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Nat Jenkins & The HeartCaves

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 13 mars 2014

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À une époque où le rock ressemble parfois à un gloubi-boulga composé de tout ce que la musique et la technologie ont pu produire comme sons, genres et autres machines à boucler, un groupe d'irréductibles résiste à l'envahisseur. Avec une moyenne d'age qui ne dépasse pas vingt-cinq ans, Nat Jenkins And The Heart Caves remettent à leur place tous les prétendants au trône du rock laissé vacant par The Clash et, plus récemment The Libertines, pour ne citer qu'eux.

Accueilli par un Nat Jenkins portant jean à revers, bretelles et chemise aux manches retroussées (Joe Strummer est encore bien présent dans nos mémoires), aussi chaleureusement qu'on pourrait l'être par un pote après quelques années d'absence, force est de constater que ce jeune chanteur guitariste anglais et parisien d'adoption ne fait pas que revendiquer une attitude ou un look ; il les incarne et les vit au quotidien.
Guitares agiles, mélodies qui collent et racines rock puisées à la source, Nat Jenkins And The Heart Caves ne rejettent pas leur époque, ils la domptent, la modèrent et la dépoussièrent. A la première écoute de Home, single tiré de l'album Now Here This à paraître début avril en France, ou du titre East And West, on se remémore avec plaisir cette phrase définitive tirée du road movie franco-belge Robert Mitchum Est Mort : « Dans le rock, faut faire avec ce qu'on a, même quand on a rien ! ».

Programmés le même soir au Pop-Up De Label dans une soirée retransmise par Radio Nova pour le Nova Club de David Blot, avec leurs amis de Belle Plaine en ouverture, Nat Jenkins And The Heart Caves se dévoilent à nous avec une franchise et un naturel définitivement contagieux. Now, Hear This !

Nat, malgré des débuts remarqués en Angleterre, le public Français ne te connaît pas encore très bien. Comment a démarré l'histoire de ton groupe ?

Cela fait des années que je joue et que je tourne, mais avec ce groupe en particulier, Nat Jenkins And The Heart Caves, cela est assez récent. Nous l'avons créé avec le guitariste Robbie Heart. Robbie et moi avons pas mal bourlingué ensemble sur de précédents projets. Il y a un an, nous avons décidé de monter un groupe et nous avons déménagé à Paris dans la foulée. Johnny Manning, un autre ami musicien de Londres, a rejoint le groupe et a également déménagé à Paris. Et puis, nous avons eu la chance de croiser la route de ces deux musiciens parisiens, Stéphane Chandelier et Pierre Juarez. Et, pour finir, nous avons rencontré l'excellent producteur français Henry Blanc-Francard qui a accepté de travailler avec nous. Et le groupe était né !

Tu parles d'un passé déjà riche en tant que musicien. Est-ce que ton side-project précédent, Atlantics, est toujours d'actualité ?

Nat Jenkins And The Heart Caves nous prend tellement de temps, que je ne pourrais pas me disperser ailleurs, même si je le voulais. Cependant, j'ai un autre side-project en cours avec Hugh Harris, le guitariste des Kooks. Cela s'appelle Primarys et nous projetons de sortir un single avant l'été. Un projet assez excitant, également... Mais là, tout de suite, Nat Jenkins And The Heart Caves c'est ma priorité absolue.

Mon premier groupe d'adolescents, c'était avec Luke Pritchard vers l'âge de seize ans.

Comment t'est venu cette envie de chanter ou de jouer de la musique ?

Je ne sais pas vraiment. Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu jouer de la guitare. Quand j'ai effectivement commencé à jouer de cet instrument, j'avais neuf ou dix ans. Mon premier groupe d'adolescents, c'était avec Luke Pritchard vers l'âge de seize ans. Nous n'avons pas donné beaucoup de concerts, mais nous avons passé trois ou quatre ans dans la cave à jouer de la musique et à nous entraîner à écrire et composer. Cela a donc toujours fait partie de ma vie, ou presque. Il n'y a pas eu de moment précis où j'ai eu un déclic, c'était là depuis le départ.

Tu écris les textes en premier ou tu composes la musique d'abord ?

Ça varie beaucoup. Pendant des années, j'ai toujours écrit les paroles en premier parce que je me sentais auteur prioritairement et un musicien ensuite. J'ai toujours été attiré par les mots et leurs rythmes dans une chanson. Mais, de plus en plus souvent, les deux viennent à peu près en même temps. Et, ces jours-ci, je me surprends, et c'est sûrement une bonne chose, à composer d'abord et à coller des paroles dessus, ensuite. Peut-être cela vient-il du fait que je suis maintenant accompagné d'un très bon groupe et de très bons musiciens avec les Heart Caves. C'est nouveau pour moi, mais c'est une nouvelle procédure d'écriture et de composition que j'apprécie de plus en plus.

Tu es à Paris pour la prochaine sortie du premier album de Nat Jenkins And The Heart Caves. Y a-t-il un sens caché dans le nom de ton groupe ?

The Heart Caves... Même si, à un certain degré, ce groupe peut être vu comme un projet solo – j'écris les textes et la musique généralement – c'était pour moi un moyen de rendre hommage à ma moitié dans ce groupe, Robbie Heart. Robbie est un élément majeur du groupe et il n'était pas possible pour moi de ne pas le citer dans le nom du groupe.

Le nom de votre premier disque est Now Here This. Peut-on voir cela comme une légère provocation à une époque où les groupes dits rock s'entourent plus de machines et de sonorités numériques que d'instruments dits classiques ?

Je vais être honnête avec toi, je n'avais jamais vu les choses sous cet angle ! Mais, je dois dire que j'aime beaucoup cette interprétation. Je te préviens, je risque de te piquer l'idée et de m'en vanter dorénavant (rires). À l'origine, ce titre vient du fait que nous avons réalisé cet album très rapidement, comparé à d'autres. C'est un sentiment très excitant d'entendre des chansons sortir rapidement de ton esprit et être enregistrées aussi rapidement, avec une ou deux prises à chaque fois, presque dans des conditions de live. Et ce que tu entends sur l'album, c'est quasiment ce que nous avons joué en studio, presque sans arrangements. Now Here This définit l'immédiateté et l'assurance que ce que nous créons sur disque, c'est ce que nous avions en tête. Mais, définitivement, je préfère ta version (rires) !

Qu'entends-tu par rapide ? Combien de temps vous a pris Now Here This à écrire ?

Pour être exact, certains des titres comme Lost And Lonely et Record Spins ont été assez longs à écrire. Mais, en dehors de ces deux-là, nous avons tout écrit en six mois, à peu près. Les titres East And West et Home ont été écrits en quelques jours, à peine.

Où s'est déroulé l'enregistrement ?

Ici, à Paris. Dans le studio de Henry Blanc-Francard où nous adorons jouer. D'ailleurs, nous avons déjà commencé à travailler sur notre deuxième album avec lui. Mais, nous avons par exemple enregistré East And West à Londres, au studio de Tony Visconti, Dean Street. Un endroit magnifique où nous avons ressenti tout l'honneur qui nous était fait en prenant conscience de tous les grands artistes qui étaient passés par là. En fait, nous avons fait pas mal d'aller-retour Paris Londres pour ce disque.

La première fois que nous avons joué ensemble, Robbie et moi, c'était pour la date anniversaire de la naissance de Joe Strummer !

Vous travaillez avec deux des plus grands producteurs de la planète rock en la personne de Mick Jones et Chris Kimsey (Rolling Stones)...

Travailler avec Mick Jones est un honneur. Je ne l'ai pas vu depuis longtemps maintenant, et je le regrette. J'espère le contacter dès que je retourne à Londres. C'est un mec bien et un grand artiste ; j'étais un fan de The Clash, bien avant de le connaître. Et avoir la chance de travailler avec lui, c'était comme un rêve de gosse pour moi. Chris Kimsey, je l'ai rencontré il y a quelques années maintenant ; il a toujours été comme un mentor pour moi. C'est un homme très gentil qui a une expérience massive du rock. Nous avons travaillé avec lui dans les ruines de l'Olympia studio à Londres où il enregistra des albums mythiques pour les Rolling Stones, The Who ou Cat Stevens. Il y a débuté en tant qu'ingénieur du son, puis est rapidement devenu producteur de certains disques de ces groupes légendaires. Pendant la déconstruction et les travaux qui avaient lieu dans l'Olympia Studio, Chris s'était aménagé un mini studio en sous-sol. Il était comme un réfugié au milieu des poussières soulevées par les marteaux piqueurs et autres coups de pioches ! C'étaient des conditions assez uniques et très marquantes pour nous. Mick, je l'ai rencontré à l'occasion du festival annuel, Strummerville. Robbie et moi connaissons assez bien les enfants de Joe Strummer et c'est par ce biais que nous avons pu nous rapprocher de Strummerville. La première fois que nous avons joué ensemble, Robbie et moi, c'était pour la date anniversaire de la naissance de Joe Strummer ! Je crois que nous avions joué Police And Thieves des Clash et comme ce concert s'est très bien passé, nous avons pu ensuite aller jouer à Glastonburry pour une très courte représentation. Mick Jones tenait là-bas un stand où il animait une librairie qui s'appelait Rock & Roll Library. C'est une collection de livres sur le rock et la musique en général. Mick est un collectionneur compulsif qui a amassé des trésors : toutes ses guitares, ses costumes de scène, des disques par milliers... tout ce qu'il aime il le stocke dans une petite pièce là où il a maintenant son petit home studio. Je crois qu'il travaille avec des amis à moi en ce moment : Kitty Daisy And Lewis. Il produit leur album. Un grand artiste qui en inspire beaucoup d'autres.

Ce premier album, Now Here This est déjà sorti en Angleterre, fin 2013. Il sortira en France en avril prochain. Je crois que l'accueil des médias en Angleterre a été plus que positif ?

C'était incroyable ! Toutes les stations de radio que nous aimons ont programmé nos singles et les articles ont été très élogieux. Mais nous avons été un peu plus mitigés sur l'accueil en France, où nous vivons, pourtant. Il semblerait que les radios ne nous connaissent pas encore très bien. En ce moment, nous sommes en train d'enregistrer notre deuxième album à Paris et il est important pour nous de faire notre trou en France avec nos premiers titres. Je sais que l'album n'est pas encore officiellement sorti ici, mais j'espère que le concert de ce soir avec Radio Nova, notamment, nous fera un peu plus connaître. En concert, l'accueil du public est génial, donc il ne devrait pas y avoir de raisons pour que cela ne continue pas avec les radios ou la presse françaises.

Vous êtes signés sur Camouflage Records. Est-ce vous qui êtes allés vers eux, ou eux qui sont venus vers vous ?

J'ai rencontré Joseph Hutchinson, qui gère le label, à l'époque où il jouait dans le groupe Où Est Le Swimming Pool. C'est un groupe que je fréquentais et, tragiquement leur chanteur, qui était un ami commun, est décédé soudainement. Après un concert où Joseph, le clavier du groupe fut mal réceptionné dans un crowd diving et où une jeune fille du public fut gravement blessée avec lui, Charles Haddon fut tellement marqué et désorienté en voyant cette jeune fille blessée que, quelques heures après, il a sauté d'une tour de vingt mètres de haut, sûrement sonné par l'accident précédent. Il en est mort. Une sorte de suicide qui n'en n'était pas un. Quelques temps après, Joseph a créé le label Camouflage Records. C'était déjà un bon musicien et il est devenu un très bon dans le business de la musique. Quand il est venu à notre rencontre, il avait déjà signé de magnifique folk artiste londonien nommé L.A Salami qui, à mon avis, fera parler de lui très prochainement. Son label possède cet esprit qu'avait, par exemple le label Stiff Records dans les années soixante-dix, quatre-vingt. Être sur un label indépendant comme Camouflage, c'est l'assurance de faire selon nos désirs, de produire les chansons que nous voulons et, de plus, nous sommes tous amis et cela ne gâche rien à l'affaire.

Le titre East And West a été entendu des milliers de fois en France sur Youtube grace au spot publicitaire pour la marque Peugeot à laquelle elle a été vendue. Est-ce que tu penses que les artistes d'aujourd'hui n'ont pas d'autres choix que de s'exposer sur différents supports afin de pouvoir survivre ?

Absolument. Mais pour être tout à fait honnête avec toi, je me suis toujours méfié des groupes qui vendaient leurs titres à des pubs ! Et voilà que nous le faisons nous-mêmes (rires). Nous avons accepté, premièrement parce que nous avons trouvé cette pub vraiment cool et deuxièmement parce qu'en tant que groupe, tu sais combien il est difficile de gagner de l'argent quand tu débutes. À notre époque, peu de groupes peuvent se permettre de refuser une telle offre. Il est fini le temps où tu allais en studio, enregistrais un disque, mettais en route quelques tournées et pas plus. Aujourd'hui, comme tu l'as dit, tu te dois de devenir un artiste multimédia pour survivre dans ce milieu.

Je n'ai aucun problème avec des plateformes comme Spotify ; je trouve même que c'est un excellent outil pour la musique.

Tu penses que cela est lié au téléchargement illégal sur Internet ou le problème est ailleurs ?

Oui, j'imagine que ce problème est lié au téléchargement, en partie. Mais, la vérité, c'est que la crise mondiale touche tout et tout le monde ; donc nous sommes tous baisés de toute façon (rires) ! Je n'ai aucun problème avec des plateformes comme Spotify ; je trouve même que c'est un excellent outil pour la musique. Il ne faut pas perdre de vue que de plus en plus de gens stream notre musique et je suis, moi-même, un grand utilisateur de ces outils. Ça me permet de découvrir beaucoup de nouvelles musiques. Sur beaucoup de plans, je trouve que l'époque est quand même excitante avec Internet. Disons que c'est à la fois une chance et une menace pour les artistes.

Vous êtes parmi les plus parisiens des londoniens. Comment et pourquoi avez-vous déménagé à Paris ?

Nous avons emménagé à Paris, il y a à peu près un an. D'abord Robbie et moi, lorsque nous avons démarré notre collaboration avec Camouflage Records. Je suis né à Londres, j'adore Londres, mais nous avions besoin de nouvelles aventures et d'aller voir ce qu'il se passait ailleurs qu'en Angleterre. Finalement, cela a dépassé nos attentes. Et, avec le tunnel sous la manche, nous pouvons être à Londres en quelques heures. Cela nous permet de rester connectés à l'Angleterre, donc c'est parfait pour nous.

Le registre de Nat Jenkins And The Heart Caves est large tout en restant sur les bases fondamentales du rock. East And West ou Home explorent l'héritage laissé par Bob Dylan, Pulp ou The Clash. D'où viennent tes influences ?

Les artistes que tu viens de citer sont parmi les plus référents pour nous, tu as la réponse dans ta question, je pense (rires). Je suis un énorme fan de Bob Dylan, notamment pour l'écriture. J'ai toujours été un grand amateur des Clash, même avant de rencontrer Mick Jones. J'ai toujours écouté du rock des origines, des années cinquante à nos jours et cela ne m'a jamais semblé être une musique ancienne ou passée à mes oreilles. C'est comme si ces titres avaient été enregistrés hier ! Ceci dit, notre volonté a toujours été de faire en sorte de rendre ces genres modernes et de tenter de les revisiter. Sûrement parce que nous écoutons également beaucoup de musique actuelles comme Arcade Fire et leur dernier album que j'écoute en boucle. Nous tentons de relier les musiques actuelles aux racines du rock classique ; ce qui est la base pour moi. Et je cherche à ne jamais m'éloigner du son rock des origines.

Quand tu écris les textes, tu t'inspires d'histoires vraies, de récits que tu as lus ?

Je suis un gros lecteur de nouvelles et de romans, mais je ne me sens pas inspiré par ces livres au point d'en tirer des phrases ou des histoires... si cela fait sens. Je crois que quoi que tu fasses dans ta vie, que ce soit concret ou inspiré, influence tes choix dans l'écriture. Je crois à l'écriture inconsciente ; il ne faut pas trop réfléchir à tout ça quand tu as une chanson en tête. Souvent, j'enregistre mes idées sur un dictaphone quand une chanson me vient en tête et quand je réécoute après un certain temps, je suis surpris moi-même par les idées que j'ai jetées sur la bande ! Je marche beaucoup sur les premières idées et les premiers jets, même quand ceux-ci n'ont pas, immédiatement de sens logique. C'est un peu ce que faisaient les poètes de la beat génération comme Kérouac ou Ginsberg, que j'adore. Et puis, il y a les textes plus directs et plus réalistes comme East And West, par exemple. Souvent, on vient vers moi avec l'idée que ce titre est très politique ou très revendicateur. Cela m'honore, mais pourtant, je me souviens l'avoir écrit à quatre heure du matin en quittant une fête privée avec un ami, complètement défoncé et m'être dit : "Tu prends est et moi je prends ouest !". C'est débile parfois, non (rires) ?

Allen Ginsberg, Jack Kerouac... les premiers artistes punk selon l'histoire ?

Absolument ! Allen Ginsberg est devenu, plus tard, un énorme fan du mouvement punk. Il a suivi les tournées des Clash, notamment à New York dans les années quatre-vingt. Et il a écrit un poème superbe nommé Punk ! C'est un texte hautement érotique, je pense qu'il aurait aimé avoir une aventure sexuelle avec tous ces garçons qui jouaient de cette musique (rires). Tu as raison, ces gars étaient les premiers punk !

Dans ta famille, on joue de la musique ?

Pas du tout. Aucun. Ce sont tous des écrivains ! Je crois être le premier de ma famille à avoir jamais joué d'un instrument. Une grosse surprise pour eux comme tu peux l'imaginer.

Vous avez assuré les premières parties de groupes comme, Mumford And Sons et vous vous apprêtez à partir en tournée avec The Kooks. Êtes-vous des amis de longue date ?

Mumford And Sons... C'est triste, mais je n'ai jamais revu ces gars-là. Ils sont devenus des artistes stratosphériques et inaccessibles, j'en ai peur. Sauf l'été dernier où nous nous sommes recroisés dans un festival prés de Brighton ; nous avons bu un verre. Ils sont devenus des méga stars dans le monde entier. Mais je les aime bien... Je me souviens les avoir rencontrés, comme j'ai rencontré notre claviériste, Johnny Manning, lors d'une étrange tournée que nous avons faite sur le toit d'un bateau sur la Tamise. Nous avons vécu sur ce bateau pendant deux semaines, allant de ville en ville par le fleuve. Nous donnions des concerts du toit du bateau ou dans un champ ou encore dans les pubs qui voulaient bien de nous. Il y avait là les Mumford And Sons, Justin des Vaccines, Johnny, moi-même... Parfois, cela se terminait en fêtes et beuveries et nous nous faisions chasser par les autochtones qui nous ordonnaient de ne jamais revenir et regagnions le bateau en courant... Très sympa comme souvenirs (rires) ! The Kooks, je les connais depuis toujours. Luke Pritchard et moi étions à l'école ensemble depuis la petite enfance. Nous avons joué très tôt de la musique ensemble et j'ai tourné avec eux en Amérique et en Europe. Et puis, j'ai un side-project avec Luke. Il sera le guitariste et nous devrions être sur la route à un moment donné cette année. Je ne peux pas t'en dire plus pour le moment. Mais ça va être super bien !

Le premier vidéo clip d'un titre tiré Now Here This, à savoir Home, présente l'histoire surprenante de deux retraités qui s'échappent de leur maison de retraite pour aller faire la fête et dont l'un des deux fait une crise cardiaque à la fin. Je crois que clip a été tourné en Belgique. Pourquoi ce choix ?

C'est une petite ville nommée Musson. Pour être honnête, nous avons laissé carte blanche à ces deux réalisateurs nommés Allen & Smithee qui sont belges et habitent près de cette petite ville que l'on voit dans le clip. Ils nous ont présenté ce story-board que nous avons adoré, mais jamais je n'aurais pu imaginer que ce titre aurait pu s'écouter et se réaliser sur un scénario pareil ! Je me suis rendu sur place un petit moment quand ils tournaient et j'apparais même à un moment : c'est moi le barman qui sert des bières dans le pub ! Tout ce que j'ai eu à faire, c'est d'aller là-bas et me saouler, c'était très sympa (rires). J'adore le résultat, mais ça m'a rendu triste que le gars meure à la fin...

C'est fantastique de pouvoir se lâcher de la sorte et de ne rien retenir. Je pense que c'est une forme de thérapie pour tous les artistes de toute façon.

Quand tu montes sur scène, quels sont les sentiments qui t'habitent ? Est-ce que tu te transforme comme tes aînés et deviens explosif et sauvage quand la foule est devant toi ?

Oui ! C'est un putain de feeling. C'est fantastique de pouvoir se lâcher de la sorte et de ne rien retenir. Je pense que c'est une forme de thérapie pour tous les artistes de toute façon. Tu oublies tous tes soucis et tu laisses exploser ce que tu as de plus animal en toi. C'est vraiment un relâchement total dans le seul but de t'amuser. Je pense que cela fait peur à certains, mais moi j'adore ça ! Spécialement avec mon groupe et mes amis sur scène.

Vous avez participé au SXSW à Austin. En tant que festival ultra axé sur le business de la musique, est-ce que cela vous a apporté quelque chose ?

Non (rires). Rien du tout ! Mais c'était une super expérience et on a bien fait la fête ! Je sais que SXSW est un endroit important pour les lancements de groupes – merde, je ne devrais peut-être pas te dire tout ça en interview (rires) – mais nous nous n'étions pas vraiment là pour ça. Nous avions notre tournée payée et avons passé de super moments tous ensemble dans notre maison louée pour l'occasion. Nous avons vu beaucoup de concerts et nous avons même fait du tourisme en partant, en stop d'Austin jusqu'en Californie. Si le festival en lui-même est très intéressant, croire que l'on va sortir du SXSW en étant reconnus ou entendus par les majors ou les labels, c'est très peu probable. Il y a là des centaines et des centaines de groupes et pour la plupart d'entre eux, ce qui n'était heureusement pas notre cas, ils dépensent des grosses sommes d'argent pour y participer et repartent souvent déçus des espoirs qu'ils mettaient dans leurs investissements. Si je peux donner mon avis à ces groupes, qu'ils essaient plutôt de se dégoter un concert dans une proche banlieue de New York, là où il ne se passe rien et où ils seront sûrs que tout le monde ira les voir. Pas là où il y a des milliers de concerts différents sur plusieurs jours. C'est génial quand tu es public ou invité à aller voir jouer des groupes et l'animation qu'il y a en ville, mais ce n'est pas spécialement un endroit pour lancer une carrière !

Hier soir, vous étiez invités à Radio France pour un passage dans le Mouv et vous avez joué une reprise de Baxter Dury (Isabel). Pourquoi ce choix ?

J'adore Baxter Dury ! Je le trouve tellement sous-estimé en Angleterre... Mais j'ai entendu qu'en France il avait eu beaucoup de succès ?

Il a été plus que bien accueilli avec l'album Happy Soup et dans chaque concert ou festival en France...

J'en suis vraiment content, il le mérite amplement ! En Angleterre, il n'a pas eu l'accueil qu'il méritait alors que son dernier album est brillant. Et particulièrement le titre Isabel que nous allons également jouer ce soir pour la session des Nuits Zébrées de Radio Nova au Pop-Up de Label. On adore ce titre. C'est vraiment un des artistes les plus sous-estimés d'Angleterre de nos jours.

Quand tu auras des enfants et qu'ils seront en âge, quel sera le premier titre que tu leur feras écouter ?

Quelle bonne question. C'est la première fois qu'on me demande ça ! Personnellement, le premier titre dont je me souvienne en tant qu'enfant – je devais avoir trois ou quatre ans – c'est Hi Ho Silver Lining par Jeff Beck. J'adorais cette chanson. J'ai longtemps pensé qu'il s'agissait d'un titre sur les cow-boys... Et puis j'ai grandi et réalisé qu'il s'agissait d'un titre sur les filles et la drogue (rires) ! Peut-être que cela ne sera pas vu comme un compliment pour les Beach Boys, que j'ai beaucoup aimés également, mais je pense que je leur jouerai cela, Bob Marley et Jimmy Cliff.

Tu emportes de la musique quand tu pars en tournée ? Des titres qui te sont essentiels et que tu as toujours avec toi ?

Exact. J'ai toujours avec moi un titre de Jimmy Cliff, You Can Get It If You Really Want It. Sur la dernière tournée, je crois que nous avons écouté ce titre quelque chose comme cinq fois par jour ! Il y a peu de chansons qui peuvent faire danser des gars entassés dans un van en attendant d'arriver à la prochaine ville (rires). Tu écoutes cela, et tout va bien !