Du bruit, de la sueur et des acouphènes. Et des chevelus. Voilà à peu près le programme que nous réservait La Maroquinerie en ce lundi 8 septembre. Cinq concerts dans cinq villes en Europe, organisés par la célèbre marque de chaussure Dr. Martens. Une bien belle affiche : Pulled Apart By Horses, venus ce soir-là pour défendre leur troisième album
Blood sorti le 1er septembre, ainsi que Dinosaur Pile-Up et Nat Jenkins & The Heart Caves en guise de menu.
Et on peut dire que ça a bien bardé car, pour certains malchanceux aux oreilles fragiles, c’était un peu comme si on avait assisté à un bombardement. Un déluge de riffs sifflants tout près de la tête, et cette impression tenace d’être immergé sous l’eau pendant deux jours. Bref, la prochaine fois, si vous croisez la route de Dinosaur Pile-Up et de Pulled Apart By Horses, soyez sûr d’avoir au moins quelques bouchons qui traînent dans vos poches, afin de protéger vos tympans.

La salle était plutôt bien remplie pour cette unique date du quatuor
Pulled Apart By Horses. Et les Anglais nous ont montré avec leurs chansons de quels bois ils se chauffaient.
Bag Of Snakes est une orgie brutale où se mêlent improvisations et rythmiques agressives sur lesquels le chanteur chevelu Tom Hudson s’époumone d’une voix flirtant vers des hauteurs d’aigües menaçantes. Noyés dans les lumières rouges, le public entre alors dans une sorte de transe, convulse épileptiquement. C’est le genre de concert duquel on sort « rincé » comme le veut l’expression. On sue comme des porcs, mais surtout, on relâche toutes les tensions accumulées au fil de la journée. C’est vrai, on dirait une paisible séance de yoga pendant laquelle on est bercé par l’encens et des mélodies de sitar. Sauf que les mecs de Pulled Apart By Horses ne sont pas là pour jouer des berceuses. Malgré les fortes déflagrations, ils savent jouer des chansons catchy, comme
I Punched A Lion In The Throat, chanson où la pop et le rock s’embrassent un peu façon Rage Against The Machine.

Dans la roue des Pulled Apart By Horses,
Dinosaur Pile-Up, peut-être quelques décibels au-dessus. Avec son chanteur-guitariste peroxydé, le trio a asséné le coup de grâce pour nos tympans ébahis. Un
Peninsula très pop, laissait à penser que tout cela avait un air de déjà vu. Et effectivement, on a déjà entendu tout ça. C’était l’époque du lycée, quand on écoutait tous ces groupes de punk rock californiens à la Blink 182. Le trio connaît sa partition, et c’est plutôt bien fait, mais parfois trop proche des références auxquelles il fait honneur. Heureusement, si on aime le genre, on ne peut qu’apprécier passer un moment avec eux, car cette flamme qui émane d’eux ne fait que grandir à mesure que le temps passe, jusqu’à ce final explosif sur
Nature Nurture, une longue montée de quatre minutes, avant le martèlement final de la batterie sur une rythmique up tempo martelée par les bras musculeux du batteur.

Avec tout ça, c'est à peine si l'on se souvient de
Nat Jenkins & The Heart Caves et de leur rock à la Libertines, la virulence en moins. On a tout au plus l'impression de voir un énième groupe rock bâti sur les cendres encore fumantes du groupe de Carl Bârat et Pete Doherty.
On rentre chez soi hagard, avec un brumeux souvenir d'un concert où l'on aura été brutalisé.