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Goldfrapp

Paris, Trianon - 25 octobre 2013

Live-report par Olivier Kalousdian

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Qui aurait parié sur un retour classique, quasiment acoustique, de l’artiste trip-hop la plus adulée de la fin du siècle dernier ? Qui aurait pu penser qu’après un chant du cygne caractérisé par un avant-dernier album électro-dance, Head First, que l’intéressée elle-même préfère ranger dans un coin de sa tête pour ne plus avoir à y penser et quelques virages stylistiques mal négociés, la belle Alison Golfrapp et ses bouclettes dorées feraient un retour canon et inattendu, négocié en quelques mois à peine, sur des bases de piano, violoncelles et contrebasse ?
Avec un sixième album studio intimiste et de facture classique intitulé Tales Of Us qui entraîne l’auditeur dans des titres paisibles, cinématographiques et tous affublés d’un patronyme (Annabel, Jo, Laurel, Clay...) Alison Goldfrapp et son acolyte de toujours, Will Gregory, réussissent là où d’autres ont échoué et ressurgissent avec brio du cimetière du trip-hop de l’école de Bristol où certains les avaient un peu vite enterrés.

Dans une interview qu’elle nous accordait avant l’été, Alison Goldfrapp, affichait sa sérénité quant à l’accueil, bon ou mauvais, que les médias pourraient accorder à Tales Of Us, mais semblait terriblement angoissée à l’idée de remonter sur scène pour livrer sa toute nouvelle expérience et ses nouveaux titres. Au Trianon, à guichet fermé en ce vendredi soir pluvieux et malgré l’absence de première partie, force est de constater que l’artiste préférée des agences de Pub des années 2000 (Lovely Head fut parmi les titres les plus entendus dans les spots TV de l’époque) est toujours en odeur de sainteté à Paris et serait peut être même devenue l’égérie du Gay Paris à en croire le nombre de couples mâles se dandinant et photographiant la scène dés le début du set.

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Drapée de mousseline noire, pour faire ressortir ses bras blancs et sa blondeur bouclée, Alison Goldfrapp apparaît à vingt heures piles, plus icône que jamais, et la magie offerte par son quatuor à cordes fonctionne instantanément. Déroulant les titres de Tales Of Us, presque à la suite les uns des autres, elle installe une ambiance de salle Pleyel un soir de concerts électro, entre classicisme et modernité, entre l’ombre et la lumière, entre la ligne acoustique majoritaire de son dernier disque et la ligne électro par laquelle grandit sa notoriété entre 1999 et 2005.

Finies les installations vidéos, les effets lumières hypnotiques et la débauche scénique des années électro-pop, Alison Goldfrapp avait déclaré vouloir recentrer son art et son public sur l’essentiel – à savoir sa musique et ses textes – et elle y parvient avec un talent indéniable. Romantique, sensuel et rêveur, le set de ce soir est un modèle du genre. Les couples, toutes confessions confondues s’enlacent et restent subjugués par la grâce de ces nouveaux titres et la maturité artistique qui semble maintenant faire corps avec Alison Goldfrapp.
Seul un arc-en-ciel de leds, mais toujours discret, viendra animer les rétines du public quand la deuxième partie du concert propose, à la plus grande joie de celles et ceux qui la suivent depuis ses débuts, les titres un peu plus électroniques tels que Ooh La La et l’inévitable Lovely Head, joué en deuxième titre du rappel. Strict Machine clôturera ce moment d’harmonie et de délicatesse porté par une chanteuse dans la force de l’âge et de son art.

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Toute la soirée, avant même son entrée en scène, les acclamations du public furent si conséquentes qu’elles semblaient presque surréalistes. Alison Goldfrapp, elle-même, ne semblant pas pouvoir assumer tout cet amour d’un seul coup, mettra quelques longues minutes et attendra deux titres entier avant de savoir quoi répondre et comment remercier ce public si affectueux. Dans un Trianon taillé sur mesure pour la performance du soir, avec une Alison Goldfrapp talentueusement épaulée par des musiciens impeccables et un public totalement séduit, ce concert est un coup de maître dont un certain Jean Michel Jarre, présent au deuxième balcon et applaudissant debout au retour des lumières, semble lui aussi avoir apprécié chaque instant...
setlist
    Jo
    Drew
    Stranger
    Alvar
    Annabel
    Clay
    Yellow Halo
    Little Bird
    You Never Know
    Thea
    Ride A White Horse
    Ooh La La
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    Clowns
    Lovely Head
    Train
    Strict Machine
photos du concert
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