Beady Eye

Plus de huit mois après la sortie de leur second album studio, BE, Beady Eye se produisaient à nouveau en tête d'affiche à Paris en ce jeudi 27 février dans le cadre d'une tournée européenne longtemps repoussée en raison des problèmes de santé de Gem Archer. Une éternité pour les fans locaux dont la dernière rencontre avec la formation menée par Liam Gallagher s'était tenue en juin de l'année passée lors de l'édition 2013 du Festival Solidays.

Comme de coutume dès lors qu'un concert concerne la fratrie Gallagher, le contingent britannique présent dans la salle du Bataclan en ce jeudi soir est impressionnant. La bière coule à flots alors que le DJ officiel du groupe, Paul Gallagher, abreuve la salle pendant plus d'une heure d'une sélection de titres tirés des décennies passées, des Sex Pistols à The Who en passant par le MC5 ou les Rolling Stones. Sur le coup de 21h, alors que la musique se tait pour la première fois et que les roadies s'affairent à faire place nette pour le groupe, les lumières s'éteignent et laissent le public entonner des « Beady Eye ! Beady Eye ! Beady Eye ! » jusqu'à l'apparition du groupe, Liam Gallagher en tête de liste.



Fidèle à ses habitudes, ce dernier prend place au centre de la scène derrière son microphone, bras dans le dos et tête inclinée, affichant une allure nonchalante devenue sienne depuis toujours. A gauche de la scène, Jay Mehler et Andy Bell arborent leurs traditionnelles lunettes de soleil, tandis que Gem Archer présente un bouc inédit et que Chris Sharrock, derrière les futs, se montre ce soir encore le plus souriant du quintet aux côtés d'un sixième musicien installé derrière ses claviers au second plan. Si les éclairages les accompagnant peuvent ce soir paraître minimalistes, ce choix s'explique avant tout par la présence de six écrans au fond de la scène sur lesquels vidéo clips, images live et autres visuels illustrent l'ensemble des titres interprétés ce soir durant près de 1h20.



Pour quiconque a déjà été spectateur d'un concert d'Oasis ou Beady Eye, la prestation du soir ne présente guère de surprises. Le groupe est en place, sérieux et appliqué avec un Liam Gallagher dont la forme vocale actuelle mérite d'être soulignée, mais ne dégage que peu d'émotions et limite la communication avec son public au strict minimum. Si le leader du groupe n'hésite pas dès les premières minutes à aller chercher le contact avec les premiers rangs, une certaine distance s'installe rapidement et va perdurer tout au long de la prestation.
Une prestation dont le démarrage en trombe laisse espérer le meilleur. Résolument rock'n'roll, l'entame reposant sur Flick Of The Finger, Face The Crowd puis Four Letter Word, dont le refrain « nothing ever lasts forever » est marqué par la détermination du leader du groupe, est explosive et ne fait que renforcer l'entrain dont fait preuve la frange britannique - et alcoolisée - du public.



Passé ce démarrage en trombe, à l'image de la discographie du quintet, la setlist proposée ce soir prend des airs de montagnes russes en alternant titres forts (The Roller, Bring The Light) et compositions moins convaincantes dans des conditions live, car moins rythmées, à l'image de Second Bite Of The Apple, Soon Come Tomorrow ou Wigwam et ses choeurs patauds en amont du rappel. Aux côtés de ces titres, deux rayons de soleil viendront combler les fans passéistes d'Oasis : Wonderdall, reprise en choeur avec une certaine application par l'ensemble de la salle, ainsi que Cigarettes & Alcohol durant laquelle la fosse se réveille à grands coups de slams et pogos durant quelques minutes.

En guise de rappel, un dernier titre est proposé sous la forme d'une reprise du Gimme Shelter des Rolling Stones. Une interprétation certes réussie mais trop rapidement expédiée, Liam Gallagher quittant la scène après un dernier single à destination des fans alors que les musiciens achèvent avec sobriété leur prestation du soir. Un concert somme toute bien exécuté et de qualité mais auquel aura manqué un grain de folie et un peu plus d'envie de la part d'un groupe désormais bien établi.