y avait peut-être encore l'influence de notre premier album sur certaines de ces compositions. Et nous voulions sortir une très bonne face b et je pense que c'est réussi (rires).

 

 

Sur ce nouvel album, il y a cette plage d'ouverture, The Trip, qui est d'une part la chanson la plus longue que vous ayez sortie et qui semble être un passage entre le précédent et le nouveau disque...

Greg Hugues : Nous tenions à mettre cette chanson en ouverture de l'album car nous voulions tout de suite plonger notre public dans l'univers de ce disque qui est assez différent du précédent. Cette chanson s'appelle The trip parce que nous voulions faire voyager nos fans à l'aide de cette chanson.

Curieusement, on trouve un joli solo de guitare sur The Trip, alors que c'est un album beaucoup plus synthétique. Était-ce pour brouiller les pistes ?

Greg Hugues : J'ai pas mal pensé à ça en effet. Notamment parce que j'en ai parlé avec mon frère et que celui-ci m'a suggéré de jouer beaucoup de guitare sur le disque. C'était toutefois avant qu'il ait pu écouter Strange Pleasures. Mais, en définitive, j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec des synthétiseurs. En fait, tout est venu progressivement. Sur ce disque, nous avons privilégié le côté synthétique, sur le prochain nous utiliserons peut-être de nouveau davantage les guitares.

Il y a globalement moins de tension sur l'album, et il est bien moins sombre que le précédent. Y a-t-il une raison à cela ?

Greg Hugues : Creatures Of An Hour est un disque très douloureux. Lorsque l'on compose un tel disque, il est difficile d'en faire un autre du même ordre. Nous avons eu envie de davantage embrasser la vie pour ce nouvel album. Fireflies en est un parfait exemple de par son côté bien plus lumineux. C'est pareil avec The Trip. Fais bon voyage, passe une bonne journée, tous ces moments simples de la vie, c'est que nous voulions incorporer dans Strange Pleasures. A côté de cela, il y a toujours des côtés un peu sombres comme par exemple We Kill The Moonlight. Nous ne voulions pas non plus faire un disque radicalement différent du précédent. Mais nos vies ont changé, alors notre musique évolue également.

I Can't Sleep a un petit côté 4AD, avec son ambiance très vaporeuse...

Greg Hugues : Je suis d'accord ! Ce morceau me rappelle un peu les Cocteau Twins. Je n'ai pas cherché à les copier ou faire un morceau s'inspirant d'eux, mais lorsque j'écoute le résultat final, je trouve qu'il y a un petite ressemblance. Tu ne trouves pas ?

Oui, c'est tout à fait vrai. Il y a aussi quelque chose des Chromatics sur le disque...

Tessa Murray : Je comprends ce que tu veux dire. Et c'est vrai que si on écoute la Bande Originale de Drive, on peut penser que nous avons un peu pris cette tangente sur l'album. Mais quand tu écoutes de plus près notre disque, à part peut-être sur une ou deux chansons, la comparaison n'est finalement pas très juste.
Greg Hugues : Je crois que tout est une histoire de ressenti et d'interprétation. Tu vas penser cela, quelqu'un d'autre pensera à autre chose. Ce qui est important c'est que tous ceux qui écoutent notre musique y trouvent leur compte et ont leur opinion sur notre musique.

J'ai été surpris de ne pas voir Tessa créditée dans les compositions des chansons du disque. Je pensais que vous collaboriez dans l'écriture des chansons ?

Tessa Murray : Je contribue à l'écriture des chansons. Greg compose la principale partie des mélodies et écrit les textes.
Greg Hugues : Sur ce disque, ça a vraiment été une collaboration entre nous.
Tessa Murray : J'apporte ma petite touche musicale sur les chansons par ci, par là. Je ne peux être réellement créditée sur une chanson en particulier.
Greg Hugues : Tu as composé la moitié de Future Age.
Tessa Murray : Exact ! Je vais demander des droits d'auteurs ! (rires)

 

 

Il y a une connexion entre les deux disques au niveau de la pochette : on retrouve toujours ces couleurs chaudes et ce côté cinématographique...

Greg Hugues : Oui, je suis tout à fait d'accord. Sur Strange Pleasures, la pochette est beaucoup plus colorée mais nous voulions conserver cette idée du rêve. Comme lorsque tu traverses des paysages et que tu ne perçois pas les images de la même manière que lorsque tu es éveillé.

Vous avez tout récemment sorti une vidéo de Fireflies. Pourquoi ce choix alors que le single est sorti en octobre de l'année dernière ?

Greg Hugues : Il y a pas mal de personnes qui ont aimé la chanson au moment où nous avons sorti le 45 tours et qui espéraient retrouver le morceau sur l'album. Nous l'avons donc inclus sur Strange Pleasures. Mais l'album n'est sorti que quelques mois plus tard. Sub Pop désiraient que nous fassions une vidéo de Fireflies pour relancer un peu l'album. C'est donc simplement du business.
Tessa Murray : Nous désirions réaliser une vidéo de Fireflies, et nous avons fait notre propre vidéo au moment où nous l'avons sorti en single. Mais nous n'étions pas très satisfaits par le résultat. Nous avons trouvé que ce n'était pas assez professionnel. De ce fait, lorsque Sub Pop ont voulu que nous tournions une autre vidéo de cette chanson, nous avons saisi l'opportunité de faire un clip qui est bien meilleur, je trouve. Nous avions davantage de moyens pour cela et ça a également contribué au résultat.

Lors de votre concert au Divan du Monde en mars 2012, j'avais été très surpris du côté électrique de vos compositions sur scène. La scène et le disque sont deux choses que vous dissociez complétement ?

Greg Hugues : En effet, je considère assez différemment la performance scénique du disque. Le concert est une performance alors que le disque est davantage proche d'une projection d'un film. Sur scène, nous prenons plaisir à découvrir jusqu'à quel niveau nous avons la possibilité de faire évoluer nos compositions.
Tessa Murray : Notre actuelle performance live est différente de celle que tu as pu voir en 2012. Tu verras ça tout à l'heure, ça a beaucoup évolué.
Greg Hugues : Je pense que notre troisième album sera beaucoup plus live que les précédents. Il devrait se rapprocher de ce que tu entends sur scène.

Vous avez déjà des idées pour ce disque ?

Greg Hugues : Oh oui, nous avons déjà écrit une trentaine de chansons.