logo SOV

The Bohicas

Paris, Point Éphémère - 21 octobre 2015

Live-report par Xavier Turlot

Bookmark and Share
Jeudi dernier au Point Ephémère s'est produit The Bohicas, quatuor londonien à l'identité plus que marquée qui vient de sortir sur Domino Records son tout premier album : The Making Of. L'une des premières occasions de voir leur potentiel sur scène en France.

C'est à un groupe parisien qu'il revient d'assurer la première partie : Her Magic Wand. La formation menée par Charles Braud s'inscrit dans une électro-pop très linéaire et sans aspérités, à la fois rêveuse et un tantinet engourdie. Des boucles de synthétiseurs et une boîte à rythme qui passera son temps à éclipser le batteur relégué dans un coin de la scène accompagnent deux guitares électriques noyées d'effets. Le groupe statique et peu bavard déroule sans énergie un set tellement homogène qu'il en devient malheureusement vite monolithique. La nonchalance tourne un peu à l'ennui, même si certains morceaux sont un peu plus efficaces que d'autres, à l'instar de Everything At Once, le single de leur EP Blossom. Les textures de sons synthétiques sont réussies quoiqu'un peu éculées, même en tenant compte du regain d'intérêt pour le futurisme des années 1980. Les quatre musiciens ne sont pas particulièrement chaleureux ni soucieux d'exécuter une performance, ce qui aboutit à des applaudissements mous et polis venant d'une assistance déjà clairsemée...

SOV
Changement complet d'ambiance après l'assez long changement de plateau. The Bohicas est un groupe qui soigne son image et son style, on a pu le deviner à travers les vidéo clips qu'il a sortis pour XXX et Swarm. Un dress code sombre et épuré trouve son prolongement jusque dans la disposition des amplis et les pickguards en miroirs de leurs instruments (y compris la peau de la grosse caisse). Le charisme de la formation n'en est que plus grand, et quand la puissance de feu est délivrée dès la première note on se retrouve instantanément projeté dans leur rock déluré. La cadence, les changements de rythmes et les riffs assassins prennent à la gorge, s'ajoutant à l'allure et à la décontraction des quatre musiciens. Dominic McGuinness se tortille sous son micro entre deux parties démoniaques de guitare, ses mains courent sur le manche avec une agilité qui a dû se mériter par un travail acharné. Son comparse Dominic John n'est pas en reste. Veste en tweed et chapeau noir, son flegme, sa sinistralité et sa stratocaster blanche ne sont évidemment pas sans évoquer Jimi Hendrix, quoique son jeu en est très éloigné. Les deux guitaristes se partagent à peu près à moitié la virtuosité, avec le même penchant pour les vibratos exécutés à même le chevalet et une manière globalement assez atypique de se servir de leur instrument.

SOV
La musique de Bohicas est millimétrée et va à cent à l'heure, les parties s'enchaînent avec une fluidité et un tranchant impressionnants. Les singles de l'album sont accueillis par les acclamations du public, inondé par l'énergie débordante du quatuor. Les chœurs parfaitement exécutés prouvent leur importance dans cette musique toujours à cheval entre un rock sauvage et une écriture pop très mélodique. La construction des morceaux empêche toute divagation : des breaks, des solos, un instrument qui s'efface pour revenir une mesure plus tard avec deux fois plus d'ardeur… Tout est pensé pour envoyer. McGuinness communique juste ce qu'il faut avec le public, le remerciant humblement en réduisant les transitions au strict minimum. Only You rayonne de positivité pop, Where You At assure la caution commercialo-accessible quand Red Raw va chercher son inspiration dans les tréfonds du grunge. Une reprise géniale de Soldier Of Love rappelle leur goût pour les Beatles et la pop anglaise des années 1960 en général. Le groupe rayonne du plaisir de jouer du début à la fin du concert, quand le court rappel achève de combler nos attentes les plus optimistes.

La valeur ajoutée du live est criante, rattrapant les affres d'une production parfois un peu trop léchée sur disque.
setlist
    XXX
    Crush Me
    Only You
    To Die For
    Bloodhound
    Somehow You Know What I Mean
    Upside Down and Inside Out
    Red Raw
    I Do It for Your Love
    Soldier Of Love (Arthur Alexander cover)
    The Making Of
    ---
    Where You At
    Swarm
photos du concert
    Du même artiste