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Nat Jenkins & The HeartCaves
The Kooks

Paris, Olympia - 17 février 2015

Live-report par Xavier Turlot

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Six mois après leur dernière venue à Paris, les célébrissimes The Kooks ont à nouveau investi la capitale mardi dernier pour défendre leur quatrième album Listen. Et tant qu'à faire, ils ont choisi l'une des plus célèbres salles parisiennes, l'Olympia, même si elle est plus gage de spectacle que de rock fumant.

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Le premier groupe à monter sur la prestigieuse scène, devant un public déjà nombreux, est Nat Jenkins & The Heart Caves, la formation que le Londonien exilé a créée à Paris depuis peu avec son comparse Robbie Heart. Après la sortie de l'excellent Now Hear This l'été dernier, le groupe vient de sortir un EP, sans nom, sur le label français Mirador. Les cinq musiciens, moitié anglais moitié français, déballent une setlist d'une petite demi-heure qui recèle quelques perles croustillantes, telles la très britpop Home et sa ligne de basse en rouleau compresseur, ou Gentle Night, nouveau morceau psychédélique extrêmement efficace.
L'écriture de Nat Jenkins est définitivement parfaitement maîtrisée, et le groupe reçoit un flot nourri d'applaudissements, même si le son est particulièrement strident et peu équilibré. Difficile d'entendre la basse dans ce tourbillon de guitare électriques acérées qui vrillent les tympans. Dommage également que le groupe soit d'un statique absolu, surtout sur une scène de cette dimension. Le dernier morceau interprété, Turn Me On, attrape l'oreille en une fraction de secondes, avec ce genre de refrain facile qu'on jurerait avoir entendu mille fois il y a très longtemps, et toute l'audience bat vite le rythme à l'appel du leader, et aidera on l'espère à faire grimper la popularité de ce groupe encore injustement méconnu.

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Après un quart d'heure de pause dans un Olympia qui se remplit et se chauffe de plus en plus, c'est à un groupe américain, Bleachers, de prendre le relais. Entrée fracassante et symphonique d'une formation jeune qui ne fait pas dans la demi-mesure : deux synthétiseurs, deux batteries et un chanteur qui sait occuper l'espace. Au menu, un revival de pop de stade façon années 1980, avec de l'électronique qui bave et des caisses claires qui claquent. La nuance restera en backroom car Jack Antonoff, le chanteur au look étrangement punk, déballe une succession de tubes faciles à la limite de l'indigeste.
Rollercoaster, Shadow ou I Wanna Get Better sont tous des copies d'un Bruce Springsteen d'il y a vingt-cinq ans et auraient tous droit de cité sur Chérie FM, mais les Américains savent se mettre leur public dans la poche, flattant leur enthousiasme pour le susciter, et au détour préciser qu'ils sont heureux de jouer pour la première fois à Paris. L'un des claviériste parle quelques mots de français et se lance dans un dialogue préparé avec le chanteur pour faire rire l'auditoire. Claviériste qui fera d'ailleurs une deuxième entrée épique sur scène, aidé d'un saxophone dont il jouera approximativement mais avec une gestuelle si enlevée et si exagérée qu'on ne peut que saluer l'initiative.

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C'est au bout d'une « entracte » de vingt minutes que les Kooks arrivent sous un vacarme assourdissant de leurs fans. La scène est agrémentée de multiples écrans qui diffusent des animations flashy éblouissantes, participant à l'euphorie généralisée qui accompagne Around Town et ses chœurs grandioses. Cris redoublés quand Luke Pritchard attaque le premier couplet de sa voix puissante et claire sur cette chanson qui marque une rupture assez claire avec la période rock du groupe. Ce sont étrangement deux anciens tubes qui sont interprétés immédiatement après : See The World et Ooh La, tous deux accompagnés par la salle entière qui reçoit plus tôt que prévu ce qu'elle attendait. Le groupe est écrasé par la présence du chanteur, à l'aise tant techniquement que sur la forme, car il s'empare immédiatement de l'espace en exécutant déhanchés et pas de danse. Après un retour dans le vif du sujet avec deux morceaux issus de Listen, un incident entre un vigile et un spectateur du premier rang fait intervenir Pritchard qui prend la défense de son fan renvoyé de la salle et lui promet devant le public qu'il le recevra en loge à la fin du concert.

Bad Habit et Down confirment la montée en puissance de la notoriété de groupe, ces morceaux s'émancipent clairement des racines rock des Anglais, avec des envolées pop/soul et des arrangements plus poussés qu'à l'époque d'Inside In/Inside Out. Cette sensation est encore plus flagrante quand d'anciens morceaux s'intercalent, tels les intimistes She Moves In Her Own Way et Seaside ou la garage Eddie's Gun, excellentes compositions simples et presque naïves en comparaison. On se demande si les Kooks peuvent encore être rangés dans la catégorie de rock indé.
Toujours est-il que les deux périodes fonctionnent sur scène, et sont également servies par le professionnalisme des cinq musiciens, que ce soit les solos parfois étonnamment enlevés de Hugh Harris (fantastique sur Sway et Sofa Song) ou la voix définitivement impressionnante de Luke Pritchard, qui tient tous les registres dans la durée. La presque disco Forgive & Forget achève le concert, puis le groupe revient pour les rappels, Pritchard s'assoit devant un clavier et entame la ballade progressive See Me Now durant laquelle quelques briquets s'allument.

Nous aurons encore droit à Junk Of The Heart, malheureusement la seule chanson de l'excellent album éponyme interprétée ce soir, et à l'ancienne Naïve qui boucle le balayage discographique de la soirée.
setlist
    Around Town
    See The World
    Ooh La
    It Was London
    Bad Habit
    Down
    She Moves In Her Own Way
    Eddie's Gun
    Seaside
    Dreams
    Tick Of Time
    Westside
    Always Where I Need To Be
    Sweet Emotion
    The Saboteur
    Sway
    Sofa Song
    Forgive & Forget
    ---
    See Me Now
    Junk Of The Heart (Happy)
    Naive
photos du concert
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