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Arctic Monkeys

Paris, Olympia - 7 novembre 2005

Live-report par Raph

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Ce festival des Inrocks aura cultivé jusqu’au bout son goût pour les programmations incongrues. Le public de l’Olympia fut donc convié lundi soir à s’empiffrer de mets variés, de la jeunesse vivifiante des Arctic Monkeys à la pop lumineuse de Antony, en passant par les cases post-new wave et folk hippie. Bref, difficile de comprendre la logique des programmateurs, d’autant plus qu’en coulisses, deux joyeux énergumènes revisitaient à leur manière le répertoire des Ramones….

C’est donc une salle bien frileuse qui accueillait les Monkeys qui n’allaient pas faire grand chose pour la réchauffer. Finalement peu attendus, le groupe s’avéra très stressé, ne parvenant jamais à restituer l’énergie habituelle de leurs chansons. Les longues pauses entre chaque titre n’arrangèrent rien, et la scène parût un peu grande pour ces singes là. Premier concert parisien, public venu en masse pour Antony, set court (seulement 6 titres joués), et salle surdimensionnée,… Autant de raisons qui nous poussent à rester prudent avant d’émettre tout jugement définitif. Le groupe possède déjà son lot de très bonnes chansons, à commencer par I Bet You Look Good On The Dancefloor ou Fake Tales Of San Francisco interprétées lundi soir, et reviendra en janvier, avec son propre public et un album prêt à l’emploi ! On espère simplement que toute cette hype ne se transformera pas en feu de paille…

Il n’était alors pas encore temps de se déboucher les oreilles pour une audience perplexe puisque les braves Eidtors tentaient à leur tour l’expérience, pour ce qui devait être leur 42ème concert parisien de l’année. Les fans devaient être ravis, les autres moins, et donc… moins. Au choix sosie d’Interpol ou sous Coldplay version Clocks, le groupe s’enlise dans des compositions qui manquent à la fois d’imagination et de mélodies… La cohésion sonore pourra plaire, l’univers aseptisé beaucoup moins. Mais ici rien à dire sur la prestation, très pro et carré, ce qui sembla longtemps relever de l’exploit lundi soir.

On pouvait donc tirer les premiers bilans d’une soirée amère pour les deux groupes british, incapable de mener leur barque et de convaincre un Olympia acquis à la cause d’Antony. La deuxième partie pouvait donc commencer, d’un style plus conforme aux attentes diverses.

Devendra Banhart est le gros buzz de cette rentrée 2005. On le voit partout, on l’entend partout, son dernier disque Cripple Crow cartonne, mais il y a comme un malaise avec ce bonhomme, l’impression d’une immense arnaque, d’un succès reposant uniquement sur l’image hippie du chanteur. Certes, il y a quelques bonnes chansons chez Devendra, un imaginaire évidemment poussé à l’extrême, mais on a une nouvelle fois entraperçu les limites du « concept » à l’Olympia. Un set franchement sans passion, sans rythme, sans énergie, qui laissait tout le temps au spectateur attentif de s’interroger sur des chansons qui reposent souvent sur deux accords (parfois trois si si) bouclés du début à la fin. Un minimalisme mélodique qui lasse assez vite, surtout quand les bêlements précieux et répétés ne sont pas votre tasse de thé. Avec un peu plus de naturel vocal, et moins de pose, on pourrait te trouver bien plus aimable Devendra, mais cela doit sans doute relever du « concept ».

Concept dont Antony se fout éperdument… Loin de tous les clichés, il sauva cette soirée proche du néant jusque là avec ses mélodies lumineuses et ses orchestrations riches qui éblouirent le public de l’Olympia. On peut bloquer sur cette voix en papier de verre presque irréelle, mais on ne peut qu’applaudir des titres aussi finement menés et maîtrisés de bout en bout. Devant des spectateurs enfin attentifs et bouleversés, Antony & The Johnsons livrèrent une heure à couper le souffle. Rares sont ceux qui ont cette capacité à créer ce silence intime, cette intensité terrible et jouissive qui subjugue une salle. Antony en fait partie, comme Ryan Adams dans ses meilleurs jours, comme Andrew Bird, M. Ward ou quelques autres… Instants rares donc, conclu par un ultime rappel sous forme d’hommage à son mentor Lou Reed et ce Candy Says écarlate. Final brillant pour un festival des Inrocks particulièrement contrasté !