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Glass Animals

Paris, Cigale - 13 novembre 2014

Live-report par Mélodie

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Depuis de nombreuses années, le mois de novembre parisien n'est plus synonyme uniquement de grisaille et de déprime grâce au festival les inRocks Philips, nous servant la crème de la crème des groupes pop, rock et électro du moment. Ce soir, la Cigale se drape d'un son rock électronique avec une affiche plutôt alléchante : The Shoes, Chet Faker, Glass Animals et Seinabo Sey.

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La soirée s'ouvre sur une nouvelle pépite du grand nord. On connait la Suède comme étant un vivier de talents. Le festival les inRocks Philips nous en présente un nouveau : Seinabo Sey. Cette jeune suédoise d'origine gambienne combat la grisaille parisienne avec une pop-soul qui capte tout l'auditoire. Dotée d'une voix incroyable à mi-chemin entre celles d'Amy Winehouse et d'Adele, Seinabo Sey nous régale d'un set beaucoup trop court. Toute timide, elle semble étonnée de tout l'engouement qu'elle suscite. Il faut dire que la salle (quasi vide au début) s'est très vite remplie et que ses tubes Younger et Hard Time sont ovationnés. En somme, Seinabo Sey ouvre le bal de la plus gracieuse des manière. Son premier album, For Madeleine, devrait en conquérir plus d'un.

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Après la parenthèse suédoise, il est temps de retourner du côté des british avec un groupe qui fait de plus en plus sensation : Glass Animals. D'ailleurs, bien qu'ils ne soient pas la tête d'affiche de ce soir, la plupart des gens sont venus pour les voir eux en particulier. Il faut dire que leur pop tropicale est un vrai bonheur pour les oreilles. A l'écoute de Zaba, leur excellent premier album, on ne peut que tomber complètement amoureux de ce mélange de sonorités et de genres musicaux. On se demande si Glass Animals réussiront, autant qu'ils y sont parvenus sur leur album, à nous donner l'illusion d'être dans une jungle luxuriante où la faune et la flore sont en abondance. Dave Bayley, le chanteur, semble plutôt bien parti pour. Il a une démarche et une allure tout à fait féline. Parfois, on dirait même qu'il proclame des incantations, comme le ferait un chaman, tant on le voit gigoter dans tous les sens. Le groupe nous offre un concert sans pareille, beaucoup trop court, et très léger. Davec Bayley nous fait sourire à un moment en annonçant qu'il s'agit d'un concert très important car sa mère est dans la salle. Un peu avant la fin du set, Glass Animals revisitent une chanson de Kanye West, Love Lockdown. Une très bonne reprise fidèle à leurs univers. Timidement, les hanches commencent à se balancer de droite à gauche et les bras à se lever. Le public, plutôt difficile, commence tout juste à épouser les sonorités du groupe anglais. A point pour leur dernière chanson, et pas des moindres, leur single Pools. Un vrai délice. On en voudrait encore et encore, mais les lumières se rallument déjà et il faut penser à la suite. Et quelle suite ! C'est le grand Chet Faker qui est chargé de nous consoler.

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On continue notre tour du monde, et après le Royaume-Uni, direction l'Australie avec le crooner des temps modernes Chet Faker. Il est manifestement l'un des plus attendus de la soirée. Et pour cause, son premier album, Built On Glass, a été très longtemps attendu mais s'est avéré encore meilleur que ce à quoi on pouvait s'attendre. Son dernier passage à Paris avait enflammé la Maroquinerie d'un concert à marquer dans les annales. Ce soir, le challenge est plus grand. Une plus grande salle, un public de festival, qui n'est pas forcément venu pour lui, de quoi faire un peu peur au timide australien. Il arrive sur scène, tout gêné, dans sa chemise blanche fermée jusqu'en haut comme le ferait un bon élève, large barbe rousse et cheveux noués en chignon. Mais timide, Chet Faker ne l'est pas lorsqu'il est derrière sa console. Car Chet Faker est un véritable artiste qui cisèle des mélodies électro de A à Z qui nous brisent le cœur ou nous électrisent tout le corps. En revanche, ce soir, la magie n'est pas autant au rendez-vous qu'à la Maroquinerie. Le début du set se passe sans encombres jusqu'à ce qu'il n'accueille sur scène deux musiciens, l'un à la batterie et l'autre à la guitare pour l'accompagner. Mais Chet Faker loin de sa console ou de son piano, est-ce bien raisonnable ? Il faut croire que non car, même si on ne peut nier la pertinence de chacune de ses chansons, il faut avouer les frissons auxquels on s'attendait ne sont pas là. Mais une autre chose vient gâcher notre plaisir. Le public lui-même. Il semble que la plupart des personnes sont venues, non pas pour écouter les concerts, mais pour discuter bruyamment, faisant fi de ce qui se passe sur scène ou des incessants « chut » soufflés à leur encontre. Le plaisir refait son apparition lorsque Chet Faker retourne à ses instruments pour interpréter entre autres, No Diggnity ou Drop The Game (un des moments les plus forts et qui réussi à faire taire les bavards). L'australien nous offre un dernier moment de grâce en interprétant au piano Talk Is Cheap, dans le noir, illuminé seulement par une faible ampoule. Malheureusement, les bavards ne se taisent toujours pas, et malgré les réflexions, Chet Faker jouera son tube dans un brouhaha, comme un jeune premier dont on se moque complètement. Pas étonnant qu'à la fin, il s'échappe rapidement après un timide « Thank you ».

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Pour clore cette troisième soirée parisienne du festival les inRocks Philips, on retourne du côté de la France et plus particulièrement de Reims avec The Shoes. Mastodonte de l'électro-rock français, le groupe prend le risque de présenter son prochain album, prévu pour 2015. D'ailleurs, fidèle à son image un peu déjantée, le groupe a fait la promotion de cet album d'une manière très spéciale. Devant la Cigale, des hommes en combinaison blanche et masque, distribuaient des boîtes de médicaments, façon gélules, avec des smarties et des bonbons à l'intérieur, marqués d'une étiquette avec les informations de leur prochain album. Plutôt original.
Ce soir, The Shoes nous ont donc présenté tout leur album Chemicals. Au total, trois chanteurs différents sont venus sur scène dont Esser (déjà entendu sur Crack My Bones), Thomas Azier, le petit chouchou de Woodkid, et Sage (chanteur de Revolver). Il faut relever la performance de Thomas Azier qui aura bluffé par sa capacité à nous faire passer du chaud au froid, alternant douceur et notes électrisantes. L'autre petit plaisir de la soirée vient avec le titre Stay The Same, sur lequel on peut entendre la fameuse introduction de Born Slippy d'Underworld. Malheureusement, une fois encore, le public n'est pas très discipliné et le duo rémois peine à captiver comme il se devrait toute la salle. Il faut attendre seulement le tube Time To Dance pour sentir le plancher plier sous le poids de la la fosse qui saute et danse jusqu'à plus pouvoir. Un peu tard, dommage.

De la soirée, on retiendra le manque d'ardeur et de respect du public pas franchement mélomane, les belles prestations de Seinabo Sey et Glass Animals, la timidité de Chet Faker qui n'aura malheureusement pas proposé sa meilleure prestation, et l'électrique final de The Shoes.

Photographies : ©Valentin Chemineau