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The Bohicas

Paris, Flèche d'Or - 22 mai 2014

Live-report par Jeremy Leclerc

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La Flèche d'Or accueillait jeudi 22 mai, aux confins des limites de Paris, là-bas dans le 20ème rugissant, la première partie de ping-pong estampillée Fred Perry Subculture. Deux groupes et deux pays représentés sur scène: à gauche, les Anglais de The Bohicas, récemment signé sur le label Domino Records – Arctic Monkeys, Franz Ferdinand, The Kills pour les plus connus - à droite un jeune groupe français, Birdy Hunt, gagnant du concours SFR Jeunes Talents. Un combat de jeunes coqs en apparence. En apparence seulement, car les Anglais ont gagné par KO dès le premier round.

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Premier set. La salle est peu remplie, le bar affiche complet. 20h45. Un quart d'heure après l'horaire prévu, de quoi laisser le temps aux retardataires de se payer une pinte de Heineken à sept euros. The Bohicas débarquent sur scène, à quatre, tous vêtus de cuir. Deux noirs à la guitare et à la basse, un blanc à la batterie, un autre au chant et à la guitare. Des guitares électriques, avec un son électrique de vieux club new-yorkais puant la pisse, dans le genre CBGB de la fin des seventies, ce son si particulier qu'ont essayé de reproduire les Strokes sur leur premier album Is This It. De prime abord, ces quatre mecs ont la gueule des rejetons qui ont passé toute leur enfance et leur adolescence à se rouler dans la crasse rock'n'rollienne de la Grosse Pomme. A y regarder de plus près, la gueule du chanteur trahit leur véritable origine Grand-Bretonne, une gueule de roux – OK, peut-être blond vénitien – de celles qui gardent leur caractère juvénile, qu'elles soient griffées par la pluie ou par le vent. Bref, ce mec-là me faisait penser à un autre mec. Ewan McGregor peut-être. Sa voix aussi me rappelequelqu'un d'autre: Miles Kane. Il s'avère en réalité que le chanteur des Bohicas n'est autre que Dominic McGuiness, petit frère d'Eugène, ancien compagnon de route de Miles Kane.

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La première chose qui frappe chez les Bohicas, c'est la facilité qu'ils ont à créer une alchimie collective. Les guitares s'entremêlent de telle sorte qu'on assiste à ce qui pourrait ressembler à une partie de jambes en l'air frénétique, alimentée par une grande énergie punk. Les chansons défilent à une allure folle et tout ça grâce au jeu très à l'aise de Dominic et de ses trois potes, toujours enjoués et prenant du plaisir à masturber le manche de leurs instruments, ou à taper sur les fûts, remarquables musiciens avec qui on a envie de batifoler toute la nuit. Les Bohicas s'embarrassent très peu d'accessoires inutiles. Ils vont à l'essentiel. Et l'essentiel, ce sont souvent des bons petits solos courts et jouissifs comme on les aime dans le bon vieux rock'n'roll, celui qui sent la bière et cette putain d'odeur aigre de pisse. Bonne entente avec le public, un premier concert réussi qui aura probablement permis au groupe de se tailler une bonne réputation parmi ceux qui étaient présents dans la salle ce soir.

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Suivent les Birdy Hunt. Une recette déjà vue et revue, de ces groupes festifs qui sentent le sable, le soleil et le pastis. « On dirait un groupe de lycée » déclare un quarantenaire en polo Fred Perry juste devant moi, alors que je ronge mon frein depuis trois ou quatre chansons déjà, consterné par l'écart de niveau entre le premier groupe et celui-là. La même chose, même chanson, photocopiée en plusieurs exemplaires, dans le genre tube à la Foster The People, les tubes en moins, voilà ce que proposent les Birdy Hunt. De la musique hédoniste enrobée dans une coquille vide : refrains à base de « aaahh aaaaaaah aaaah aahhhhhhh », rythmiques binaires et mélodies pauvres trahissant un cruel manque de créativité artistique. Le public se régale au centre de la salle, juste devant la scène, mais à y regarder de plus près, on se rend vite compte que ce cœur super friendly est composé pour la plupart, de copains et de copines venus encouragés les amis sur scène. Autour, c'est l'apathie. Dans la véranda attenante à la salle, on joue au ping-pong, sans que l'on se soucie une seule seconde de ce qui se passe sur scène. On peut difficilement reprocher au groupe son enthousiasme, mais l'enthousiasme ne fait pas le moine.

Veni, Vidi, Vici, telle fut la devise des Bohicas en ce jeudi 22 mai.