Jungle

A un peu moins de deux mois de la sortie de leur très attendu premier album éponyme chez XL Recordings, tout semble s'accélérer pour Jungle. Si certaines radio n'ont pas attendu la hype naissante pour s'emparer de leurs premiers singles, le public, tant outre-Manche qu'en France, semble progressivement se prendre au jeu et adopter sans la moindre réticence le duo originaire de Londres. Une tendance se confirmant petit à petit ces dernières semaines lors de prestations ayant vu Jungle faire forte impression au Nouveau Casino à Paris ainsi qu'aux 3 Éléphants et au festival This Is Not A Love Song. Plusieurs concerts s'inscrivant en ce printemps 2014 dans le cadre d'une tournée en France achevée le week-end passé à We Love Green et ayant fait escale la veille dans la salle de l'Espace Michel Berger à Sannois.



Conséquence de la faible renommée du groupe en France mais aussi de la gratuité de la soirée, c'est un public majoritairement constitué de curieux, et d'une poignée de connaisseurs, que l'on retrouve dans la fameuse salle du Val d'Oise en ce samedi soir. Alors que Akousmatic achèvent leur set dans une déluge de basses pour le moins assourdissant, le bar situé au ré de chaussée se remplit alors aussi rapidement que la salle ne se vide, les roadies préparant l'entrée sur scène de Jungle prévue quelques trente minutes plus tard. Une scène une nouvelle fois copieusement remplie, le duo étant comme à son habitude accompagné de cinq musiciens additionnels : un bassiste/guitariste, deux choristes omniprésents au chant sur la plupart des compositions ainsi qu'un percussionniste et un batteur.



Lorsque les lumières s'éteignent sur le coup de 22h20, ce sont ces deux derniers que l'on retrouve dans un premier temps pour lancer l'introduction du concert sous la forme d'une version allongée de Smoking Pixels, lesquels se voient rapidement rejoints par l'ensemble de la petite troupe. Les sifflotements font alors dodeliner les têtes mais The Heat, durant lequel Josh et Tom, têtes pensantes de Jungle, donnent de la voix pour la première fois de la soirée. Immédiatement sous le charme, les quelques deux-cent personnes présentes dans la salle se prennent rapidement au jeu, un peu plus convaincus encore à l'écoute de Lucky I Got What I Want.

De la soul au funk en passant par le rock ou la musique électronique, l'univers de Jungle se veut un melting pot d'influences largement puisées outre-Atlantique. Seule composante commune à toutes les chansons proposées ce soir, la volonté affichée de faire danser l'auditoire, que cela se traduise par un détonnant Son Of A Gun ponctué par un jam instrumental du plus bel effet, ou par un Drops au tempo subtil et accélérant crescendo.



Si le groupe avait déjà fait forte impression lors de ses deux premiers concerts à Paris dans un passé récent, la prestation du soir nous permet de découvrir une formation de plus en plus à son aise dans les conditions du live, prenant ses distances avec les enregistrements studio, et n'hésitant pas ponctuellement à prolonger ses interprétations. On citera notamment un Busy Earnin' étiré et dont le final renforcé par des percussions martyrisées par Josh et Tom, délaissant ponctuellement le centre de la scène, fait jubiler une salle conquise et toute aussi convaincue quelques minutes plus tard avec Platoon sur lequel la prestation du soir s'achève sans rappel.

Quelques cinquante petites minutes auront été suffisantes ce soir pour se convaincre une fois encore de la singularité de Jungle, postulant un peu plus semaine après semaine au titre de groupe le plus excitant de ce début d'année 2014. Un constat que la sortie de leur premier album ne fera assurément que confirmer.