Mauro Remiddi rêvait depuis longtemps d’un concert à Paris. Certes, il est déjà venu jouer à plusieurs reprises dans la capitale française, mais à chaque fois à l’occasion d’une première partie. Il aura donc fallu attendre le 25 octobre 2013 pour que son rêve devienne réalité.

Avant de pouvoir vivre cet évènement, il a toutefois fallu survivre à la première partie. Et ce ne fut pas une mince affaire ! En effet les anglais de Post Louis nous ont infligé pendant vingt-cinq minutes une forme de karaoké tout droit sorti d’une émission de télé réalité. Ce duo composé d’un guitariste et d’une chanteuse/claviériste semble pétrifié à l'idée de se retrouver face à une audience. Le guitariste est tellement perdu qu’on finit par se demander s’il joue ou s’il ne fait que reproduire les gammes de la portée musicale qui sortent des bandes préenregistrées. Car c’est bien là le principal hic. Ce sont des bandes qui accompagnent et décrédibilisent la prestation du duo. D’autant que le chant éthéré de la chanteuse n’est pas toujours très juste. On peut donc bien parler de naufrage quant à cette prestation qu’on tâchera d’oublier au plus vite.
Fort heureusement la suite va être bien meilleure, même si des petits soucis techniques ont généré une dizaine de minutes de retard sur l’heure de démarrage prévue du concert. C’est dans un Espace B copieusement garni que Porcelain Raft entame son set. Tout comme sur
Permanent signal,
Think Of the Ocean lance ce concert parisien. Cependant la version live s’avère beaucoup plus électronique que l’originale. On a même l’impression que les Chemical Brothers sont venus remixer la chanson.
Mauro Remiddi, à la guitare et aux machines, épaulé par un autre musicien et un batteur, font chauffer l’espace B où la température est déjà élevée. La voix du romain exilé à New York est joliment en place, même si une certaine saturation sonore est perceptible dans les enceintes. Cependant, dès le second morceau, tout va rentrer dans l’ordre. La ligne de guitare cold-wave de
Cluster vient enivrer les oreilles du public de la salle. Le leader de Porcelain Raft peut avoir le sourire aux lèvres, il sait qu’il a déjà gagné son pari.

Le set sera axé principalement sur les chansons de son nouvel album. Toutefois Mauro Remiddi n’oublie pas de replonger dans ses travaux antérieurs. C’est notamment le cas avec
Talk To Me, morceau immensément sombre issu de son premier EP, qui renait de manière bien moins oppressante sur scène aujourd’hui que lors de ses précédentes prestations live. Il est important de réaliser la tournure que la musique de Porcelain Raft a prise dans cette structure en trio. Le son s’est sérieusement enrichi et les chansons ont pris une toute autre envergure. Le constat est incontestable au moment des relectures de
Drifting In And Out et de
Shapeless And Gone, toutes deux extraites de
Strange Weekend, son premier opus. Le son et les instruments maintenant utilisés sur scène viennent étoffer ces compositions et leur apporter de la matière. Magnifiquement orchestré, le groupe nous offrira cinquante minutes de concert avant de se retirer sur le côté de la scène.
En guise de rappel Mauro Remiddi joue une version solo et émouvante de
Despite Everything, extrait du
Gone Blind EP. Puis il est de nouveau rejoint par ses musiciens pour une bien jolie version de
I Lost Connection, ultime morceau d’un concert réussi que le public de l’Espace B aurait voulu un tant soit peu plus long. Mais ne boudons pas notre plaisir, d’autant que l’italien a promis de revenir bientôt à Paris. On l’attend déjà avec impatience.